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200 MPH à l'heure au MIS

Rusty Wallace était au volant

texte de Denis Duquet

22 mars 2022

À une certaine époque, Chevrolet ainsi que toutes les divisions de General Motors invitaient  les journalistes au mois de juillet afin d’essayer des modèles de la nouvelle année. La grande majorité du temps, cet événement se déroulait dans la région de Detroit et généralement à la piste d'essai de Milford à environ 75 km de Detroit.  

Mais, pour souligner l'arrivée des nouveautés 1989, cette division avait décidé de nous inviter à la piste ovale Michigan International Speedway, un imposant complexe de course automobile accueillant généralement des courses de NASCAR. 

En tant que journaliste désireux de faire l’assai de nouvelles voitures, c'était loin d'être idéal. Au chapitre de la conduite, on empruntait une  courte piste d'essai située au centre de l’ovale . Ce circuit était passablement inutile, étant définitivement trop court et mal conçu. Il était toutefois possible de quitter le circuit pour circuler sur les routes avoisinantes, mais c'était en convoi etdevant suivre une voiture pilote. Et, pire encore, l'itinéraire choisi était inutile ou presque. 

Il y avait bien différentes présentations des nouveautés techniques, la possibilité de parler avec des ingénieurs ou des dirigeants de la division, mais cela ne justifiait pas le déplacement. 

Heureusement, on avait invité Rusty Wallace, un pilote NASCAR extrêmement populaire qui connaissait beaucoup de succès. Mieux encore, on avait aménagé sa voiture de course afin de pouvoir accueillir un passager en y installant un siège à la droite du pilote. Il s'agissait d'un baquet de course doté de ceintures de compétition afin de permettre de  rouler sur la piste ovale à haute vitesse. 

Comme il n'y avait presque rien d'autre d'intéressant à faire, j'ai été le premier à me mettre en ligne pour avoir la chance de faire un tour de piste avec Rusty. Comme la plupart des pilotes NASCAR, il était très gentil et très affable. Il avait un sourire en coin lorsque j'ai réussi avec plus ou moins d'élégance à prendre place dans la voiture en pénétrant par la fenêtre. Un technicien a ensuite bouclé ma ceinture et avant de lancer le moteur, Rusty m’a demandé à quelle vitesse je désirais qu'il effectue les tours de piste. Je lui ai répondu que c'était à lui de décider. 

Il a alors lancé le moteur et nous sommes partis sur l'ovale. L'exercice devait comprendre quatre tours, soit un de réchauffement ,deux à haute vitesse et un autre en mode ralentissement, communément appelé« cool down lap ».

Dès le premier tour de roues, l'accélération a été relativement importante. Il est vrai que ces grosses berlines sont assez lourdes et n’accélèrent pas aussi rapidement qu'une formule Indy par exemple, mais une fois qu'elles ont atteint leur vitesse maximale elles dépassent aisément les 200 MPH ( 320 km/h) sur la ligne droite. 

Et c'est justement la vitesse atteinte lors des deux tours rapides. C'est toute une sensation lorsque vous êtes assis dans le siège du passager et que la voiture longe le mur à cette vitesse. C'est assez hallucinant comme expérience, mais grisant à la fois. Il faut toutefois avoir une confiance absolue dans le pilote. 

Je me suis rendu compte de la vitesse élevée à laquelle nous avions roulé lorsque lors du quatrième tour, Rusty a levé le pied et dirigé la voiture sur la partie inférieure de la piste pour rentrer calmement dans les puits. J’avais l’impression que nous étions immobiles. 

Mais ce n'était pas calme dans la ligne des puits. En effet, à notre arrivée, deux  responsables de Chevrolet sont arrivés à la course, passablement énervés. « Are you fucking crazy ? You were not supposed to go faster than a hundred miles per hour !.You went twice as fast”. Bref, ces messieurs n'étaient pas contents. 

Rusty n'était nullement désemparé par leur attitude et s'est retourné vers moi en leur disant: « Denis a semblé apprécié ». Et puisque j’arborais un large sourire, cela confirmait ses dires. 

Ce fut la seule fois dans ma carrière où j'ai roulé aussi rapidement sur un circuit ovale. Ce fut somme toute la seule expérience positive de cette journée de présentation des modèles Chevrolet.