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Conduite sportive urbaine

par Denis Duquet

13 janvier 2018

Pas besoin de la Formule E

L’ancien maire Denis Coderre tenait mordicus à avoir une course automobile dans les rues de Montréal et il a concrétisé son projet avec la dorénavant controversée course Formule E dont le financement sulfureux et les désagréments urbains l’ont rendu fort impopulaire. En effet, le dossier était si nébuleux et coûteux, que Valérie Plante, la nouvelle mairesse, a décidé de « tirer la plug » sur l’événement même s’il y avait quelques années au contrat.

Mais que ceux qui ont apprécié cette course automobile dans les rues de Montréal se rassurent, celle-ci demeure toujours, et ce sur une base quotidienne. En effet, pas besoin de faire venir des écuries étrangères et bloquer une partie du réseau routier montréalais pour voir des adeptes du volant nous démontrer leur expertise.

En effet, il s’agit de rouler tous les jours dans les rues et autoroutes de la grande région métropolitaine pour être témoin des « Exploits » de nos as du volant. En effet, peu importe le modèle de voiture, ces champions de la conduite écervelée se manifestent partout sur le territoire. On roule nettement au-dessus des limites de vitesse. Par exemple, l’autre jour, en roulant sur l’autoroute 40 en direction ouest, ma voiture a été doublée par la droite par un automobiliste qui roulait au moins à 120 km/h et il circulait sur la voie de service ! Si vous ne le savez pas encore, il s’agit d’un délit de très grande vitesse qui aurait entraîné la confiscation de son véhicule, une perte considérable de points et que sais-je encore.

Outrepasser les limites de vitesse est un geste quotidien pour la grande majorité des automobilistes, mais cette infraction est généralement assez modeste sur le plan de la vitesse. En général, on se contente de rouler une vingtaine de kilomètres plus rapidement que la limite affichée. Mais il y en a qui semblent avoir une godasse de plomb au pied droit et qui ne peuvent s’empêcher de rouler pratiquement au double de la vitesse affichée. Il faut également ajouter les « winners » qui se croient au-dessus des lois et même des règles de la physique.

Si seulement la vitesse était en cause, ce serait à demi mal. Mais ce qui est encore plus dangereux, ce sont les personnes qui zigzaguent à travers le trafic. Non seulement ils roulent comme des malades, mais ils se foutent éperdument de leur environnement routier. On les voit doubler par la droite, pour revenir vers la gauche pour ensuite retourner à droite. Ils zigzaguent constamment tout au long du parcours, car ils ne peuvent endurer quelqu’un devant leur voiture. Et généralement, tout ceci se fait à des vitesses élevées. Il y a également ceux qui suivent de très près, qui s’impatientent, qui gesticulent et qui ont un comportement agressif et j’en passe.

Malgré tout, on est généralement conditionné et on peut prévoir en général le comportement des autres. On sait par exemple que tel conducteur en raison de sa vitesse et de son agressivité devrait nous couper le chemin à la dernière minute.

Et ce comportement agressif et quasiment sportif sur nos routes n’est pas uniquement l’apanage de la métropole. Et dans plusieurs grandes villes au monde, on remarque le même comportement agressif et parfois dangereux. Quant à Montréal, on est dans les ligues majeures à ce chapitre.

Somme toute, pour les amateurs d’émotions fortes, pas besoin de faire venir des formules électriques dans les rues de Montréal, il suffit tout simplement de conduire dans la grande région métropolitaine. Et pas besoin de donner des billets gratuitement.