Je ne suis pas un embrasseur d’arbres ou un écologiste à tout crin, mais lorsque j’ai appris il y a quelques années que la division Dodge allait insérer un moteur V8 de 6,2 litres à compresseur produisant plus de 700 chevaux sous le capot du Dodge Challenger, j’ai été estomaqué. Alors que toute la planète s’interroge quant au futur du climat, que les grands constructeurs planchent pour développer des voitures hybrides, électriques et même à hydrogène, voilà un constructeur s’amusant à produire l’excessif.

Une fois revenu de mes émotions, en parcourant ma documentation, j’ai réalisé que ce constructeur n’était pas le seul fautif et que plusieurs grands constructeurs, dont Ferrari et McLaren, pour ne nommer que ceux-là se sont amusés eux aussi à produire des bolides produisant plus de 700 chevaux.

De plus, dans le cas du Dodge, on parle d’émotions fortes presque à bas prix. Du moins si on compare le prix du Challenger ultra musclé par rapport à ses concurrents de haut de gamme dont le prix est quasiment astronomique.

Il ne faut pas oublier non plus que Jeep utilise la même motorisation dans le modèle TrackHawk. Mais, cette fois, la puissance est limitée à 707 chevaux comparés aux 797 équidés du Redeye.

Il est vrai que sur le plan logique, ces décisions sont difficiles à défendre. Cependant, on nous réplique que c’est le développement logique de la technologie des nouveaux moteurs et des systèmes de suralimentation. Mais en plus, pour gérer toute cette puissance, il faut une transmission capable d’accepter ce couple et cette puissance.

Il arrive parfois que ces bolides super musclés ne soient pas tellement bien fignolés, du moins chez certains constructeurs nord-américains. La voiture est brutale, la progressivité des accélérations quasiment inexistante et la tenue de route sont davantage de nature à vous conduire au cimetière plutôt qu’à votre destination. De plus, malgré un débordement de puissance, la grosse cylindrée qui anime ce bolide est parfois assez fragile.

Les ingénieurs de FCA et de la division Mopar, pour leur part, ont effectué un travail extraordinaire tant au chapitre de l’homogénéité, du rendement et même de la durabilité. Lorsqu’on conduit un Dodge ou une Jeep équipée de ces moteurs d’enfer, la conduite est aussi docile que si on avait un moteur de puissance normale au bout de l’accélérateur. Mais dès que notre pied droit s’active et enfonce la pédale avec le plus d’agressivité, le « Diable s’en mêle » avec des accélérations tonitruantes et un gros V8 qui rugit sans réserve sous le capot.

De plus, la fiabilité n’est pas en cause. J’ai participé à une séance d’essai de l’un de ces bolides sur une piste de course, et après plusieurs heures de torture, aucun de ces bolides n’avait manifesté aucun signe de faiblesse aussi bien au chapitre du freinage que de la mécanique.

En résumé, il est certain que la mise au point de moteurs aussi puissants est nettement à contre-courant par rapport aux tendances actuelles et aux préoccupations écologiques quant à l’avenir de la planète. Si on peut y trouver quelque chose de positif, c’est que ces bolides sont produits en petite série qu’il s’agisse de ces puissantes américaines ou des raffinées anglaises ou italiennes dont la production se compte par centaines au maximum.

Il faut toutefois être impressionné par cette mécanique en mesure de développer des centaines de chevaux tout en respectant les normes antipollution en vigueur de nos jours. Cependant, et c’est là ce qu’il faut espérer, on est en voie de développer des voitures à propulsion électrique qui seront encore plus rapides que ces bolides actuels et dont le niveau d’émanations de gaz à effet de serre sera de zéro.

Enfin, mauvaise nouvelle pour les amateurs de sensations fortes, il semble que les futures voitures autonomes font automatiquement respecter les limites de vitesse affichées. Ils auront le temps de consulter leur tablette électronique ou de visionner un film lors de leurs déplacements.