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Et s’il y avait une auto électrique québécoise?

Un billet d’Éric Descarries

photo Lion Électrique

29 janvier 2021

L’histoire de la construction automobile au Québec se résume qu’en quelques mots. En effet, alors que nos amis ontariens réussissaient à attirer plusieurs constructeurs de renom chez eux (dont certains y sont depuis le début du siècle dernier), les Ford, GM, Chrysler, Honda, Toyota et autres, au Québec, il y aura eu Renault (avec ses usines SOMA de Renault R-10), GM (le plus productif avec sa grande usine de Sainte-Thérèse maintenant démolie) et Hyundai (avec une usine éphémère à Bromont). On pourrait aussi mentionner PACCAR qui assemble toujours des camions Kenworth et Peterbilt à Boisbriand. Autrement, le Québec est surtout reconnu pour construire des semi-remorques (avec une dizaine d’entreprises dans la province incluant l’imposante Manac) et des véhicules récréatifs dont, bien entendu, ceux de Bombardier. Outre cela…rien sauf pour quelques petits artisans.

Quoique…Depuis les quelques dernières années, la petite usine d’autobus scolaires électriques Lion vient de se lancer dans la production de camions aussi électriques ce qui nous démontre qu’au Québec, il pourrait être possible de construire des autos et des camionnettes électriques.

On est loin des années soixante où il fallait presque des fonderies pour produire des autos. Mais aujourd’hui, l’industrie automobile a bien changé. On les appelle des «constructeurs» et ce n’est pas pour rien. À l’époque, les grands noms de l’automobile faisaient tout. Si vous lisez l’histoire de la compagnie Ford, vous y apprendrez que celle-ci produisait même ses pièces de caoutchouc voire même son métal avec ses propres bateaux apportant du minerai sur les Grands Lacs à ses fonderies du Michigan.

Ce n’est plus pareil aujourd’hui. Les «constructeurs» font appel à des fournisseurs, que ce soit pour des pièces mécaniques, les glaces, les boîtes de vitesses et autres. Certains font même «couler» leurs moteurs dans d’autres pays avant de les «finir» en Amérique ou ailleurs.

Actuellement, ceux qui suivent l’actualité automobile voient apparaître toutes sortes de petits «constructeurs» d’autos et surtout de camionnettes électriques qui se dévoilent un peu partout en Amérique du Nord, des compagnies comme Lordstown, Rivian et, pourquoi pas, Tesla! En effet, quand Tesla est apparu, il a surpris l’industrie traditionnelle en produisant des autos électriques en grande quantité en moins de quelques années grâce à des fournisseurs extérieurs.

Pas compliqué, Tesla travaille avec de l’aluminium (un métal plus facile à fondre et couler que l’acier) et certains fournisseurs universels de pièces qui deviennent rapidement des berlines et VUS haut de gamme. Tiens, chez Lion, on utilise des pièces déjà existantes de fournisseurs expérimentés pour fabriquer les châssis des bus et des camions (souvenez-vous qu’un des plus importants producteurs de pièces d’autos, Magna International, est d’origine canadienne). En ce qui a trait aux moteurs électriques, il semble y avoir toute l’expérience nécessaire au Québec alors que pour les carrosseries, Lion fait appel à une technique de construction basée sur les plastiques et autres composites pour les créer. Pas besoin de ces énormes presses coûteuses!

Alors, si l’on prend tous ces arguments en considération, ne pourrait-il pas y avoir quelqu’un au Québec (ou dans le monde) qui pourrait s’installer chez nous où l’expertise en électricité existe? N’avons-nous pas créé de superbes avions avant-gardistes ayant déjà une réputation internationale? Nous avons été capables de transporter des clients à plus de 10 000 mètres «dans les airs» et nous ne serions pas capables d’en faire du pareil sur terre? Se pourrait-il que nous soyons «en train de manquer le bateau»?

Si le petit constructeur jérômien Lion est capable de construire d’imposants camions de transport électriques (incluant la cabine), pourquoi ne serait-il pas possible pour un petit constructeur local de créer une automobile ou une camionnette électrique?