Je dois avouer que je n’étais pas trop enthousiaste à l’annonce par Ford de nous proposer une Mustang à motorisation exclusivement électrique. En effet, je trouvais quelque peu décevant d’utiliser un modèle mythique du monde automobile nord-américain pour tenter d’intéresser une certaine catégorie d’acheteurs à ce nouveau venu. En plus, on tentait de nous faire croire que c’était un VUS par la même occasion. Bien entendu, ce nouveau venu a été dévoilé avec emphase au Salon automobile de Los Angeles en novembre 2019. Après une carrière de 55 ans, la Mustang se joignait à la famille électrique.

S’ensuivaient des communiqués de presse dithyrambiques promettant mer et monde. Malgré tout, je demeurais sceptique et peu enthousiaste. Cependant, j’ai connu mon chemin de Damas lorsque j’ai eu l’occasion de faire un court essai de cette nouvelle voiture et de me convertir à cette transformation. Non sans apporter quelques bémols cependant.

Je sais que les opinions diffèrent d’une personne à l’autre, mais personnellement, je crois qu’on a réussi à concilier une silhouette relativement sportive, passablement inspirée du modèle à moteur thermique qu’elle remplace tout en ajoutant des portières arrière et un hayon. Et si ce n’était de la calandre dont la grille est remplacée par un bloc rectangulaire sans ouverture, on pourrait croire qu’il s’agit d’un véhicule conventionnel. Cette adaptation d’un coupé deux portes à l’allure très sportive à un véhicule cinq portes aux lignes plus conventionnelles aurait pu être un désastre visuel. Je crois que c’est passablement bien ficelé et on a quand même réussi à conserver la partie avant allongé tout en retenant également les feux arrière fortement inspirés de la Mustang conventionnelle. Détail à souligner avant que je ne l’oublie, l’ouverture des portières s’effectue en appuyant sur un bouton qui actionne la serrure à commande électrique. Après tout, c’est une voiture électrique.

Par contre, à l’intérieur, on n’a rien conservé de la planche de bord du coupé à moteur thermique. Cette fois-ci, on note immédiatement la présence d’un écran central vertical de 15, 5 pouces qui permet de gérer pratiquement tout ce que l’on peut trouver dans une voiture deux dernières générations. Cette fois, le système SYNC a grandement amélioré et lors de mon essai, je n’ai pas eu maille à partir avec que cette nouvelle cuvée du système. Contrairement à plusieurs épisodes passablement houleux avec la version précédente. En plus, ajoutons que Apple Car Play et Android Auto font partie de l’équipement de série.

Curieusement, au lieu de nous proposer des cadrans indicateurs logés dans un vaste espace placé directement sous les yeux, on a préféré opter pour un écran rectangulaire de petites dimensions, auquel il est facile de s’y habituer. On aurait peut croire qu’on se serait « garroché » sur un écran de dimensions proportionnellement importantes par rapport à l’écran central, mais on a été plus modeste.

La finition de mon modèle de préproduction s’est avérée très bonne de même que les matériaux utilisés. Et comme on peut le voir sur la photo, l’espace pour les genoux aux places arrière est suffisant pour un adulte, et ce même si le siège avant est réglé pour le conducteur de 1 m, 85. Il est certain que la ligne de toit fortement incliné réduit quelque peu la capacité du coffre. Mais quand même, celle-ci est de 822 litres et une fois les sièges arrière repliés, la capacité est de 1688 litres. C’est légèrement inférieur à ce que le Tesla X propose, mais c’est plus que suffisant. Un détail intéressant, sous le capot, on trouve un espace de rangement 136 litres de capacité. On peut y ranger un bagage à main sans trop de problèmes. En plus, on a placé des de trous d’évacuation d’eau dans cet espace, de sorte qu’il peut être rempli de glace et servir de glacière lors de certaines activités.

Choix multiples

Et on ne sait pas contenter de proposer une seule motorisation, il y en a plusieurs afin de répondre aux besoins de plus grand nombre de personnes. C’est ainsi qu’on trouve d’abord la version de base qui est aussi disponible avec une batterie de plus grande capacité permet un rayon d’action de 475 km. Le modèle de base avec roues arrière motrices devrait rassurer l’acheteur traditionnel. Sa puissance est de 266 chevaux. Quant au modèle un rayon d’action étendue et traction intégrale, la puissance est de 332 chevaux et 417 livres pieds de couple. Ce qui est en mesure d’obtenir une accélération d’environ 6,3 secondes pour effectuer le 0–100 km/h.

Mais en plus de toute cette variante, il ne faut pas oublier le caractère de performance de la famille alors que la version GT Performance est animée par un moteur de 480 chevaux et 634 livres pieds de couple. De quoi être en mesure d’atteindre 100 km/h, départ arrêté, en 3,6 secondes.

Donc, roues arrière motrices, transmission intégrale, moteur de base de 266 chevaux, moteur intermédiaire de 322 chevaux et finalement 480 équidés pour les modèles GT, il y en a pour tous les goûts.

Le temps de recharge varie selon les multiples branchements, mais à une station de recharge rapide, on peut obtenir une recharge de 76 km en 10 minutes, de quoi vous dépanner.

Sans trop vouloir entrer dans les détails, aussi bien le système d’info divertissement que la communication de la voiture avec une application de votre téléphone cellulaire, une multitude de possibilités sont possibles. En plus, la mise à jour des éléments de contrôle électronique peut être effectuée par l’intermédiaire de votre téléphone doté de l’application voulue.

Lors de mon essai, je n’étais pas au volant d’une version GT, mais d’un modèle à roues motrices propulsé par un moteur de puissance intermédiaire qui m’a permis d’apprécier à la fois les performances de la motorisation, l’efficacité du rouage d’entraînement dans la neige, et oui mon essai s’est déroulé sur des routes enneigées, ainsi qu’une tenue de route rassurante et efficace. Enfin, sans le ronronnement du moteur électrique et l’absence de passages des rapports, je me serais cru au volant d’une voiture conventionnelle offrant une carrosserie d’une certaine élégance et passablement pratique.

Ford n’a pas encore réussi la quadrature du cercle, mais elle a obtenu d’intéressants résultats en tentant d’offrir un véhicule en mesure de répondre aux besoins d’une très grande variété d’acheteurs. L’équipement électronique très complet, les multiples éléments de sécurité active et passive, une conduite quand même inspirante pour un modèle multifonctionnel et en plus une diversité des options sont autant de points positifs. On n’a pas pensé à tout, mais c’est passé proche. Toutefois, toute velléité de nous laisser croire qu’il s’agit d’un VUS est totalement futile.

On a beau qualifier ce Mustang d’être un utilitaire sport pour tenter de profiter de l’immense popularité de ce type de véhicule, il faut oublier ce qualificatif. Il s’agit d'un véhicule cinq portes, à la silhouette élégante, pouvant être commandé en multiples versions et offrant un comportement routier fort équilibré. Par contre, on a beau avoir des roues avant et arrière motrices, je ne vois pas beaucoup de gens aller s’aventurer dans des sentiers défoncés au volant de cette Ford au nom mystique. Et je ne crois pas que cette vocation ratée d’être un VUS devrait nuire aux ventes. En fait, déjà une première édition est complètement vendue depuis longtemps, et je crois que le principal problème de ce constructeur au début du Mach e sera de répondre à une très forte demande. Un peu comme la Mustang de première génération dévoilée dans le cadre de l’Exposition internationale de New York de 1964 alors que les ventes de ce nouveau coupé sport dépassent toutes les attentes et même plus encore.

J’ai l’impression que les premiers acheteurs intéressés devront s’armer de patience s’ils veulent obtenir exactement le modèle qu’ils désirent aussi bien au chapitre de la propulsion, de l’équipement et du modèle.

Voilà un beau problème à résoudre !