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Histoire de chars

 

 

13 mars 2020

Je vous le garantis, cette histoire qui semble farfelue s’est vraiment déroulée.

Il y a plusieurs années, en fait au début des années 90, BMW Canada a organisé un voyage de presse aussi intéressant qu’original. En tout premier, on se rendait chez le constructeur dans ses quartiers généraux à Munich, pour ensuite visiter la division Motorsport avant de prendre la route en direction du Sud de de la France où ce périple se terminerait.

Généralement, lors de ces voyages, on roule quasiment à la queue leu leu en suivant un itinéraire bien déterminé avec des arrêts à des endroits précis pour le lunch avant d’arriver à l’hôtel de la soirée. Cette fois-ci, on avait l’opportunité de conduire un nouveau véhicule BMW à chaque jour afin de pouvoir prendre connaissance des multiples modèles offerts par ce constructeur au Canada. De plus, aucun itinéraire n’était imposé. Par équipe de deux, les journalistes adoptaient la route qu’ils désiraient emprunter, avec la seule obligation de se présenter à l’hôtel choisi en fin d’après-midi. Bref, c’était la liberté totale ou presque.

Après les visites, fort intéressantes, des quartiers généraux du constructeur et de sa division sportive, notre groupe de journalistes canadiens a pris la route. Notre première étape en soirée était un centre hôtelier en banlieue de Venise. Celui-ci était constitué de bâtiments principaux voisins d’un immense motel de style méridional réparti sur deux étages.

La journée s’est déroulée sans anicroche et mon collègue et moi avions bien apprécié cette BMW de Série 5 qui nous avait été attribuée pour la journée. Mais, la circulation était dense, de sorte que nous sommes arrivés à l’hôtel presque à l’heure du repas. En fait, le cocktail le précédant était déjà en cours. De sorte que nous avons laissés nos bagages à la réception sans aller à nos chambres.

Comme il se doit en Italie, la nourriture était superbe et sublime tandis que le vin de la région était également fort apprécié. Je ne me souviens pas d’avoir fait des excès à table. Je le jure. Mais quoi qu’il en soit, une représentante de Pirelli était venue se joindre à notre groupe pour le souper afin d’effectuer son travail de relationniste pour la compagnie. Malheureusement pour elle, elle était assise à mes côtés et en face de Dan Proudfoot, un journaliste torontois fort talentueux et doté d’un sens de l’humour assez exceptionnel. Ce n’est pas que notre présence soit désagréable, mais lisez ce qui s’est produit.

Vitalis ou Aqua Velva ?

Jusqu’après le dessert, la conversation a porté sur des sujets intéressants et même relativement sérieux. La jeune dame prenait part à la conversation et semblait trouver la situation agréable. Puis, lorsqu’est venu le temps de commander des digestifs, le serveur proposa une foule de consommations des plus diverses, et cela incluait la légendaire grappa.

Personnellement j’apprécie beaucoup cet élixir que certains trouvent imbuvable, tord boyaux et autres qualificatifs du genre. Un journaliste a même affirmé que c’était quasiment une boisson pour « robineux ». Au lieu de défendre la réputation de cette légendaire boisson italienne, Dan Proudfoot a immédiatement enchaîné en affirmant que, pour sa part, il préférait boire de l’Aqua Velva. Une lotion d’après rasage relativement populaire en Amérique du Nord.

Sans perdre un instant, je lui réplique pour ma part que j’apprécie beaucoup plus le Vitalis, une lotion pour cheveux à base d’alcool. S’est ensuivi une discussion complètement déjantée entre nos deux par rapport aux avantages et inconvénients de ces « deux breuvages ».

Inutile de dire que la madame de Pirelli était sidérée de constater que ces deux journalistes étaient plus « dérangés »  qu’elle ne le pensait. Après avoir écouté pendant quelques temps nos élucubrations, elle a trouvé une façon polie de quitter la table et d’en profiter pour retourner chez elle.

Sac délaissé, valise oubliée !

Une fois la dame partie, nous ne nous sommes pas attardés outre mesure car la journée allait être longue le lendemain. Même si je croyais que j’étais totalement sobre, j’ai eu quelques difficultés à me rendre à ma chambre. L’obscurité était arrivée et l’éclairage des lieux était plus ou moins efficace. Après quelques détours, j’ai réussi à me rendre à destination.

Le lendemain, au réveil, je me sens d’attaque mais je ne trouve plus mes bagages. Après avoir immédiatement sauté à la conclusion que je m’étais fait cambrioler, la raison a pris le dessus et j’en ai conclu que j’avais oublié mes bagages dans le lobby de l’hôtel.

Mais je n’ai pas eu à me rendre à cet endroit, puisqu’en ouvrant la porte, j’ai constaté que ma valise était sagement placée le long du mur extérieur de ma chambre. Je l’avais tout simplement oubliée en ouvrant la porte. Disons que, la veille, il semble que j’aurais probablement passé avec difficulté un test de sobriété.

Restait mon sac de cabine avec mon passeport, mes appareils photos et tout le barda. Comme ma chambre était au second étage, j’avais une vue imprenable sur la cour intérieure et cela m’a permis de constater immédiatement que mon sac trônait tout seul en plein milieu de la pelouse avec le petit chariot de transport placé à ses côtés.

Bref, en me rendant « sobrement » à ma chambre, je n’avais pas noté cette disparition tout occupé que j’étais à trouver mon chemin.

Bref, j’ai retrouvé mes bagages et tout était intact. Mais heureusement, je n’avais bu que du vin et que j’avais résisté à la tentation de consommer du Vitalis ou de l’Aqua Velva. En cours de journée, j’ai demandé à Dan pourquoi il avait choisi cette lotion pour débuter son délire humoristique. Il m’a simplement dit que c’est un nom de consonance italienne, et que cela convenait très bien à la soirée.

Mais, si vous voulez mon opinion, Vitalis, ça sonne un peu italien, non ?