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Histoire de chars

 

Par Denis Duquet

9 mars 2020

Au cours d’une carrière s’étalant sur plusieurs décennies en tant que chroniqueur automobile, Denis Duquet en a vu de toutes les couleurs. Chaque semaine, il se remémore le passé...

Dodge Aries

Cela ne me rajeunit pas, mais j’ai assisté aux débuts de la voiture K en 1980, la voiture qui devait remettre la compagnie Chrysler sur les rails et lui faire éviter la faillite. On se souvient que ce constructeur a frôlé la catastrophe financière et qu’elle a été sauvée par des subsides provenant du gouvernement américain.

C’est dans ce contexte que Jacques Duval et moi s’étaient dirigés à la piste d’essai de ce constructeur située à Chelsea, petite ville située tout près d’Ann Arbor dans le Michigan. La grande nouvelle était le dévoilement de la voiture K, la toute nouvelle berline à traction avant de ce constructeur. La veille de cet événement, nous avons participé à un souper présidé par nul autre que Lee Iaccoca, le grand patron de Chrysler. D’’emblée, celui-ci nous informe que notre repas a été payé et que l’on pouvait manger sans inquiétude. Puis, il nous a fait son « sales pitch » vantant la voiture K qui était selon lui la meilleure de sa catégorie, la mieux conçue et la plus économique. On ne se serait pas attendu à autre chose de sa part.

Le lendemain, présentation de la voiture K déclinée en coupé deux portes, berlines 4 portes et familiale 5 portes en tant que Dodge Aries et Plymouth Reliant. Une année plus tard, la Chrysler LeBaron va s’ajouter à la gamme des modèles K.

Chrysler LeBaron

Nous étions tous anxieux de prendre le volant de ces nouveautés. Mais en sortant de la salle de présentation, on trouve sur notre chemin un énorme char d’assaut en développement par la division militaire de Chrysler de l’époque. Tous les journalistes se sont dirigés vers ce mastodonte. Un relationniste de la compagnie incite l’un de ses acolytes à déplacer ce tank. Le vacarme du moteur et le cliquetis des chenilles ont continué d’attirer l’attention  des journalistes, toujours amateurs de mécanique, qu’elle soit militaire ou civile.

Tank XM1

Puis c’est le temps de mettre la nouveauté à l’essai. À cette époque, nous devions être accompagnés d’un ingénieur de la compagnie, en théorie pour nous fournir des informations pertinentes. Mais son vrai rôle était de nous empêcher de faire de la vitesse.

Jacques Duval prend le volant et au milieu de parcours, il aborde un virage vers la gauche à une vitesse élevée pour une berline de cette catégorie. Pas à une vitesse excessive, mais plus vite que la moyenne. En plein milieu de ce virage, le train avant est secoué par une importante vibration. Comme si un pneu avait déjanté. Une fois la voiture immobilisée, nous inspectons le train avant et ne détectons rien de particulier.

Pour continuer la route et boucler le circuit, Jacques me demande de prendre le volant. Je m’exécute et dès les premiers tours de roues, on entend un bruit de frottement à l’avant et ce bruit devient de plus en plus important. Nous n’avons d’autre choix que de ranger la voiture sur le bord de la piste. La voiture allait s’immobiliser lorsque nous avons entendu un « boingggg » provenant du côté droit. Une inspection du dessous de la voiture nous permet de constater que le demi-arbre avant était sorti de son assise.

Les ingénieurs de Chrysler nous ont informés le lendemain que quelques arbres de couches étaient plus courts de quelques millimètres et avaient été montés par erreur sur certains des prototypes utilisés lors de la présentation. Les forces imposées lors du virage ont fait sortir ce demi-arbre de son assise mais sans sortir complétement, il était comme un arc bandé en équilibre entre les deux points de contacts. L’es quelques dizaines de mètres effectués en fin de course l’ont libéré de son assise, d’où le « boingggg » entendu.

Plymouth Reliant

Le lendemain. Les ingénieurs venaient nous voir pour nous demander, sourire en coin, combien de voitures avions nous l’intention de briser au cours de la journée…