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Histoire de chars:

un président outré,

un blouson peu apprécié

 

Par Denis Duquet

24 mars 2020

Au cours d’une carrière s’étalant sur plusieurs décennies en tant que chroniqueur automobile, Denis Duquet en a vu de toutes les couleurs. Chaque semaine, il se remémore le passé...

À une certaine époque, les constructeurs automobiles se sentaient obligés de nous vêtir de chemisette, de casquette et de coupe-vent à l’effigie de leur marque. Il suffisait de participer à un dévoilement ou un lancement pour revenir à la maison avec une ou deux pièces de vêtements. Dans certains cas, ceux-ci étaient de qualité, mais il était difficile de se promener dans son patelin revêtu de ceux-ci puisque l’écusson du manufacturier nous donnait des allures d’homme sandwich ou presque.

De plus, la sélection du vêtement n’était pas toujours heureuse. J’ai reçu des blousons dont la présentation était tellement bariolée que personne ne voulait les porter une fois l’événement terminé. Il faut également souligner que certains constructeurs avaient la bonne idée de broder leur écusson de même couleur que le vêtement de sorte que c’était à peine perceptible incitant les journalistes à les porter plus souvent et à rendre ce cadeau mieux apprécié.

Mais n’allez pas pousser de hauts cris, puisque cette période est bel et bien révolue dans la quasi-totalité. D’ailleurs, j’aime badiner en disant aux représentants des compagnies que ça fait tellement longtemps que je suis dans le métier que j’étais là à l’époque où l’on donnait des casquettes et des vêtements. De nos jours, ce sont les représentants des constructeurs qui les arborent et c’est tant mieux pour moi. Cela évite donc des ennuis comme celui que je vais vous raconter.

Lors du lancement de l’Acura Integra, il y a au moins deux décennies, on a reçu un blouson d’une sainte horreur. Ça ressemblait à un celui d’une équipe de quilles, mais dans le pire sens du terme. Bien entendu, lors de l’événement, je l’ai porté, politesse oblige. Mais notre groupe avait piètre allure déguisé de la sorte.

Dès que l’événement se fut terminé, j’ai procédé à la même approche que d’habitude en le proposant à mes deux fils. C’était le premier test. Si l’un ou l’autre n’en voulait pas, c’était au tour d’un beau-frère. Et si ces derniers refusaient pour des raisons d’ordre surtout esthétique, le vêtement prenait la direction de la Maison du Père, refuge montréalais pour les itinérants et les personnes en difficulté avec la société.

C’est ce qui est arrivé à mon blouson de ligue de quilles, il a été donné à la maison du Père. Mais ce le bon geste a failli me placer dans l’embarras. En effet, le directeur régional de ce constructeur m’a appelé pour s’enquérir de ce que j’avais fait de mon cadeau. Devant cette question, je lui ai demandé pourquoi une telle question. Il m’a alors informé que son président était de passage à Montréal et en circulant sur le boulevard René Lévesque, il avait aperçu un itinérant portant fièrement l’un des blousons en question.

La Maison du Père

Finalement

Le directeur régional avait été mandaté pour s’enquérir auprès de tous les journalistes ayant participé au lancement pour savoir ce qu’ils avaient fait de ce cadeau jugé fabuleux par son donateur. J’ai eu la bonne idée de lui dire qu’il était à mon chalet et qu’il serait disponible s’il voulait le voir absolument. Ce qui m’aurait donné le temps de trouver une excuse valable.

Heureusement, le président s’est finalement calmé et a décidé d’oublier l’incident. Je m’en suis sorti sans problème et l’itinérant s’est probablement fait demander par les siens à quelle salle de quilles il allait jouer.