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Histoires de chars

Un temple par jour chasse le mal

Par : Denis Duquet

8 mai 2020

Au cours de sa carrière de chroniqueur automobile, Denis Duquet a fait face à plusieurs situations parfois cocasses. Il nous en fait part chaque semaine.

Temple boudhiste

Lorsqu’un constructeur automobile vous invite à un voyage au Japon, c’est en partie pour nous faire visiter soit une usine de montage ou encore faire l’essai de nouveaux modèles quand ce n’est pas pour assister à un séminaire d’ordre technique.

Mais en plus, j’ai toujours cru qu’on voulait nous convertir à l’une des deux religions les plus populaires dans ce pays, soit le bouddhisme et le shintoïsme. Mais, c’est rarement dans ce dernier cas, puisque la présentation de ce culte se limite généralement à une corde dotée de nœuds à sa partie centrale et à quelques bols de riz et d’encens. C’est du moins ce que l’on m’a montré lors de mes visites.

Par contre, en ce qui est du bouddhisme, les temples sont plus spectaculaires, plus imposants et l’effet visuel est impressionnant. Je ne crois pas que personne d’entre nous lors de ces voyages n’avait envie de se convertir à cette religion, mais c’était quand même assez intéressant de visiter un ou deux temples à l’idée de visiter un endroit de culte de cette religion. Mais j’ai plus ou moins démontré moins d’empressement au fil de mes voyages dans ce pays.

Temple Shinto

Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à force de visiter différents temples, ça devenait répétitif. L’exotisme était passé et on nous faisait faire de nombreux détours pour visiter un temple ou l’autre. À tel point qu’on se disait, « un temple par jour chasse le mal ». On avait beau tenter de négocier la possibilité de rendre ces visites facultatives pour donner la chance aux nouveaux de prendre connaissance avec ces lieux assez imposants quand même. Et de permettre « vétérans » de visiter autre chose ou d’aller travailler à leur chambre d’hôtel. Mais, même les arguments les mieux échafaudés n’avaient pas raison de l’obstination de nos hôtes.

C’est ainsi que j’ai visité le temple du gros bouddha, la statue était immense en effet, le temple des 100 bouddhas, et il y avait vraiment 100 statues le représentant, et une pléthore d’autres temples de diverses configurations. Et souvent pour s’y rendre, il fallait faire un long trajet en autobus, pour visiter ce lieu de culte. Visite qui ne durait que quelques minutes en raison de manque de piété de notre part.

Gros boudha

Temple100 boudhas

Parfois, nos manières d’Occidentaux ne cadraient pas avec l’atmosphère religieuse du site alors que les gens y venaient pour s’y recueillir tandis qu’on se promenait tout en regardant à gauche et à droite, mais sans trop de conviction. Je me souviens d’un endroit en banlieue de Tokyo où se trouvait un temple magnifique abritant une cloche de grande dimension faisant au moins 2 m de hauteur. Devant cette cloche, il y avait une poutre en bois accrochée au plafond par des chaînes et qui servait de butoir. Désireux de connaître la sonorité de cet accessoire, j’ai tout simplement donné une poussée au billot qui a heurté la paroi et il s’en est suivi une sonnerie très puissante qui a fait accourir les moines du temple qui me regardaient avec des yeux pas trop gentils.

 

Je me souviens en outre d’une visite de temples où on retrouvait une immense statue de bouddha alors que la température était maussade et qu’il pleuvait à plein ciel. Nous avons dû effectuer une assez longue marche afin d’atteindre le temple et c’est tout mouillé que nous savons eu l’opportunité de contempler cette œuvre d’art, du moins à ce qui nous concerne, car nous n’avions pas tellement de velléités religieuses. Et alors qu’on croyait qu’on pourrait aller se réfugier dans l’autobus pour se faire sécher et reprendre nos esprits et nous calmer. Puisque la plupart d’entre nous commençaient à en avoir marre de ces déplacements qui étaient souvent plus longs que certaines activités jugées intéressantes qui étaient parfois escamotées afin que l’on puisse visiter un temple. Mais nous n’étions pas au bout de nos peines, car alors qu’on se dirigeait vers l’autobus, notre guide ainsi que le représentant du constructeur automobile ont crié de rebrousser chemin, car on avait un autre temple à visiter. Nous avons emprunté un sentier qui serpentait pour accéder au haut d’une colline où se trouvait le temple de la religion shinto. Mais, pour le spectaculaire, on repassera. En effet, tout ce qu’on pouvait y trouver, c’est un câble doté d’un nœud en sa partie centrale suspendu au-dessus d’un bol de riz où on avait planté des bâtonnets d’encens. La visite n’a pas été très longue et la descente vers l’autobus a été beaucoup plus rapide.

Intérieur temple Shinto

Temple Shinto

On a alors assisté à une véritable mutinerie alors que les journalistes impliqués tentaient de se sécher tout en abreuvant le guide de toutes sortes de commentaires relativement peu agréables quant à ses fameuses visites. En soirée, on a réussi à faire la paix, car on nous a promis que ces visites étaient terminées, du moins pour ce voyage. Par la même occasion, le représentant du constructeur me disait qu’il serait bientôt à Montréal et qu’il aimerait, c’était à la fin du mois d’octobre, pouvoir assister à une partie de hockey, et à une partie de baseball à Montréal, car il prévoyait visiter la ville dans quelques semaines.C’est alors qu’on lui a dit que ce serait impossible, car il fallait viser absolument l’Oratoire Saint-Joseph, la basilique du Cap de La Madeleine ainsi que celle de Sainte-Anne de Beaupré. Estomaqué, il a posé un regard interrogateur vers nous. On lui a répondu qu’alors qu’on visitait le Japon, il n’y avait pas de compétition sumo, de course de kirin et des compétitions d’Hydroplanes en circuit fermé et de parties de baseball, tout ce qu’on aurait aimé voir, pour nous limiter à visiter un paquet de temples à chaque visite. Son visage s’est illuminé, il a souri et nous a dit que le message avait été enregistré. Il semble qu’il ait été muté ailleurs ou qu’il avait la mémoire courte, puisqu’au voyage suivant de ce même constructeur dans ce pays j’ai dû visiter deux à trois temples à nouveau. Malheureusement pour mes hôtes, je ne suis pas encore converti.