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La Morgan perd sa virginité!

Par Éric Descarries

28 août 2020

À moins d’être un mordu de voitures anglaises, il y a peu de chances que vous connaissiez la marque Morgan dont à peine quelques unités remarquables roulent toujours sur nos routes.

La marque Morgan a été créée en 1910 par Henry Frederick Stanley Morgan et elle est demeurée une affaire de famille jusqu’en 2013 alors que le petit-fils du fondateur a été impliqué dans une douteuse histoire d’amour dont il serait superflu de mentionner ici. L’année dernière, la petite entreprise artisanale fut vendue par son petit groupe d’actionnaires à un groupe italien Investindustrial dirigé par l’homme d’affaires Andrea Bonomi ce qui met presque fin à l’kistoire de la construction automobile britannique originale en Angleterre. En effet, il ne resterait plus que McLaren à ce chapitre.

Si Morgan a été plus reconnue pour ses uniques autos à trois roues avec moteur avant à deux cylindres exposé (c’était la voiture que l’acteur anglais Peter Sellers conduisait dans la comédie de 1968 «The Party), ce serait plutôt ses roadsters aux lignes traditionnelles dont nous nous souviendrons le plus.

Créée à partir de 1936, ces superbes automobiles affichaient, jusqu’à tout récemment, une configuration de construction très traditionnelles composée d’un châssis en échelle avec pont arrière rigide reposant sur une suspension à lames et d’une suspension avant d’un design unique. Ce qui est intéressant aussi, c’est que la structure de la carrosserie a longtemps été faite de bois dur (frêne) ce qui en facilite la restauration.

Hélas, en juillet dernier, le petit constructeur de Malvern du comté de Worcestershire en Angleterre a assemblé son tout dernier véhicule avec ce châssis traditionnel. À partir de ce moment, les prochains roadsters Morgan reposeront sur une plateforme d’aluminium entièrement collée comme celle déjà proposée depuis l’année dernière sur sa Plus 6.

Selon Morgan, cela met fin à une production de 84 ans de ce châssis original ce qui constituerait un record mondial. Semble-t-il que quelque 35 000 véhicules de la marque y auront été produits.

Il n’est pas facile de se procurer une nouvelle Morgan au Canada car, depuis 1994, le Gouvernement canadien refuse la commercialisation des autos de la marque car le petit constructeur ne pourrait se permettre de passer les essais de collision du Ministère du Transport. Il faudrait alors «tester» trois voitures valant de 50 000 à 100 000 $ chacune (donc les détruire) ce qui serait beaucoup trop pour un si petit constructeur d’une production limitée (850 autos par année).

La nouvelle administration (qui serait reliée à celle d’Aston Martin) croit que la marque reprendra du poil de la bête avec la possibilité d’une version électrique de son modèle à trois roues récemment redessiné. Certaines Morgan seraient disponibles aux États-Unis mais sans moteur (les autos seraient prêtes à recevoir un V6 EcoBoost de Ford) mais cela reste à confirmer.

Après 84 ans de production, le châssis traditionnel du petit constructeur britannique Morgan passe de l’acier à l’aluminium collé. (Photo Morgan)

Une partie de la gamme Morgan à son usine de Malvern. (Photo Morgan)

Cette Morgan 1960 a récemment été restaurée par le Lavallois Gilles Boucher. Elle est mue par un moteur à quatre cylindres de Triumph. (Photo via Gilles Boucher)

Cette Morgan 1968, propriété de Michel Hamel de Terrebonne, est une Plus 8 à moteur V8 Rover issu du petit V8 Buick en aluminium de l’époque. Hamel possède un autre roadster Morgan légèrement plus vieux avec un quatre cylindres Ford (Photo Éric Descarries).