Revenir au site

Les incroyables années 50

par Denis Duquet

24 décembre 2017

Si vous êtes comme moi, vous écoutez les émissions portant sur la restauration de voitures et de voitures américaines à particulier, vous devez être impressionnés vous aussi par la quantité invraisemblable de modèles qui étaient commercialisés chaque année et qui n’avaient pratiquement rien à voir avec l’année précédente. En effet, on ne se contentait pas toujours de modifier la carrosserie et l’habitacle, plusieurs modèles, parmi les plus chers et les plus sophistiqués à l’époque, étaient pratiquement renouvelés d’un pare-chocs à l’autre afin de poursuivre la guerre contre les concurrents. En fait, les moteurs étaient souvent reconduits, mais encore, si on fait des recherches, il y avait plusieurs modifications apportées d’année en année.

Plusieurs d’entre vous ne s’en souviennent certainement pas, mais le fait d’avoir un certain âge, un âge avancé même, c’est de se rappeler qu’au début des années 50, les voitures européennes qui parvenaient sur nos rives étaient des véhicules passablement sobres, dotés de moteurs anémiques et dont la finition était quelconque. Et quand on songe qu’une bonne partie de ce contingent européen était propulsée par un moteur arrière ce qui résultait en une tenue de route parfois délicate, il ne faut pas s’étonner si les débuts pour les Européens ont été si difficiles pendant quelque temps. Par la suite par exemple se sont joliment repris cependant.

En fait, dans les années 50 et au début des années 60, les constructeurs britanniques avaient la mainmise sur une bonne partie du marché des voitures importées. Les gens étaient impressionnés par la sellerie en cuir, les appliques en bois et une tenue de route qui n’était pas vilaine non plus. Ajoutez à cela les roadsters sport que nous proposaient les marques Jaguar, Triumph, MG et Austin Healey entre autres. Malheureusement, leur fiabilité était pratiquement désastreuse tandis que plusieurs de ces berlines nous offraient une silhouette pour le moins spécial.

Pour en revenir à nos constructeurs américains, il est vrai qu’à cette époque, la majorité de la population ne s’intéressait pas nécessairement la tenue de route, au freinage et à la sécurité passive. Les gens étaient surtout intéressés à afficher leur réussite dans la vie en étant remarqués au volant d’une grosse berline tandis que les cabriolets étaient dans une catégorie à part. Enfin, être propriétaire d’une Cadillac ou d’un Lincoln était l’assurance que vous aviez réussi votre carrière.

Ces changements esthétiques continuels ont poussé sans doute les constructeurs nord-américains à lésiner quelque peu sur les qualités mécaniques et le raffinement de la plate-forme, pour se lancer dans des habitacles ultras spacieux, des chromes à gogo tandis que les propriétaires de ces voitures se faisaient plaisir de montrer à leurs amis à quel point la direction assistée assistait les roues avant. En effet, très souvent, le conducteur tournait le volant du bout des doigts pour indiquer à quel point c’était facile. Nous étions loin des directions à assistance variable de nos jours.

Il est vrai que la leçon a été sévère et les constructeurs américains n’ont pas su voir arriver les changements de technologies et des attentes des acheteurs et ils ont tenté de remonter la pente sans toujours avoir les bonnes recettes. En effet, les dirigeants voulaient continuer d’offrir aux actionnaires les mêmes dividendes en investissant des milliards dans la rénovation des usines et la réorganisation et la modernisation de leur mécanique. Ils ont pris des risques, coupé la qualité et la fiabilité en espérant que la publicité ferait la différence.

Ils se sont repris de belle façon de nos jours, mais force est d’admettre que les quatre décennies qui ont précédé n’ont pas été faciles.