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Mémoire de chars

Lancements au Japon

Interdiction de Sumo, Keirin, Kyotei et même de baseball !!

Texte : Denis Duquet

18 juillet 2021

 

C'est chose rare de nos jours, mais dans les années 80 et 90 surtout, il n'était pas rare que les constructeurs japonais invitent les journalistes automobiles à visiter leurs usines au Japon dans le cadre de dévoilement de nouveaux modèles. En fait, on se retrouvait au pays du soleil levant au moinstrois fois par année si ce n'était pas  quatre ou cinq visites. Ma première expérience a été passablement dépaysante, alors que j'ai trouvé un pays hyper industrialisé, doté d'une multitude de travailleurs tous habillés  de costumes associés à leur emploi. Détail à souligner, les travailleurs de la construction ne portaient pas de souliers de sécurité, mais des sandales ! J’ai  été également initié aux subtilités de la gastronomie japonaise. 

Curieusement, même s'il s'agissait du dévoilement de nouveaux modèles, la conduite sur les routes à cette époque était strictement interdite. On ne semblait pas nous faire confiance de conduire sur les routes hyper encombrées au volant d'une voiture avec la direction à droite. Heureusement, on pouvait faire l'essai des modèles nord-américains sur les pistes d'essai des différents constructeurs. 

Mais comme ces épisodes de conduite étaient passablement limités et espacés dans le temps, les organisateurs de ces différents voyages tentaient de nous faire découvrir leur pays surtout par le biais de visites de multiples temples bouddhistes ou shintoïstes, tout en nous promenant d’un restaurant à l'autre alors que le menu était souvent très exotique. 

Mais pour nous, pauvres visiteurs, parmi les événements de la vie quotidienne des Japonais, plusieurs éléments nous intéressaient. En premier lieu bien entendu, le sumo, cette lutte japonaise alors que deux mastodontes s'affrontent dans un cercle. Malgré leurs dimensions imposantes, leurs gestes sont d'une grande vitesse d'exécution et leurs réflexes spectaculaires. 

En second lieu, on aurait aimé également être témoin de courses de Keirin, ces compétitions de vélos sur piste mettant en vedette des cyclistes professionnels dans des épreuves d’un déroulement spécifique. Ce sport est très populaire dans ce  pays, car les spectateurs peuvent parier sur les cyclistes. Incidemment, le Keirin est également une épreuve olympique. 

Finalement, une compétition sportive peu connue des Nord-Américains est le Kyotei. Dans ce cas, dans un stade nautique, des pilotes de petites embarcations de type hydroplane se disputent la victoire. Plusieurs courses sont au programme, c'est coloré, différent, et j'aurais aimé pour ma part assister à l'une de ces épreuves. 

Pourtant, à chaque fois qu'on s'informait s'il était possible d'aller assister à l'un ou l'autre de ses événements, notre interlocuteur déviait son regard, nous balbutiait une excuse lamentable et passait à un autre sujet. 

Pourtant, lors de nos temps libres, on nous suggérait de visiter une piscine, un hôpital ou quelque chose du même acabit quand ce n'était pas bien entendu l'un des multiples temples inscrits à notre agenda. Même, une fois, on a préféré nous faire visiter une piscine à Nagoya plutôt que d'aller visiter un centre de préparation de voitures de course Toyota. 

Enfin, un jour, le représentant de Toyota Canada lassé de visiter des temples, a même réservé un autobus, nous a demandé si nous étions intéressés à visiter certains musées automobiles, et nous sommes partis vers ces mêmes musées à la consternation de nos hôtes. Ils étaient surpris que l'on ne soit pas intéressé par le temple des 100 bouddhas, mais bien par des automobiles. Curieux quand même. 

Non aux Canadiens, oui à Sainte-Anne de Beaupré 

Lors de l’un de ces voyages, l'un des responsables japonais nous a dit qu'il allait visiter la ville de Montréal au mois d'octobre. Il nous a fait part de son désir d'assister à une partie de baseball, puisque les Expos étaient toujours à Montréal, tout en voulant être également parmi les spectateurs à une partie d’exhibition du Canadien et un match des Alouettes. 

Tout de go, nous lui avons mentionné avec emphase, que ce n'était pas possible puisque si on respectait la philosophie des visites de Toyota au Japon, il serait beaucoup plus approprié de visiter la cathédrale de Sainte-Anne de Beaupré, celle du Cap-de-la-Madeleine et pourquoi pas l'église Bonsecours tout en faisant un détour par la cathédrale Notre-Dame du Monde. 

Basilique Sainte-Anne-de-Beaupré

Estomaqué, il nous a dit que ça ne l'intéressait nullement et qu'il préférait assister à des épreuves sportives. C'est alors que nous lui avons demandé pourquoi, lorsque nous visitions son pays, on nous imposait de multiples visites de temples, sans pouvoir être des spectateurs intéressés à des événements sportifs qui nous intéressaient. 

Il a alors éclaté de rire et a dit qu'il nous comprenait. Mais, malgré son admission à savoir qu'il nous comprenait, aucun changement à l'horaire n'a été effectué.  

Bravo les Carpes ! 

À constater le nombre sans cesse croissant de joueurs d'origine japonaise qui évoluent dans le baseball majeur, on ne peut que conclure que ce sport est l'un des plus populaires au Japon. Lors du dévoilement d’un véhicule Mazda, nous avons été convoqués à une réception en soirée au quartier général de ce constructeur. Nous avons constaté que le stade de baseball où évoluent les Carpes d'Hiroshima était tout près de l'édifice de Mazda. En plus, le club jouait cette soirée-là. Nous nous sommes donc esquivés en douce de cette réunion purement sociale, qui ne nous intéressait pas vraiment. Désolé Mazda. 

Incidemment, si le nom de l'équipe, les Carpes, qui nous fait sourire, sachez que ce poisson n'a pas la même connotation dans ce pays. En fait, ce serait comme si on parlait des Saumons de Gaspé si une telle équipe pouvait exister. 

Le stade était presque bondé à capacité mais nous avons quand même obtenu des billets assez bien et il fallait voir le visage de la préposée à la billetterie qui ne parlait aucun mot d'anglais et nous pratiquement aucun mot de japonais. Malgré tout, nous avons déniché des billets convenables. 

L'atmosphère, le décorum, le comportement des joueurs sur le terrain sont autant d'éléments qui diffèrent passablement de ce qui peut se produire en Amérique. Quoi qu'il en soit, les Carpes jouaient contre les Tigers d’Osaka, et l’équipe  menait au milieu de la septième manche.  

C'est alors que nous avons vu des responsables des relations publiques de Mazda  se promener dans la foule pour nous détecter. Ils ont du  s'encquérir à la préposée à la billetterie, car ce ne fut que l'affaire de quelques minutes avant qu'ils viennent nous informer que notre présence était fortement recommandée dans les bureaux de la compagnie. Même si nous avons manqué les deux dernières manches, ce fut une expérience assez intéressante, d'autant plusqu'il existait dans les gradins une dynamique extraordinaire. 

Détail à souligner, c’était la première année du club dans le tout nouveau stade appelé : « Mazda Zoom Zoom Stadium ». 

Bref, malgré plus de 20 voyages dans ce pays, je n'ai jamais eu l'occasion et l'opportunité, d'assister à l'un de ces événements sportifs. En fait, le seul sport impliqué lors d'une visite a été d'aller skier sur le centre de ski intérieur de Tokyo. Et cela au mois d'août, alors que la canicule était intense. C'était au moins rafraîchissant même si la pente manquait d'inclinaison. 

C’est mieux que rien, mais rien à voir avec les activités sportives traditionnelles de ce pays.