Les gens qui me connaissent savent que je suis distrait. Je ne perds pratiquement rien, mais je cherche souvent mes lunettes, mon passeport, mon trousseau de clés, mon ticket de stationnement et la liste est très longue. Mais, heureusement, je retrouve ces objets en moins de cinq minutes; mais pas toujours ! Il y a quelques années, il m'est arrivé une mésaventure pour le moins cocasse. 

Lors d'un vol de nuit d'Air Canada, j’ai remisé mes lunettes sur une petite tablette placée à la gauche de mon siège. Cinq minutes plus tard, j'ai fait un faux mouvement et accroché avec mon coude ces «  maudites barniques » comme l’aurait dit mon défunt oncle Ernest. Croyant que les lunettes avaient glissé sur le siège, je me suis mis à tâtonner dans le noir pour les retrouver. Peine perdue. Profitant de l'obscurité et du sommeil de  la plupart des occupants de la cabine, je me suis mis à genoux devant mon siège et tenté dans la demi-obscurité de retrouver ce précieux objet. Rien à faire ! 

Siège avaleur de lunettes.

Je me suis étiré le bras pour essayer de les retrouver derrière le siège puisqu'il y a un espace entre celui-ci et la cloison le séparant du prochain passager. Rien ! J'ai alors attendu l'arrivée du petit déjeuner pour demander à l'agent de bord de m'aider dans mes recherches. Après une fouille d'environ 15 minutes au cours de laquelle on a enlevé le coussin du siège, allongé celui-ci en position horizontale, scruté les entrailles de la chose, inspecté la section arrière de la mécanique, le précieux objet n'a jamais été retrouvé. Et l’agent de bord a ensuite interrompu ses recherches précisant que son syndicat n’approuve pas que les  agents de bord jouent aux mécanos et que le syndicat des mécanos ne voit pas d’un bon œil le fait qu’ils se mêlent d’effectuer leur travail. 

Il m’a conseillé de me dirige vers le comptoir des objets perdus à mon arrivée à l’aéroport d'Inchon et rapporter ma mésaventure. Il m’a affirmé qu’on ferait l’impossible pour retrouver mes lunettes. Quelle naïveté de ma part ! 

Pas facile de s'y retrouver et encore moins mes lunettes.

Après de multiples détours, je me suis retrouvé au comptoir en question. J’explique mon problème au préposé qui semble totalement désintéressé par mon malheur. Malgré tout, il téléphone quelque part. Mais comme j’étais en Corée et que mon coréen est inexistant, je n’ai aucune idée de la nature de son appel. Il aurait pu se commander une pizza que s’occuper de mes lunettes. Il me fait un signe de m’asseoir et j’attends rempli d’espoir. Puis, après une dizaine de minutes, il m’informe qu’on n’a pas trouvé mes lunettes bien qu’il n’ait pas reçu un coup de téléphone pour l’informer. Bref, j’avais perdu mon temps et…mes lunettes ! 

R.I.P

Imaginez l'amusement et la consternation de mes confrères lorsqu'ils m’ont vu les rejoindre sans mes lunettes. Plusieurs ont écarquillé les yeux quand, car je leur ai dit que je les avais perdues dans mon siège d'avion !!! 

Mais puisque ma vision est presque normale sans lunettes, je n’ai rien manqué des présentations et même été en mesure de conduire lors d’un court trajet  sur la piste hid’essai dynamique. Et pour retourner à la maison à mon retour au Québec, c’était prévu que mon épouse vienne me chercher à l’aéroport. Elle n’a pu s’empêcher de pouffer de rire lorsque je lui ai expliqué pourquoi je ne portais pas mes lunettes.

 Un autre détail en terminant : j’avais une autre paire de lunettes à la maison et elles étaient plus récentes que celles enfouies dans le siège d’avion.