Revenir au site

 

Nissan Frontier: 

Modernisé, mais sans plus 

texte et photos de Denis Duquet

7 juin 2022

C’est difficile à croire, mais c’est probablement Nissan qui a contribué à la popularité des camionnettes compactes sur notre continent. En plus, il a été le premier à proposer avec son modèle King Cab une version à cabine allongée qui est devenue la référence. Malheureusement pour ce constructeur, des difficultés financières ont fait en sorte que la première génération du Frontier apparue en 1997 a été développée alors que ce constructeur traversait une période fort difficile au chapitre financier et
risquait même le dépôt de bilan. On a alors concocté une camionnette simple, correcte, mais pas en mesure de proposer aux acheteurs un moteur V6, puisque c’est lui qui était utilisé ne répondait plus aux normes OBD2 et on n’avait pas suffisamment d’argent pour en développer un nouveau.

On connaît la suite, la situation de ce constructeur s’est rétablie sous la gouverne de Carlos Ghosn, aujourd’hui au ban de la société, qui a permis de donner un peu plus d’audace à la présentation extérieure, et de doter cette camionnette d’éléments mécaniques compétitifs. Mais c’était il y a
plus d’une décennie et il fallait piloter une version du Frontier avant l’arrivée de la nouvelle génération pour en conclure que ce modèle n’était plus adapté.

Voici maintenant q'une toute nouvelle version est apparue. On en a profité pour réviser le tout ou presque puisqu’on fait toujours appel à la même plate-forme qui a été heureusement améliorée elle aussi.

On rentre dans le rang 

Le modèle précédent se démarquait avec une grille de calandre abritant un élément chromé en forme de V prononcé tandis que certains modèles étaient dotés d’un porte-bagages qui donnait un air assez particulier à ce modèle. Cette fois, les stylistes ont décidé de jouer une carte plus moderne, mais plus conservatrice à la fois. La section avant propose maintenant une grille de calandre plus conventionnelle, mais celle-ci est encadrée par des phares DEL tandis que les passages
de roues élargis et un renflement en partie inférieure de la cabine permettent d’adopter une allure plus moderne. L’arrière se démarque par des feux se prolongeant sur les parois latérales. Soulignons qu’il est possible de commander cette camionnette en deux longueurs différentes afin de pouvoir optimiser la caisse de chargement au besoin.

L’habitacle propose des matériaux de meilleure qualité, une finition plus soignée et une planche de bord dotée d’un écran de huit ou neuf pouces selon le modèle. On note également la possibilité d’obtenir la recharge de la téléphonie cellulaire par induction qui permet d’éliminer ce fil encombrant que l’on ne retrouve jamais lorsqu’on en a besoin. Et, bien entendu, les cadrans indicateurs sont dorénavant à affichage numérique. Cependant, cette présentation relativement équarrie ne m’accroche pas tellement, mais c’est une histoire de goûts et vous savez ce que j’en
pense. Quant au volant, il possède en sa périphérie centrale des pavés de commande qui, contrairement à ceux des autres modèles concurrents, sont placés verticalement, histoire de se démarquer.

Les sièges avant de type zéro gravité prouvent une fois de plus que cette approche donne des résultats convaincants. Malheureusement, à l’arrière, les personnes de grande taille devront s’accommoder d’un dégagement pour les jambes relativement étroit.

Les systèmes Apple CarPlay et Android auto sont en équipement de série, signe du modernisme de ce modèle. Quant au système audio Fender, il n’est pas à la hauteur de la réputation de la marque. C’est correct, mais on s’attendait à mieux.

À contre-courant

Si on a modernisé la silhouette, la conception de l’habitacle et on a resserré la qualité générale, les ingénieurs semblent avoir navigué à contre-courant dans le choix du groupe propulseur. En effet, seul un moteur V6 de 3,8 litres est offert et sa puissance est de 310 chevaux. Cette puissance est adéquate, mais lorsqu’on constate qu’un constructeur comme Toyota équipe la grosse camionnette Tundra d’un moteur hybride, on peut se demander pourquoi Nissan ne tente pas de réduire la consommation de carburant avec une technologie un peu plus poussée.

Sa capacité de remorquage est de 6 720 livres. Ce qui n’est pas mauvais, mais près de 900 livres de moin qu’un Chevrolet Colorado, une GMC Canyon ou encore le Jeep Gladiator.

Sur une note plus positive, la transmission automatique est dorénavant à neuf rapports et non, la boîte manuelle n’est pas disponible. Le rouage intégral est également offert et il est relativement sophistiqué ce qui permet de profiter de la possibilité de rouler hors route sur des sentiers et des routes secondaires en très mauvais état.

De plus, la version PRO-4x est dotée d’une suspension spécialement destinée à pouvoir adopter une conduite plus agressive lorsque les conditions se détériorent. Et par l’intermédiaire du catalogue d’options, on peut aménager le Frontier de différentes façons et à des prix différents bien
entendus. À ce chapitre, les prix varient entre 40 000 $ et 50 000 $ approximativement.

Dans la bonne moyenne

Je dois vous avouer qu’après mon essai d’une semaine de ce modèle, ma conclusion est qu’il s’agit d’un modèle bien conçu, bien exécuté, mais qui à qui il manque ce petit quelque chose qui fait la différence. À ce chapitre, il ressemble plus ou moins au Ford Ranger en fait d’agrément de conduite et de comportement en général. Cependant, le Ford se démarque négativement par planche de bord doté de
commandes éparpillées un peu partout et d’une suspension que j’ai trouvé plus ferme et moins sophistiquée que celle du Nissan.

Comme le nombre de modèles Frontier 2022 croisé sur les routes semble assez mince, on peut en conclure que la concurrence semble avoir un avantage marqué, d’autant plus que le Ford Maverick est venu brouiller les cartes. En plus, celui-ci est vendu à prix moindre et propose un moteur hybride.

Par contre, cette camionnette Nissan offre plusieurs caractéristiques de sécurité, la possibilité de choisir entre différentes versions de caisse et sa mécanique est correcte à défaut d’être excitante.
Quant à la consommation de carburant, j’ai réussi une moyenne de 11,9 litres aux 100 km suite à une conduite sur des routes secondaires et des autoroutes, ce qui est en harmonie avec les données du constructeur.

Le Frontier en fait de compte a quand même beaucoup à offrir, mais Nissan devra jouer d’astuce en marketing pour affronter une concurrence diversifiée et aguerrie.