Revenir au site

Opinion:

COVID-19, plus qu’un salon automobile cancellé

Par Denis Duquet

 

9 mars 2020

Le Salon de l’automobile de Genève a été cancellé quelques jours à peine avant son ouverture officielle. C’est un dur coup pour cet événement et pour tous les autres du genre dont la survie était déjà menacée avec la désaffection de plusieurs constructeurs automobiles. Du moins en ce qui concerne les événements de Tokyo, Paris, Los Angeles et bien d’autres.

Mais cette fois, ce n’est pas en raison de l’absence de certains constructeurs que le rendez-vous automobile helvétique a été annulé. En effet, en raison d’une règle gouvernementale établie suite à l’épidémie du Corona virus ou de son nom plus scientifique COVID-19, un arrêt gouvernemental suisse oblige l’annulation de tout événement public regroupant plus de 1000 personnes. Les autorités du GIMS -  Geneva International Motor Show- n’ont eu d’autres choix que de se plier à la loi. Inutile de souligner que le coût de cette décision est très élevé puisque tous les kiosques de cet événement étaient montés, les voitures  en place sans oublier les annulations de chambres d’hôtels et de billets d’avion que cela a encouru.

Salon automobile de Genève

Bien entendu, le prochain événement du monde automobile est prévu pour se dérouler à New York à la mi-avril. Pour l’instant, la direction du Salon de l’auto de New York a annoncé que l’événement devrait se dérouler comme prévu. Mais si l’épidémie se propage dans Manhattan, les chances sont fortes pour que l’on imite les helvètes.

Mais il y a beaucoup plus

L’annulation d’événements sportifs, de salons automobiles, de concert et même de lancement de films sont des éléments ponctuels suivis par une certaine quantité de personnes. Mais il ne faut pas perdre de vue que l’industrie automobile est frappée de plein fouet. Pour l’instant, les inventaires des modèles les plus populaires sont encore assez élevés tandis que les pièces servant à la fabrication des autos étant toujours dans le « pipeline » permettent encore un niveau de production relativement élevé.

Cependant, les choses commencent à se détériorer et ce assez rapidement. La Chine a vu sa production manufacturière dans le secteur automobile être sérieusement ralentie. Du nombre, une très grande quantité de pièces automobiles, d’éléments électroniques et même de piles pour les véhicules électriques ont vu leur production fortement ralentie ou même interrompue en raison de la mise en quarantaine de nombreuses usines.

Puisque les éléments pour assembler les voitures sont en rupture de stock, on est dans l’obligation de cesser la production. Et comme on ne sait pas quand cette pandémie va ralentir ou se terminer, il y a de fortes chances que plusieurs constructeurs voient le nombre de modèles offerts au public fortement diminué.

Et il faut également savoir que plusieurs autres domaines connaissent des perturbations toujours en raison de la fermeture d’usines et du manque d’approvisionnement en pièces et en matières premières.

Usine Geely en Chine

La course automobile

Jusqu’à maintenant, seul le Grand prix de Chine de Formule Un a été cancellé. Et au moment d’écrire ces lignes, c’est la seule course d’envergure qui n’aura pas lieu. Mais plusieurs éléments rehaussent le niveau d’inquiétude. Par exemple, l’Italie connaît une progression accélérée du COVID-19 et il se pourrait que l’écurie Ferrari puisse être empêchée de quitter le pays pour participer au Grand prix d’Australie. Et comme la direction de la Formule Un a décrété qu’il n’y aurait pas de grands prix si toutes les équipes ne sont pas présentes, il se pourrait qu’il y ait des perturbations.

Grand Prix d'Australie

En outre, comme les autorités de différents pays ont déjà établi des règles qui préviennent les rassemblements impliquant des milliers de personnes et que plusieurs autres songent à faire de même, il paraît peu probable que des courses automobiles vues par des milliers de spectateurs présents puissent échapper aux directives gouvernementales qu’elles soient nationales ou locales.

Prenez par exemple les 500 Miles d’Indianapolis avec plusieurs centaines de milliers de personnes dans les gradins. C’est une promiscuité qui favorise la propagation des virus. Il serait impossible de pouvoir tenir cet événement dans les conditions actuelles. Mieux vaut espérer pour le mieux et se préparer au pire.

500 Miles d'Indianapolis

La prudence et non la panique

Bien entendu, il y a des gens qui sont prêts à risquer d’attraper cette maladie mortelle pour assister à un match de football, à une partie de baseball ou encore à une course automobile suivie par des milliers de personnes présentes. Par ailleurs, il ne faut pas ignorer les circonstances ou paniquer outre mesure.

Les dirigeants et responsables de ces événements sportifs, des usines de production de pièces automobiles et même de l’automobile au complet, devons adapter leurs décisions cas par cas. Il ne faut pas être négligents outre mesure ou encore paniquer inutilement.

Une chose est certaine, avec plus de 85 pays touchés par cette épidémie, il est impossible qu’il n’y ait pas de répercussions aussi bien sur le plan social, gouvernemental, sportif et des affaires.