Revenir au site

Opinion. Graisser et changer d’huile

Les temps ont bien changé

Texte : Denis Duquet

17 juin 2020

C"était l'époque ou on vérifiait votre niveau d'huile et on lavait votre pare-brise

Il n’y a pas si longtemps encore, tout propriétaire d’automobile désireux de l’entretenir de façon correcte se faisait un point d’honneur de faire la vidange d’huile selon les données du manufacturier. Dans la plupart des cas, la viscosité du lubrifiant était W10-30 et bien entendu, on remplaçait le filtre à huile. Puis, on s’empressait d’ajouter : graisser.

Mais graisser quoi ? Et bien les différentes pièces de la suspension ainsi que quelques autres composantes de la partie inférieure du véhicule. Il y a belle lurette qu’on n’est pas obligé de procéder à cet entretien, mais même dans les années 60 et 70, c’était monnaie courante. De plus, la plupart des voitures à cette époque roulaient sur des pneus à semelles à plis croisés qui usaient pratiquement à vue de. Il n’était pas rare de remplacer ces pneumatiques à tous les 5000 milles ou 8000 km. Et en plus, au début des années 70, plusieurs constructeurs de pneumatiques de type conventionnel pour l’époque faisaient appel à une bande de roulement en polymère qui durcissait lorsque la température était très froide. Si vous aviez laissé votre voiture stationnée plus de huit heures à un endroit et que vous repreniez la route avec une voiture équipée de ses pneus, ça roulait carré pendant quelques kilomètres, histoire que la bande de roulement retrouve sa forme originale.

Pour certains d’entre vous, cela peut sembler se dérouler à une époque quasiment préhistorique, mais on était dans les années 70.

Il suffit de se rappeler le grand débat public concernant l’obligation des ceintures de sécurité pour se rendre compte à quel point on a effectué des progrès. Lorsque les législateurs ont voulu imposer cette mesure de sécurité, plusieurs s’y opposaient en disant que si jamais on avait un accident et que la voiture s’embrasait, la ceinture serait bloquée et on ne pourrait s’extirper du véhicule. Le même argument s’appliquait lorsque la voiture capotait dans un fossé rempli d’eau.

De nos jours, il serait impensable de ne pas boucler sa ceinture à trois points d’attache avant de prendre la route. Pourtant, dans les années 60, il y a eu tout un débat concernant le port obligatoire de la ceinture. Dans un premier temps, les législateurs l’ont rendu obligatoire et ont même obligé les constructeurs à installer un système qui empêche la voiture de démarrer si la ceinture n’était pas bouclée. Plusieurs concessionnaires, ne voulant pas perdre des ventes et devant les réticences des acheteurs potentiels, ne se faisaient pas prier pour débrancher ce système. Quant aux autres conducteurs, ils se contentaient de boucler la ceinture et de s’asseoir dessus.

De nos jours, il serait impensable de ne pas boucler sa ceinture à trois points d’attache avant de prendre la route. Pourtant, dans les années 60, il y a eu tout un débat concernant le port obligatoire de la ceinture. Dans un premier temps, les législateurs l’ont rendu obligatoire et ont même obligé les constructeurs à installer un système qui empêche la voiture de démarrer si la ceinture n’était pas bouclée. Plusieurs concessionnaires, ne voulant pas perdre des ventes et devant les réticences des acheteurs potentiels, ne se faisaient pas prier pour débrancher ce système. Quant aux autres conducteurs, ils se contentaient de boucler la ceinture et de s’asseoir dessus.

Pour contourner le problème, plusieurs constructeurs ont fait appel à une ceinture de sécurité motorisée don une partie se déplaçait le long de la partie supérieure de la portière. Lorsqu’on ouvrait celle-ci, la ceinture dégageait pour permettre de prendre place ou sortir de la voiture. Lorsqu’on referme la porte, cette ceinture se rabattait et s’enclenchait afin de vous protéger. Et combien de fois, des conducteurs aux conductrices distraits se sont penché la tête inopinément pour quasiment se faire guillotiner par cet accessoire de sécurité ?

Et de nos jours, des constructeurs soulignent avec emphase que leur véhicule est doté de huit ou même neuf coussins gonflables afin d’optimiser la sécurité de leurs produits. Pourtant, il y a également eu un débat qui a duré quelques années concernant l’obligation pour les constructeurs automobiles d’installer des coussins de sécurité dans les voitures.

On soulignait que ceux-ci pourraient se gonfler inopinément alors que l’on conduisait sur la route et que son déploiement causerait la perte du contrôle du véhicule de la part du conducteur et ce serait l’accident garanti avec des conséquences parfois irréparables.

De nos jours, tous les véhicules sont équipés de coussins gonflables et les déploiements accidentels sont rarissimes. Cependant, les coussins défectueux ont blessé et même tué des occupants lorsqu’ils se sont déployés suite à un contact et qui ont projeté des débris métalliques sur les passagers.

Les incontournables

Si vous conduisez une voiture toute récente, vous ne pouvez pas vous passer de la caméra de recul, des détecteurs de présence latérale et d’un système visant à vous protéger contre les collisions arrière et latérales. Dire qu’à une certaine époque, le seul moyen de détecter la présence d’un trottoir était d’installer des tiges métalliques à chaque passage de roues. Lorsque ces tiges frottaient sur le trottoir, elles émettaient un son avertissant le conducteur qu’il risquait d’endommager les pneus et même parfois les jantes.

Il n’y a pas si longtemps encore, plusieurs voitures vendues sur le marché n’étaient équipées que d’un rétroviseur extérieur du côté du conducteur. Il fallait débourser pour en faire installer un du côté droit de la voiture. Et même en 1967, l’année de l’Expo, sur plusieurs modèles les freins à disque avant étaient optionnels et il en était de même des appuis-têtes. Même si Volvo avait fait figure de pionnier avec ces sièges dotés de supports pour la tête, plusieurs prétendaient que cela nuisait à la conduite en obstruant potentiellement la vision du conducteur.

Vive la modernité

Aujourd’hui, la fiabilité des voitures, bien que certains critiquent la minceur des tôles, est fort impressionnante, et ce sur la grande majorité des modèles qu’ils soient de prix économique ou ultra luxueux. La motorisation a également fait des progrès énormes. À une certaine époque, franchir le cap des 161 000 km avec le même moteur relevait quasiment de l’exploit. Et encore fallait-il ne pas trop abuser de ce moteur. De nos jours, on se fait doubler sur l’autoroute par une petite voiture vieille d’une dizaine d’années et dont le conducteur ne se fait pas prier pour rouler à des vitesses excessives sans se préoccuper que le petit moteur quatre cylindres fasse défaut.

Au chapitre de la sécurité, il y a bien entendu la caméra de recul, le détecteur de présence latérale, le régulateur de vitesse intelligent qui adapte sa vitesse par rapport au véhicule qui nous précède et, dans bien des modèles, la voiture s’immobilise complètement face à un obstacle. Certaines sont munies d’un détecteur de piéton tandis que la conception de la voiture elle-même doit obligatoirement tenir compte de l’impact avec le piéton.

Cependant, cette débauche électronique risque de devenir un fil à la patte lorsque tous ces capteurs seront corrodés par les abrasifs étendus sur la route en période hivernale. De plus, les systèmes d’info divertissement sont gérés par des écrans tactiles ou des commandes de type qui sont source de distraction distinction et causent bien des ennuis.

Chevrolet BelAir 1956

Chevrolet Malibu 2020

C’est sans doute pourquoi, devant cette débauche de technologie et de sécurité que les constructeurs investissent autant d’argent dans la voiture autonome. Il suffira de prendre place à bord, inscrire la destination et laisser le système de gestion à intelligence artificielle nous rende à bon port. Mauvaise nouvelle pour les amateurs de conduite inspirée, ces voitures autonomes devront, par conception, respecter les limites de vitesse imposées et il sera relativement difficile d’enfreindre le Code de la route. Cependant, de récentes études ont démontré que ses voitures autonomes ne régleront pas tous les problèmes. Mais en attendant, ce qu’on nous offre présentement marque un pas en avant en matière de sécurité, de confort et d’agrément de conduite.