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Opinion

Sécurité accrue ! Vitesse réduite !

Les chiffres donnent raison

Texte : Denis Duuquet

2 septembre 2021

De nos jours, les voitures n'ont jamais été aussi sécuritaires. La carrosserie est en mesure de résister à des impacts majeurs et protéger les occupants du véhicule. D'ailleurs, il existe des normes gouvernementales ainsi que les tests de l'Insurance Institute For Highway Safety qui sont en mesure de quantifier les qualités de sécurité des véhicules en cas d'impact frontal, latéral et arrière. C'est toute une avancée par rapport à ce que l'on connaissait dans les années 50 alors que les voitures étaient énormes, mais protégeaient assez mal leurs occupants en cas de collision. Et comme il n'y avait pas de ceinture de sécurité, les occupants heurtaient les parois de l'habitacle et subissaient des blessures importantes, voire mortelles. 

Ce Chevrolet Bel Air 55 offrait peu en matière de sécurité

De nos jours, on connait  des progrès immenses en matière de sécurité active et passive. Tout est pris en considération. On  a même adopté des normes afin de protéger les piétons en cas d’impact avec un véhicule. 

Les multiples tests d'impact permettent d'améliorer la sécurité.

Les coussins gonflables ont permis de sauver des milliers de vie.

Et l’utilisation de l’électronique afin de rendre les voitures plus sécuritaires est prédominante. De nos jours, on nous avertit lorsque le véhicule chevauche la ligne blanche, le conducteur se voit recommander de prendre un repos en cas d'endormissement, le véhicule s'immobilise de lui-même face à un obstacle et différents capteurs soulignent la présence d'un obstacle. Sans oublier bien entendu une caméra de recul et même dans plusieurs cas, des caméras qui affichent l'environnement de la voiture et même lorsqu'on actionne le clignotant. Bref, la liste est quasiment interminable.  

Dire qu'à une certaine époque, la conception sécuritaire du volant et du rembourrage sur la planche de bord étaient considérés comme des éléments pratiquement révolutionnaires. Sans oublier le fait que la ceinture de sécurité a été un élément de discussion pendant des années et ce n'est que dans les années 60 qu'elle s'est répandue. Cette ceinture à la taille a été remplacée par une ceinture à trois points d'ancrage qui a été développée par Volvo, le constructeur automobile qui s'est donné pour mission de fabriquer des véhicules sécuritaires à tous les points de vue. 

Si on compare les voitures d'aujourd'hui par rapport à celle des années 60, période où la démocratisation de l'automobile s'est accentuée, c'est le jour et la nuit. En effet, plusieurs tests sont démontrés que certains modèles étaient littéralement des cercueils sur roues aussi bien en cas d'impact quant ils n’étaient  pas en mesure de maintenir la voiture sur la route tant les suspensions et les pneumatiques étaient exécrables. 

Pourtant ! 

On serait donc en toute logique, en mesure de voir les limites de vitesse en progression, étant donné que les véhicules offrent une sécurité très poussée. Pourtant, c'est bien le contraire alors que les municipalités, les provinces et les états se font un point d'honneur de réduire les vitesses affichées. Par exemple, dans les années 60,  sur les autoroutes, la vitesse était de 70 MPH soit 112 km/h tandis que la limite de vitesse dans la plupart des municipalités était de 30 MPH ou 48 km/h. 

 Bref, après plus d'un demi-siècle, les vitesses sont diminuées et n'ont pas augmenté. Et tout dernièrement, la Ville de Paris a adopté un règlement, qui veut que la vitesse maximale pour la ville soit de 30 km/h afin de réduire le bruit et augmenter la sécurité générale aussi bien des automobilistes que  des piétons. 

Il faut également ajouter que les conducteurs de nos jours sont plus nombreux sur les routes et que l'utilisation de multiples produits stupéiant vient ajouter à la complexité la situation. 

On peut se demander à quoi servent toutes ces avancées technologiques en matière de sécurité alors que l'on réduit la vitesse. 

Si les limites de vitesse régressent, c'est qu'il est prouvé que la grande majorité des automobilistes ne respecte pas les limites affichées. Donc, la plupart des villes ont le raisonnement suivant : si la limite est de 50 km/h, la majorité des véhicules sur la route vont rouler à 70 km/h. Par contre, si on abaisse la limite de vitesse à 40 km/h, il est fort possible que les gens circuleront à 50 km/h, ce que l'on ne pouvait obtenir avec la législation antérieure. 

C'est un règlement par l'absurde, mais c'est généralement la triste réalité. Les limites de vitesse sont des lois que l'on enfreint allègrement tous les jours et probablement les seules lois que l'on ne respecte pas. C'est donc en fonction de notre manque de respect des limites de vitesse, que l'on  réduit les limites de vitesse alors que les véhicules offrent plus de sécurité que jamais. 

Les chiffrent parlent 

Pourtant, si on prend le temps d’analyser le nombre de fatalités sur nous routes, il est certain que la présente situation comprenant limites de vitesses réduites et voitures sécuritaires ont des effets plus que positifs sur la réduction des fatalités sur les routes du Québec. 

Par exemple, alors que le nombre de voitures est pratiquement le double  qu’en 1973, on a enregistré 340 fatalités sur les routes du Québec en 2020 alors qu’on déplorait 2209 victimes en 1973. Vous avez bien lu,  2209, ce n’est pas une faute de frappe. Vingt ans plus tard, en 1993, ce total était de 945.  La réduction des décès sur nos routes est impressionnante et il ne serait pas erroné de conclure que des voitures plus sécuritaires et des limites de vitesse plus strictes en sont la résultante. 

Les conséquences de la vitesse et du non respect de la sécurité routière.

Incidemment, au chapitre de la sécurité routière sur le plan mondial, le Canada figure parmi les pays de tête en fait de bilan de sécurité positif avec 5,34 fatalités par 100 000 habitants par rapport à nos voisins du Sud qui affichent une moyenne de 12,67 fatalités routières par 100 000 habitants. Pour fin de comparaison, le bilan de la France est de 5,13 et celui de la Chine de 17,36. Ces données sont compilées par l’Organisation mondiale de la santé. 

Le pays le plus dangereux en matière de sécurité routière ?  La République Dominique avec 64 décès sur les routes par100 000 habitants. 

Bref, d’un bilan catastrophique sur nos routes en fait de décès il y a 50 ans, les progrès sont remarquables bien que le nombre d’accidents soit en hausse.