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Pourquoi n’y a-t-il pas plus de voitures électriques japonaises?

Par Éric Descarries

Photo Toyota

29 janvier 2021

Tout le monde a les yeux tournés vers la configuration électrique de l’industrie automobile. Les constructeurs américains sont à s’y lancer corps et âme, surtout Ford avec ses Mustang Mach-E, Ford F-150 et Transit toutes électriques et GM avec ses Bolt en plus de ses GMC Hummer, fourgons de livraison EV600 et Cadillac à venir alors qu’en Europe, le nombre de constructeurs se tournant vers cette technologie sont de plus en plus nombreux (on n’a qu’à penser à tous les prototypes à venir des grands noms alors que certaines marques haut de gamme comme Mini, Bentley et Jaguar aient déjà annoncé leur totale implication envers l’électrique au cours des années à venir). Même nos amis sud-coréens ont pris une longueur d’avance avec des autos de production comme les Hyundai Ioniq et Kia Kona alors qu’en Chine, presque tous les nouveaux petits constructeurs aient choisi l’électrique comme moyen de propulsion forçant ainsi les plus grands à faire de même. Mais, curieusement, presque rien ne semble nous provenir du Japon !

 

En effet, au départ, tout semblait indiquer que les constructeurs japonais allaient prendre toute une avance sur leurs concurrents alors que Nissan mettait sur le marché une voiture électrique populaire qui allait connaître un certain succès sur le marché, la Leaf! Toutefois, depuis ce temps…plus rien! Ou presque…

 

Récemment, on apprenait que Honda, un de ces joueurs japonais, allait s’allier avec General Motors pour co-développer des systèmes de propulsion électriques. Nissan, malgré la continuité de sa Leaf (maintenant avec plus d’autonomie), doit se tourner vers son partenaire industriel Renault pour produire des véhicules électriques dont le prototype Arriya en serait un parfait exemple. Quant à Subaru, maintenant dans le giron de Toyota, celui-ci attend que son géant partenaire lui montre le chemin ce qui serait aussi le cas de Mazda, un autre nom gravitant autour de Toyota, qui, malgré tout, travaille au développement de voitures électriques se fiant à un petit moteur à essence pour lui produire le courant (fort possiblement un minuscule rotatif), un peu à la façon que GM faisait dans le passé avec la Volt, une voiture utilisant une configuration maintenant disparue (tout comme les Ford C-Max et Fusion Energy de la même technologie).

 

Récemment, le géant Toyota nous dévoilait des images de ce qui deviendra sous peu ses premiers modèles de véhicules tout électriques. Mais on n’y a pas senti d’enthousiasme. Voyez-vous, les constructeurs japonais ne sont pas sûrs de l’avenir des autos électrique en Amérique du Nord. Ils croient plutôt aux véhicules hybrides et surtout à ceux qui utiliseront les piles à combustibles (une formule qui semble intéresser plus les constructeurs de poids lourds comme Navistar International et…autres).

 

Coup de théâtre récent, le nouveau premier ministre (interimaire) du Japon, Yoshihide Suga, a annoncé en début d’année que d’ici 2050, ce petit pays devra être complètement libéré des gaz d’effet de serre qu’il produit. Cela veut donc dire zéro émission des véhicules. Et cela ne peut se faire que par l’électricité!

 

Le Japon pourra-t-il le faire ? Le chat est sorti du sac, il y a quelques semaines quand le président de Toyota, Akio Toyoda a déclaré ne pas être convaincu que la configuration électrique soit l’alternative idéale aux moteurs à combustion interne. Au départ, selon lui, le modèle d’affaire actuel de l’industrie automobile s’effondrera si celle-ci passe trop rapidement à l’électricité, une hypothèse qui a déjà été avancée plusieurs fois avec la possibilité que cette catastrophe puisse arriver au cours des 10 à 15 années à venir si l’on se fie à la facilité que plusieurs petites compagnies, des «start-up» comme Rivian, Lordstown et même Apple (qui pourrait s’associer avec Magna International, l’imposant fournisseur canadien de pièces d’automobile) puissent construire aussi facilement leur propre véhicule électrique...tout comme Tesla l’a fait récemment !

 

Quand il est question de voitures totalement électriques, Toyoda fait alors mention du manque plus que probable de capacité de plusieurs pays de produire toute l’électricité nécessaire pour soutenir d’importants parcs automobile fonctionnant tous à l’électricité. Malgré un développement de batteries des plus efficaces, le dynamique président de Toyota croit qu’il n’y aura pas assez d’électricité disponible. Au Japon, son pays natal où se trouve le siège de son entreprise familiale, il estime que l’infrastructure pour répondre à la demande d’un parc automobile 100 % électrique coûterait de 135 à 358 milliards $ US ce qui exigerait un important pourcentage du PIB (Produit Intérieur Brut) local. N’oubliez pas que ce pays a une économie qui est, depuis plusieurs années, stagnante! Qui plus est, l’électricité japonaise est d’abord produite par du charbon, du gaz et du nucléaire ce qui ajouterait encore plus à la pollution actuellement produite par le pays

Ce que Toyoda a derrière la tête est de faire produire cette électricité par de petits moteurs à combustion interne intégrés au véhicule. Et, on ne peut nier que Toyota est passé maître dans l’art de produire des configurations hybrides! D’autre part, toujours chez Toyota, on semble plus croire à l’avenir des piles à combustible capables de produire leur propre électricité. Toutefois, trop de pays sont à établir une infrastructure de distribution d’électricité ce qui pourrait retarder l’implantation de la pile à combustible ce qui n’aidera pas alors aux idées de Toyoda.

Chez Toyota, on a récemment procédé au dévoilement d’une poignée de prototypes qui seraient les voitures électriques à venir du constructeur. En même temps, le principal constructeur japonais annonçait qu’il développerait des batteriesà semi-conducteurs plus petites avec une plus grande autonomie…qui n’existent que sur papier pour le moment. Plus puissantes que les versions au Li-ion, il faudrait aussi pouvoir les produire en masse à un prix assez bas! Le tout devrait nous arriver autour de 2022…ou plus tard. Personnellement, j’ai plus confiance à…plus tard!

Que le Québec interdise la vente de voitures à essence dès 2035, ça va. Mais à la vitesse où les innovations technologiques nous arrivent, est-ce que ce sera vraiment nécessaire?

Le constructeur japonais Toyota nous promet toute une gamme de voitures électriques d’ici deux ou trois ans…vraiment?