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Toyota 4 Runner. Un costaud plus civilisé

Texte et photos : Denis Duquet

24 août 2020

Je dois avouer que ma dernière rencontre avec ce modèle m'avait laissé quelque peu sur mon appétit. Bien entendu, au chapitre de la conduite hors route, il avait démontré des qualités indiscutables. Mais l’expérience de conduite était plutôt mitigée puisque la suspension absorbait mal les nombreuses bosses de la chaussée tandis que la direction était un tantinet imprécise. Je m’interrogeais même quant à la nécessité d‘un tel modèle dans la gamme Toyota.

Mais il ne faut jamais désespérer de ce constructeur. Il est vrai que mon véhicule d’essai de cet été avait la même silhouette de costaud, la même présentation avant dessinée en vue d’afficher son caractère costaud, mais l’expérience de conduite s’est révélée différente. Il faut cependant souligner que mon véhicule d’essai était une version TRD Off Road dotée du groupe d’options Venture, ce qui en fait un véhicule fort bien équipé dont le prix de détail suggéré par le manufacturier était de 55 336.40. Cette somme comprend un coût de transport et de préparation de 1815 $.

Par contre, cela ne signifie pas que ce groupe d’options ait modifié le comportement routier et les qualités de conduite hors route puisque la plupart des éléments qui comprennent l’option Venture ont pour effet de rehausser le niveau de confort et de sécurité. Par exemple, ce groupe comprend le contrôle automatique de la température à deux zones, une clé intelligente avec démarrage à bouton poussoir, des rétroviseurs à réglage assisté, le système de navigation intégré, des longerons de toit peints en noir et un système audio de qualité supérieure pour ne nommer que quelques-uns les composantes de cette option. Du lot, rien pour modifier le comportement routier et la conduite hors route.

En ce qui concerne les caractéristiques mécaniques, le rouage d’entraînement est un système quatre roues motrices temporaire avec possibilité de verrouiller le différentiel arrière par le biais d’un levier de commande ancré sur la console centrale à droite du levier de vitesses, comme à l’ancienne. Ce qui signifie qu’on ne peut utiliser le rouage aux quatre roues seulement lorsque la chaussée est glacée, mouillée ou à faible coefficient d’adhérence. Oubliez de désengager le système sur une voie sèche et vous allez vous apercevoir de la différence assez rapidement, surtout lorsque vous allez aborder un virage. C’est d’ailleurs fortement déconseillé de rouler avec le système engagé par une chaude journée d’été. Toutefois, si un orage violent éclate, le système 4x4 pourrait s’avérer utile.

De plus, le rouage tout-terrain comprend une commande de marche lente et le régulateur de traction actif A-TRAC. Ajoutez une garde au sol élevé, des pneus à semelles dotées de rainures profondes et vous êtes équipés pour aller jouer dans la boue, affronter des sentiers quasiment impraticables et bien entendu foncer dans les congères en hiver.

Des composantes éprouvées

Toyota a une incroyable réputation de fiabilité. Cela s’explique en partie parce que l’on est réticent à faire appel à des composantes non éprouvées et susceptibles de flancher. Nous en avons un autre exemple avec ce modèle puisque le moteur V6 de 4,0 litres est un vétéran. Il produit 270 chevaux et 278 livres pieds de couple et il est associé à une boîte automatique à cinq rapports. Les amateurs de nouveautés seront déçus, mais ceux qui recherchent un ensemble fiable apprécieront. De plus, même s’il n’est pas de la toute dernière jeunesse, ses performances sont correctes puisqu’ils bouclaient le traditionnel 0–100 km/h en un peu moins de neuf secondes.

Ceci dit, les accélérations intempestives se traduisent par un niveau sonore relativement élevé dans l’habitacle. Quant à la transmission automatique, on ne perçoit pas sa présence et les passages des rapports sont imperceptibles. Détail intéressant, tous les modèles 4Runner sont équipés d’office d’un attelage de remorquage de catégorie IV tandis que la capacité de remorquage est de 5000 livres, ce qui est adéquat à mon avis compte tenu de l’utilisation envisagée.

Et pour les personnes qui se désolent des directions à l’assistance électronique, ce gros Toyota propose une direction à assistance hydraulique, comme dans le bon vieux temps.

Surprise ! Surprise !

Lors de la prise en main de mon véhicule d’essai, j’ai été surpris dès le début du fait que la direction était plus précise qu’auparavant et que la suspension avant ne sautillait plus à la moindre imperfection de la route. Dans le jargon, la plupart des constructeurs procèdent à des « running changes », à savoir les modifications en cours de production sans toujours les annoncer.

Ce sont parfois des réglages différents, des amortisseurs mieux calibrés et d’autres changements du genre. Et il faut souligner que mon modèle d’essai le système de suspension cinétique dynamique – KDSS ou Kinetic Dynamic Suspension System- qui explique sans doute sa suspension fortement améliorée. Une chose par ailleurs que je n’ai pu vérifier puisque cet essai s’est effectué en été est la qualité du système de gestion électronique de la tenue de route. Un essai antérieur effectué en hiver m’avait permis de découvrir un système relativement primitif qui intervenait brutalement soit trop tôt, soit trop tard. J’ai essayé par une journée pluvieuse de vérifier si les choses avaient changé, mais peine perdue.

Autoroutes et tout-terrain

Bien entendu, je me suis dirigé vers mon sentier d’essai pour vérifier les qualités hors route du 4 Runner catégorie. Comme je m’y attendais, il s’en est tiré avec les honneurs de la guerre, franchissant sans problème les trous, les bosses et une section particulièrement boueuse. Le rouage 4X4 s’est bonifié au fil des années, et pas besoin d’être un expert en conduite pour s’en sortir.

Ceci fait, j’ai eu l’occasion d’effectuer le trajet Montréal–Québec–Montréal au volant de ce costaud. L’un de mes fils m’a demandé si ça allait bien et si j’étais devenu masochiste d’entreprendre un trajet d’environ 500 km au volant d’un véhicule pas nécessairement à son meilleur sur la grande route.

En toute honnêteté, j’ai été surpris du confort relatif de la suspension tandis que la direction n’avait pas la précision de celle de la Supra, mais c’était très correct. Il faut souligner que les sièges se sont révélés confortables.

Avec mon système Android Auto, j’ai pu me diriger vers la Vieille Capitale en empruntant certaines routes secondaires avant de rejoindre l’autoroute Jean Lesage, et tout s’est bien déroulé. Par contre, un écran de huit pouces de nos jours semble quasiment ridiculement petit alors que certains autres véhicules en proposent presque le double. Malgré tout, si vous avez à faire beaucoup d’autoroutes et même de routes secondaires, vous devez toujours vous souvenir que le 4 Runner est à vocation spécialisée comme en témoignent ses pneus à la semelle aux sculptures profondes, au porte-bagage sur le toit et, bien entendu, une garde au sol élevée.

Ce gros tout terrain devrait intéresser les amateurs de chasse et de pêche qui doivent emprunter des chemins forestiers ou même des sentiers quasiment impraticables. De plus, la capacité de remorquage de 5000 lb est suffisamment importante pour permettre de tracter une embarcation en été et des motoneiges en hiver. Le design de l’habitacle commence à dater, mais c’est correct pour la catégorie. Les sièges avant sont réglables en huit positions et confortables.

Bref, si vous lisez un essai routier critiquant cette Toyota pour son inconfort, sa suspension primitive et une direction déconnectée l’auteur s’est basé sur le souvenir de quelques années, puisqu’on a procédé à de nombreuses améliorations. Par contre, il faut être un amateur des véhicules à châssis autonome et à rouage d’entraînement 4x4 plutôt rétro ainsi que prix passablement corsé pour jeter son dévolu sur ce modèle.