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Alfa Romeo Stelvio

Excitant et irritant à la fois

 

Par Denis Duquet

Photos : FCA Canada

14 novembre 2019

La marque Alfa Romeo est synonyme de voitures aux lignes sophistiquées, aux performances parfois impressionnantes et offrant pratiquement à tout coup un agrément de conduite très relevé. Dans le cadre de son retour sur notre marché, la marque milanaise nous propose un VUS à vocation sportive dérivé de la berline Giulia lancée précédemment. Et comme le veut la tradition de cette marque, il s’agit d’un véhicule à la fois élégant et performant. Mieux encore, notre modèle d’essai était la version Quadrifoglio, soit la plus sportive de la gamme. En plus, elle était équipée de pratiquement tous les accessoires optionnels disponibles, ce qui a fait grimper la facture à 117 000 $ alors que le prix de base était d’environ 95 000 $. Bref, difficile de trouver à redire à ce chapitre, pas nécessairement en matière de prix, mais d’équipement.

Pour souligner le caractère à la fois sportif et tout usage de ce modèle, les décideurs d’Alfa Romeo ont choisi de l’identifier au col du même nom. Et celui-ci n’est pas piqué des vers. En effet, le col du Stelvio (en italien : Passo dello Stelvio, en allemand : Stilfser Joch) est le plus haut col routier des Alpes italiennes, c'est aussi le second plus haut col routier de toutes les Alpes après celui du col de l'Iseran (2 764 m) en France. Et il est considéré par plusieurs comme étant la route européenne la plus agréable à conduire de façon sportive et également l’une des plus dangereuses.

Voyons donc ce qu’il en retourne en fait de performance, d’agrément de conduite et de son comportement dans la circulation dense de Montréal.

Élégante

Il est certain que les stylistes ont respecté la tradition de la marque en dessinant une silhouette très élégante qui se démarque de la plupart des autres VUS de la catégorie. Les lignes sont fluides, on n’a pas l’impression d’avoir affaire à une boîte tandis que la grille de calandre constituée d’un triangle vertical arborant à sa partie supérieure le légendaire logo de la marque donne du caractère. Les Alfisti appellent cette grille de calandre « scudetto » qui signifie petit bouclier en italien. Il faut également souligner les imposantes prises d’air placées de chaque côté de la partie inférieure de la grille. Enfin, des feux de route très allongés ajoutent à la présentation. Le hayon arrière est incliné afin de donner une allure plus sportive au véhicule, mais cela bien entendu au détriment de la visibilité arrière qui vous fera apprécier la caméra de recul.

L’habitacle de notre véhicule d’essai était tout de noir garni avec de multiples appliques en fibres de carbone. De plus, la plupart des commandes et boutons étaient cerclés d’aluminium brossé, ce qui contrastait d’élégante façon avec l’environnement. Plusieurs ont critiqué la qualité des matériaux et de la finition. J’ai l’impression que certains ont confondu austérité et finition décevante.

Détail intéressant à souligner, notre version était équipée d’un siège du conducteur qui offrait un support latéral fort apprécié. Réglable manuellement sauf la hauteur qui était à commande électrique. Et contrairement à certains autres véhicules censés être à caractère sportif, aussi bien l’accélérateur que la pédale de frein étaient de bonnes dimensions tout comme le repose-pied. À l’arrière, l’espace pour les passagers est correct, mais on aurait apprécié un peu plus de commandes à l’arrière du module central puisqu’il n’y a que deux buses de ventilation seulement.

Mécanique raffinée

La version Quadrifoglio ne fait pas figure de parent pauvre en ce qui concerne la mécanique. Son moteur V6 2,9 litres turbo produit 505 chevaux et 443 livres pieds de couple. Il est dérivé d’un moteur Ferrari et sa sonorité en accélération est exceptionnelle, du moins pour les amateurs du genre. Ce V6 est associé à une boîte automatique à huit rapports contrôlée à l’aide de manettes en aluminium placées derrière le volant.

La traction intégrale est de série tout comme le vecteur de couple associé à un différentiel arrière autobloquant. Bien entendu, notre véhicule était doté de freins à disque Brembo en céramique et carbone. En plus, la suspension est active et se modifie au gré de la sélection du mode de conduite. Ceux-ci sont au nombre de quatre : Course, Dynamique, Naturel et Efficacité Avancée. Et plus on sélectionne un mode dynamique, la direction et la suspension sont modifiés en conséquence tandis que la sonorité du pot d’échappement s’accentue.t Avant de l’oublier, il est important de noter que la répartition du poids est idéale, soit 50-50 avant et arrière.

Cette version, la plus sportive du lot, permet de boucler le traditionnel 0-100 km -h en 3,6 secondes. Performance impressionnante pour toute voiture, mais encore plus quand on pense qu’il s’agit d’un VUS.

Éblouissante

Le comportement sportif du Stelvio ne fait pas mentir la réputation d’Alfa-Romeo en matière d’agrément de conduite et de performance. Abordez une route sinueuse à des vitesses supérieures aux limites affichées et vous allez rapidement être impressionnés aussi bien par la précision de la direction que par la stabilité dans les courbes, et ce peu importe la vitesse à laquelle on les aborde. Les freins en céramique carbone sont très efficaces, mais il faut prendre le soin de les réchauffer quelque peu avec quelques arrêts ou ralentissements pour les porter à la température. Faute de quoi, il se peut que votre premier freinage soit un peu plus long que la moyenne. Et cette caractéristique va revêtir une tout autre importance en conduite urbaine. J’y reviendrai.

Bref, si vous êtes parmi ceux qui favorisent le caractère plus sportif qu’utilitaire d’un VUS, le Stelvio a tout pour vous plaire. De plus, la version qui nous avait été prêtée possédait tous les accessoires nécessaires à une conduite inspirée en partant par ce siège du conducteur sport. De plus, le volant se prend bien en main et il est facile d’atteindre les leviers de changement de vitesse. Détail intéressant, le bouton pour démarrer le moteur est placé sur le volant. Sa couleur rouge contraste fort bien avec un environnement tout noir.

Mais ce type de conduite inspirée se paie à la pompe puisque la moyenne observée a été de 14,6 litres aux 100 km et même un peu plus en certaines circonstances lorsqu’on jouait de l’accélérateur de façon un peu plus agressive.

Stressante

Autant le Stelvio nous impressionne en conduite agressive sur des routes secondaires, autant il est stressant en conduite urbaine. En tout premier lieu, lorsque les disques de freins ne sont pas montés en température, la distance de freinage est plus longue que la moyenne. Donc, il faut prendre le temps de les réchauffer en appuyant de façon sporadique sur la pédale de freins pour pouvoir bénéficier d’une distance plus courte. Mais ce n’est que l’élément le moins stressant de la conduite. Sur la route, cela n’a pas tellement d’importance, mais en ville, votre premier freinage risque de vous donner des sueurs froides.

Je ne sais pas si le système d’injection était mal réglé ou tous les Stelvio ont cette caractéristique, mais le moteur a tendance à vouloir poursuivre lorsqu’on lève le pied de l’accélérateur. Ce n’est pas une accélération involontaire, mais juste assez pour devenir stressant au fil des arrêts et départs dans la circulation lourde. Il faut alors appuyer plus que de mesure sur les freins pour immobiliser le véhicule. J’ai été pris dans la circulation lourde pendant plus de 40 minutes, et je commençais à en avoir marre de cette caractéristique. De plus, la visibilité arrière est très limitée. Ce qui ajoute quelque peu au stress de la conduite urbaine.

De plus, les rapports de boîte sont étagés pour une conduite plus agressive. De sorte qu’en ville et sur les artères principales, les deux rapports supérieurs sont parfois mal adaptés, il faut alors rétrograder en cinquième ou sixième vitesse à l’aide des palettes montées derrière le volant.

Fiabilité ?

Donc à vous de choisir si vous préférez un véhicule sportif capable de vous impressionner sur un circuit routier ou encore sur des routes secondaires sinueuses et si les inconvénients de sa conduite urbaine ne vous dérangent pas. Par ailleurs, la marque à une désolante réputation au chapitre de la fiabilité. Presque tous les textes portant sur ce modèle ont confirmé sa réputation à ce chapitre.

Pourtant, notre modèle d’essai avec plus de 12 000 km au compteur et selon les dires de la personne qui est chargée de la gestion de la flotte de presse de cette marque et de plusieurs autres marques également m’a souligné que ce modèle n’avait connu aucun pépin mécanique et n’avait jamais visité le concessionnaire à ce chapitre.

Il s’agit d’un seul exemplaire, mais c’est peut-être un indice qu’on a travaillé à remédier à ce problème qui peut risquer d’en décourager plusieurs. Il faut être optimiste et croire que la situation va continuer à s’améliorer et inciter plus des gens à se procurer le plus sportif des VUS de luxe.