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BMW Motorsport. Karl Lagerfeld oui ! Sanair non !

Texte : Denis Duquet

24 septembre 2020

Au cours de sa carrière, Denis Duquet a rencontré bien des gens et connu des situations qui étaient parfois cocasses. Cette fois-ci, il s’amuse au détriment des gens de Motorsport.

Il arrive parfois que les Allemands soient trop concentrés, trop rigoureux ou trop à la recherche de la vérité. J’en ai eu la preuve une fois de plus alors que nous avions été évités à visiter les quartiers généraux de la division sportive Motorsport de BMW. Ces ateliers produisaient des voitures fort impressionnantes aussi bien en course que sur la route. Il faut se souvenir qu’à cette époque, dans la catégorie des voitures de tourisme, certaines améliorations au chapitre de la mécanique et de la suspension en plus d’accessoires aérodynamiques étaient autorisées, pour autant que le constructeur fabrique un certain nombre d’unités destinées à la vente au public.

Centre Motorsport Munich

En ce qui nous concerne, la Série 3 revue et corrigée par les ingénieurs de Motorsport dominait en course et faisait saliver les amateurs de voitures de performance. De plus, comme la production était limitée, cela rendait cette voiture encore plus désirable. Mais, il y avait plus que ce modèle à découvrir dans ces ateliers et la direction de BMW nous avait invités à découvrir cette caverne aux trésors qu’était Motorsport. Je me souviens encore aujourd’hui des ateliers de modification des moteurs, de l’endroit où l’on préparait les voitures de course et la rencontre avec les ingénieurs responsables de ces tours de magie. Nous avons même été présentés au Prince de Bavière, coureur automobile à ses heures, qui était venu s’informer de la progression de la mise au point de sa voiture de course.

BMW M3

Inutile de préciser que nous étions au septième ciel dans le cadre de cette visite alors qu’on pouvait admirer et contempler des voitures extraordinaires. En plus, on était très heureux de nous présenter une voiture que l’on avait individualisée pour le designer de mode Karl Lagerfeld, mondialement connu. En effet, Monsieur Lagerfeld avait établi la liste des modifications qui devaient être apportées à cette voiture. Il ne s’agissait pas de transformation mécanique, si je me souviens bien, mais surtout d’éléments de décoration, de matériaux et de tissus. Je me rappelle d’un élément que j’avais trouvé cocasse, un réceptacle tout de cuir revêtu servant à accueillir une vulgaire boîte de papier mouchoir. Même les grands de ce monde ont besoin d’utiliser ce produit de temps à autre.

Karl Lagerfeld

Il faut préciser que par la suite, dans les années subséquentes, BMW a produit plusieurs versions de la L7 portant la signature de Karl Lagerfeld. Mais dans le cas qui nous concerne, ce n’était qu’une voiture personnalisée dans le cadre du programme « Individual » du constructeur.

 

Donc, c’est avec grande fierté que cette voiture nous a été présentée dans le menu détail. Puis, l’un de nos interlocuteurs nous a souligné que chaque voiture offerte par ce service propose une palette de couleur dont chacune était nommée en inspiration de circuits de course reconnus. Dans le cas qui nous concerne, la voiture était de couleur Bleu Monza. On a précisé que pour Silverstone en Grande-Bretagne, c’était le vert et pour le Nürburgring en Allemagne, c’était la couleur blanche.

BMW L7 Karl Lagerfeld

Alors, le plus sérieusement du monde, je leur ai demandé s’il y avait une couleur pour la piste de course de Sanair au Canada. À peine avais-je terminé ma phrase, que je pouvais lire la consternation et la confusion chez mes interlocuteurs. Les Allemands, surtout dans le milieu automobile, n’aiment pas tellement se faire prendre en défaut au chapitre des connaissances, qu’il s’agisse d’une obscure piste de course quelque part dans le monde ou encore d’un circuit bien établi au Canada. Devant les regards interrogateurs, j’ajoute que cette piste avait été visitée par le circuit Indy Car, était à l’époque le site d’une épreuve d’accélération NHRA d’envergure continentale en plus d’ajouter que Sanair était le site de nombreuses compétitions nationales et locales.

Je leur ai même suggéré que si une couleur pour ce circuit n’existait pas de développer la couleur Bleu Sanair en s’inspirant de la couleur du drapeau du Québec ou encore, le noir et le blanc du logo Sanair. Il y a eu beaucoup de va et vient, de conciliabules, pour finalement se confondre en excuses et m’annoncer avec grand regret qu’on n’avait pas concocté de couleur pour ce circuit, bien qu’il soit connu mondialement selon mes dires, tout simplement parce que personne n’avait commandé de voitures « Individual » au Canada. Je les ai remerciés poliment et cessé de me payer la tête de nos hôtes qui étaient fort accueillants soit dit en passant.

Circuit Sanair

Une fois notre visite matinale terminée, on nous a intimé de choisir un modèle parmi les voitures qui étaient à notre disposition et nous avons quitté l’Allemagne la direction de l’Italie pour ensuite poursuivre notre route vers la Suisse et la France dans les jours qui ont suivi dans le cadre d’un périple qui m’a permis pendant quelques jours d’essayer à chaque journée un modèle différent.

C’était pratiquement un paradis pour un chroniqueur automobile aussi bien d’avoir la possibilité de conduire des voitures très agréables et performantes sans oublier des routes qui permettent un agrément de conduite fort relevé. Quant à la couleur Bleu Sanair, j’attends toujours.