Après le second conflit mondial, l'Allemagne est complètement dévastée et son système économique est moribond. Bien entendu, les usines de toutes catégories ont été bombardées et leur capacité de production sérieusement réduite. Les entreprises qui avaient produit des avions et du matériel aéronautique ne pouvaient plus fabriquer aucun produit associé à l'aéronautique.

Trois des plus grands producteurs de matériel volant destiné à la Luftwaffe se sont tournés à la production automobile, mais les véhicules concoctés étaient vraiment très spéciaux. En effet, non seulement les automobiles avaient des formes hors normes, mais elles étaient minuscules et propulsées par des moteurs de faible cylindrée.

Ce trio était composé de BMW, Heinkel et Messerschmitt.

BMW Isetta 

Contrairement à Heinkel et Messerschmitt, BMW n’a pas développé d’avion militaire pour le IIIe Reich. L’entreprise bavaroise a cependant contribué à l’effort de guerre allemand en fabriquant des motos militaires, certains véhicules de guerre et surtout le moteur d’avion Bramo refroidi à l’air qui équipait le légendaire chasseur Focke Wulf 190.

Compte tenu des restrictions d’après-guerre, BMW connaît des moments difficiles et doit trouver de nouveaux produits de fabrication. En 1955, elle débute la fabrication de la Isetta produite sous licence de la compagnie italienne Iso. Cependant, les ingénieurs bavarois en font une véritable BMW de sorte que les deux voitures n’ont pratiquement aucune pièce en commun.

La voiture est propulsée par un moteur de moto BMW. Il s’agit d’un monocylindre 4 temps de 247 cc de 12 chevaux. La vitesse de pointe est de 85 km/h. On prend place à bord par la porte avant et, pour faciliter l’accès, le volant se déplace avec la portière.

La transmission est à quatre rapports et est reliée à deux minuscules roues arrière. La version 600 est plus longue, plus large et animée par un moteur de 582 cc permettant d’atteindre une vitesse maximale de 103 km/h.

La production totale incluant les versions italienne, allemande, française, anglaise et brésilienne totalise 161 728 unités.

Heinkel Kabine

Ce constructeur aéronautique a été fondé en 1922 par Heinrich Heinkel. En raison des nombreuses restrictions du traité de Versailles, Heinkel a conçu et fabriqué de nombreux avions à vocation civile entre les deux guerres. Lors du réarmement de l’Allemagne sous Hitler, Heinkel a produit plusieurs
variantes de bombardiers à long rayon d’action.

À la fin de la guerre, étant frappée d’interdiction de développer des avions, pour survivre, l’entreprise Heinkel fabrique des bicyclettes, des vélomoteurs et des mobylettes. Cependant, au milieu des années 50, l’entreprise produit sous licence le chasseur américain F104 Starfighter pour la Luftwaffe.

Compte tenu de la situation précaire du parc automobile allemand, les microvoitures ont la cote. Cela incite Heinkel de produire un « Bubble, car », le Kabine en 1956. Le modèle 150 est un tricycle avec roue arrière unique. Son moteur est un monocylindre de 175 cc qui sera remplacé par un moteur de 200cc.

Monsieur Heinkel décède en 1958, année de cessation de la production. Au total, environ 6000 exemplaires seront produits. Par la suite, les droits sont cédés à la société irlandaise Dundolk la même année.

Messerschmitt « Kabinenroller »

Le Messerschmitt 109 est l’un des avions de combat les plus connus du second conflit mondial. Il est celui qui a été produit en plus grand nombre avec 34 000 exemplaires.

Après la guerre, Willy Messerschmitt est emprisonné pendant deux ans, coupable d’avoir contribué à l’effort de guerre nazi. De retour à la barre de son entreprise, comme il ne peut plus fabriquer d’avion, son entreprise fabrique des maisons préfabriquées, des machines à coudre et des microvoitures.

En 1952, le premier « Kabinenroller », le KR175, est commercialisé. Sa silhouette est vraiment particulière en raison de la présence d’un « canopy » ancré par la droite. Des versions cabriolet
ont également été fabriquées. De plus, la voiture est dirigée par un guidon et non un volant.

Le moteur est un monocylindre deux-temps qui est lancé au début par un câble rétractable. La boîte de vitesses à quatre rapports n’est pas synchronisée. D’une cylindrée de 174 cc, ce moteur produit 9 chevaux et permet d’atteindre une vitesse maximale de 80 km/h. La consommation observée était de 3,7 l/100 km.

La production a cessé en 1964. Plus de 15 000 exemplaires ont été fabriqués.

D’autres « Bubble, car » ont été produits par d’autres entreprises, mais ce trio est le plus marquant et le plus populaire.