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Chicago Auto Show 2019. Des progrès, mais…

par Denis Duquet

14 février 2019

Pendant des décennies, le Salon de Chicago ou CAS comme on aime l’appeler aux États-Unis était l’événement automobile le plus important avec celui de New York. Puis, dans les années 80, les constructeurs américains ont décidé de faire du Salon de l’auto de Détroit un événement international.

Petit à petit, le prestige de Chicago s’est graduellement effrité au bénéfice de Détroit. Cependant, avec la décision de tenir le Salon automobile de Détroit en juin 2020, c’est une occasion en or pour Chicago de reprendre sa gloire d’antan. Conscients de ce fait, les dirigeants du CAS font l’impossible pour remonter la pente.

C’est dans ce contexte que s’est déroulée la journée de presse à Chicago avec l’espoir que les constructeurs automobiles seraient non seulement présents, mais offriraient d’intéressantes nouveautés. Malheureusement, nous avons eu affaire à une situation que l’on peut qualifier de verre à moitié vide ou de verre à moitié plein selon notre façon de voir les choses.

En effet, il y a eu un progrès notable au chapitre des dévoilements, mais ceux-ci se sont surtout limités à des versions différentes et plus sophistiquées de modèles existants. Les véhicules totalement nouveaux ont été plutôt rares. Si le côté spectaculaire n’était pas là, beaucoup de ces versions améliorées étaient quand même intéressantes. Ce qui n’a pas empêché certains constructeurs de nous proposer d’intéressantes premières.

Les vraies nouveautés

Tout seigneur tout honneur, le CAS est devenu au fil des années un événement mettant surtout l’emphase sur le dévoilement de nouvelles camionnettes. Ce qui était positif dans un sens, mais qui a sans doute découragé d’autres exposants d’y dévoiler de nouvelles voitures et véhicules utilitaires.

Donc, pour respecter la tradition, de nouvelles camionnettes ont été dévoilées. La plus impressionnante, surtout en ce qui concerne la grosseur et la puissance, fut le dévoilement de nouveaux modèles de châssis-cabine Ram dans la catégorie 3500, 4500 et 5500. Pour l’automobiliste moyen, cette annonce n’est pas tellement impressionnante, mais pour l’industrie des véhicules d’utilité, c’est fort important. Avec une capacité de remorquage de plus de 35 000 livres et un moteur diesel Cummins super puissant proposant 1000 livres-pieds de couple, c’est du sérieux.

Pour ne pas se faire damer le pion, Chevrolet a répliqué en dévoilant sa version HD du Silverado. On ne s’est pas contenté de greffer des moteurs plus puissants aux versions 1500 modifiées. La carrosserie est différente, plus agressive et en fait plus intéressante sur le plan visuel que le modèle 1500. Là encore, on parle d’une capacité de remorquage de 35 000 livres. On insiste chez Chevrolet sur la transmission Allison à 10 rapports dont la réputation n’est plus à faire.

Mais on ne s’est pas limité à présenter des camions hors normes. En fait, la seule automobile que l’on peut qualifier de totalement nouvelle est la nouvelle Subaru Legacy. Curieusement, alors que les constructeurs américains délaissent les berlines, les constructeurs japonais continuent à développer de nouveaux modèles. Pour respecter la philosophie de ce constructeur, la silhouette est sobre, élégante et respecte les canons esthétiques en vigueur de nos jours, mais sans jamais trop oser à ce chapitre. L’élément le plus intéressant est l’arrivée sous le capot de nouveau moteur 2,4 litres turbo compressé d’une puissance de 260 chevaux.

Enfin, Range Rover s’est démarqué avec le dévoilement en première nord-américaine de la nouvelle génération de l’Evoque. Sa silhouette est plus moderne et plus sophistiquée tandis que l’aménagement de l’habitacle propose un niveau de luxe très relevé. Détail intéressant, le système de gestion du rouage intégral détecte automatiquement la nature de la chaussée et adopte les réglages qui s’imposent

Nouvelles versions

Si le nombre de primeurs et de nouveaux modèles a été assez limité, Chicago a été la scène de plusieurs dévoilements de versions intéressantes de modèles existants. La palme à ce chapitre revient à la Jetta GLI de Volkswagen. Il s’agit de la Jetta la plus puissante avec son moteur de 228 chevaux, mais elle propose également une suspension arrière indépendante et des amortisseurs plus sophistiqués. Plusieurs signes extérieurs la différencient de la version « régulière » tandis que l’équipement de série est plus complet et l’habitacle plus luxueux. Elle sera sans doute l’une des berlines les plus agréables à conduire de la catégorie.

Difficile d’ignorer les versions 30e anniversaire de la Mazda MX-5. Pour souligner l’événement, Mazda a produit en série limitée de 3000 exemplaires une version commémorative de couleur orange dotée d’une sellerie intérieure avec des surpiqûres de même couleur tandis que les étriers de freins avant et arrière sont également de couleur orange. Les modèles à toit rigide ou souple sont offerts. Au chapitre de la mécanique, aucun changement majeur, sauf la présence d’amortisseurs Bilstein sur la version à boîte manuelle. Mazda Canada dispose de 165 unités, soit une auto par concessionnaire.

Sur une note plus triste, Chrysler a souligné le 35e anniversaire de sa légendaire fourgonnette Autobeaucoup. Cette célébration a été on ne peut plus modeste, se limitant à une triste présentation aux abords de la section Mopar du kiosque corporatif. Une Pacifica arborant un écusson spécial sera commercialisé. Contenu de l’engouement de ce modèle dans les années 80, c’est presque un enterrement.

Par ailleurs, un Jeep Wrangler modifié avec des accessoires Mopar a fortement impressionné.

Parmi les véhicules dotés de modifications esthétiques dignes de mention, il faut souligner le Kia Sportage et le Nissan Qashqai dont la carrosserie a bénéficié de retouches esthétiques.

Chez Toyota par ailleurs, on a dévoilé un trio de versions TRD comprenant le Tacoma, le Rav4 ainsi que le Sequoia. En ce qui concerne le Tacoma, il s’agit d’un modèle 2020 et il bénéficie de plusieurs modifications et améliorations.

Les Allemands : semi-absents

Les constructeurs allemands ont boudé le Salon de l’auto de Détroit sous différents prétextes. À Chicago, certains sont venus et d’autres étaient aux abonnés absents. Porsche et Audi exhibaient tous les modèles de leur gamme. Ce qui signifie que la nouvelle 911 était en vedette tandis que Audi présentait sa nouvelle voiture 100 % électrique en plus de la spectaculaire Q8.

Chez Mercedes-Benz, on a jugé que l’événement de Chicago n’intéressait que les acheteurs de camionnettes, et on a eu droit à un kiosque où toute la gamme des fourgonnettes était exhibée.

Quant à BMW, la marque bavaroise était absente.

2020 : une année cruciale

L’édition 2019 du CAS propose un certain progrès par rapport à l’événement de l’an dernier aussi bien au chapitre des quelques nouveautés exhibées qu’au nombre de modèles dévoilés. Cependant, ce n’est pas suffisant pour pouvoir se comparer à ce que New York et Los Angeles sont en mesure de faire. Quant à Détroit, reste à savoir ce que donnera cette aventure estivale se qualifiant davantage d’un événement social que d’un salon traditionnel.

Compte tenu de sa position dans le calendrier, de l’ampleur des salles d’exposition et de la volonté de la direction de ce salon de reprendre son titre de plus prestigieux événement du genre en Amérique, l’édition 2020 sera déterminante.

Si les constructeurs de tous les pays y voient une opportunité renouvelée, Chicago prendra du galon. Par contre, si les constructeurs européens entre autres n’apprécient pas tellement de se faire damer le pion par les constructeurs américains comme c’était le cas à Détroit au cours des dernières années, il se peut qu’ils soient relativement tièdes à l’idée investir davantage.

C’est donc un rendez-vous qui sera fort intéressant l’an prochain.