Il semble que les acheteurs d’automobiles soient divisés en deux camps. Il y a ceux qui recherchent la toute dernière nouveauté, la toute dernière mécanique et qui veulent impressionner leur entourage avec leur monture. D’autre part, et il y en a plus qu’on pense, il y a beaucoup de personnes qui recherchent une voiture qui convient à leurs besoins et qui n’a pas besoin d’être de la dernière cuvée. D’ailleurs, ils affirment que ce modèle a été l’objet de multiples améliorations au fil des années et qu’une voiture qui a quelques années sous les pneus se veut un meilleur achat.

Il est certain que la Chrysler 300 attire les gens de la seconde catégorie puisque ce modèle a été dévoilé au Salon de l’auto de New York en 2005 et a connu une révision relativement importante en 2012 pour ensuite être l’objet de quelques changements évolutifs au fil des années.

Ce n’est peut-être pas un best-seller, mais c’est une berline en mesure de répondre aux attentes des personnes à la recherche d’une voiture nord-américaine comme on en faisait beaucoup par le passé. Cela signifie en général que les roues arrière sont motrices, que les dimensions du véhicule sont relativement imposantes et que l’habitabilité ne fait pas défaut. Ajoutez à cela un comportement routier plus qu’adéquat et une automobile capable de franchir de longues distances sans que le conducteur et les occupants soient pénalisés au chapitre du confort.

Il faut dire que la présentation de cette berline autant lors de son dévoilement qu’au cours des multiples améliorations esthétiques s’est toujours démarquée par une silhouette vraiment à part. Sa section avant très verticale, son capot sculpté avec une partie surélevée au centre et avec des ailes avant dont les arêtes sont plus élevées que le capot sont autant de caractéristiques uniques. Des passages de roues en relief et un coffre arrière relativement équarris sont d’autres éléments propres à ce modèle. Ça ne ressemble à aucune autre berline sur le marché et ça donne l’image d’une voiture de luxe. D’ailleurs, je me souviens lors de la première année de ce modèle sur notre marché, j’avais assisté à une réunion chez un distributeur de livres et lorsque j’ai stationné ma 300 devant leur bureau, pratiquement tout le monde est sorti pour admirer la nouveauté de l’époque et les commentaires étaient flatteurs.

Revenons à l’habitacle avec une disposition simple, et élégante. Le centre de l’attention est ce module central cerclé par une bande de chrome où l’on retrouvera en sa partie centrale supérieure un cadran analogique avec que lettres dorées sur fond blanc, comme l’on retrouve sur plusieurs voitures de luxe. Soulignons au passage que les cadrans indicateurs sont d’une couleur bleutée la nuit et c’est d’un bel effet.

Les commandes sont simples, faciles d’accès et on n’a pas à se creuser les méninges pour savoir quoi toucher ou quoi atteindre pour effectuer les réglages que l’on désire. La console centrale abrite le bouton de commande de passages des rapports tandis que le couvercle abrite les porte-gobelets, gadget que Chrysler a popularisé il y a longtemps. Par contre, ce bouton de commande des vitesses est loin de m’emballer. C’est vrai qu’il dégage un peu plus d’espace, mais ce n’est pas naturel du moins en ce qui me concerne.

Plusieurs chroniqueurs automobiles ont l’habitude de critiquer la qualité de finition et des matériaux des produits de ce constructeur. Rien à redire cependant sur ma voiture d’essai. Et soulignons au passage que le système de gestion d’info divertissement Uconnect affiché sur un écran de 8,4 pouces demeure toujours l’un des plus simples à gérer. Enfin, les sièges avant sont confortables tandis que la banquette arrière est très spacieuse tout comme le coffre à bagages. D’ailleurs, l’an dernier, j’ai effectué le trajet Montréal-New York-Montréal au volant d’un véhicule similaire, et ce fut confortable tandis que la consommation de carburant était fort raisonnable.

Lorsque cette berline a été développée, Chrysler était associé avec Mercedes-Benz. On parlait à l’époque d’un mariage parfait entre deux grands de l’automobile, malheureusement ça s’est soldé par un divorce. Nonobstant, la 300 a hérité à l’époque de la plate-forme de la Mercedes-Benz Classe E. Et comme il s’agissait d’un élément sophistiqué et performant, on en bénéficie encore de nos jours. Bien entendu, les suspensions avant et arrière sont indépendantes. À l’avant, les ingénieurs ont opté pour des bras inégaux tandis qu’à l’arrière, c’est une suspension à liens multiples qui a été développée à cette époque par Mercedes-Benz.

La personne désireuse d’acquérir ce modèle a le choix entre deux variantes du moteur V6 3,6 litres et l’incontournable V8 5,7 litres Hermi. Tous les trois sont associés à une boîte automatique à huit rapports dont le rendement est sans faute. Le moteur 3,6 litres produit 292 chevaux sur la plupart des modèles tandis que la version 300 S offre huit chevaux de plus et quatre livres pieds supplémentaires pour porter le couple à 264 livres pieds. Il est possible de commander votre berline avec le rouage intégral, celui-ci équipait notre voiture d’essai. La plupart du temps, la 300 AWD est une propulsion avec roues motrices arrière et le transfert du couple s’effectue aux roues avant lorsque l’adhérence est moindre pour bénéficier ainsi du rouage intégral. Voilà de quoi rassurer celles et ceux qui craignent de conduire une propulsion.

Cette belle américaine ne brille pas uniquement sur l’autoroute, mais elle est capable de se défendre honorablement sur une route sinueuse. Ce n’est pas une sportive, mais la tenue de route est sans surprise et la direction vous permet de bien enfiler les virages sans trop de correction.

Bien entendu, nombreux sont les gens qui ignorent ce modèle compte tenu de sa vétusté et également de sa faible valeur de revente. Cependant, si vous désirez vous retrouver au volant d’un véhicule qui a bien vieilli et qui se défend honorablement sur la route, c’est quand même un produit à ne pas négliger. Et pas besoin de commander le V8, puisque le moteur V6 offre des accélérations pertinentes par rapport à la personnalité et à l’utilisation de cette berline.

Enfin, produite au Canada, cette automobile m’a semblé être assez bien assemblée et la qualité des matériaux correcte. Mais, aux yeux de certains, la 300 possède deux défauts majeurs : son constructeur est américain bien qu’il se soit associé à Fiat précédemment et à Peugeot tout récemment, et la voiture est fabriquée au Canada. Perception, quand tu nous tiens.

Somme toute, un acheteur de Chrysler 300 ne se laisse pas influencer par ce que les gens pensent et il est déterminé à la conserver assez longtemps, car la dépréciation sera assez forte. Mais au cours de mon essai, j’ai rencontré plusieurs propriétaires de Chrysler 300, et la plupart d’entre eux appréciaient beaucoup cette berline.