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F1 Grand Prix du Canada 2019. Le petit déjeuner avec Toto Wolff

par Piero Facchin

9 juin 2019

Chaque année, dans la zone « Hospitality » de l’écurie Mercedes AMG Petronas Motorsport il y a une rencontre « déjeuner » avec Toto Wolff le patron de cette écurie où les journalistes et gens des médias ont l’occasion de poser des questions et de jaser de façon informelle autour d’une belle table bien garnie en matière de bouffe matinale.

Cette année, Toto Wolff était là, mais avec tous les travaux de voirie et de construction en ville, il est arrivé en retard d’une quinzaine de minutes. Ça nous a donné la chance de parler avec son attaché de presse, Bradley, qui est avec l’équipe depuis 2011 à l’époque de Norbert Haug qui occupait le poste que Toto occupe aujourd’hui. Disons qu’il y a un contraste énorme entre les deux hommes en fait de convivialité.

Avec Toto Wolff, les réponses sont claires, direct mais toujours avec une touche de bonne humeur et, à travers les années, il nous réserve toujours quelques anecdotes savoureuses.

LA NOSTALGIE DES V12

Durant la conférence de presse du jeudi, Lewis Hamilton, pilote Mercedes a mentionné qu’il faudrait retourner en arrière de 30 ans à l’époque des V12 et d’un son ahurissant des moteurs pour augmenter la qualité du spectacle. Pour avoir vécu cette période, je ne peux pas dire qu’il a entièrement tort, simplement à cause du fait que maintenant la technologie compte pour beaucoup dans la performance de la voiture. Pour Toto Wolff, il dit très candidement, « nous sommes tous des dinosaures parce qu’on aime le bruit des V12, les pilotes qui change de vitesse et autres aspects, mais les choses ont évolué et nous sommes maintenant efficace en termes de développement durable, d’être “carboneutres” et la jeune génération s’attend à d’autres choses. On a les voitures les plus performantes, les plus puissantes en ce moment et c’est grâce à la technologie que nous en sommes arrivés là ».

LES RÈGLEMENTS

En fait, pour Wolff, la clé pour avoir un plateau serré et compétitif est de ne pas jouer avec les règlements. « À chaque fois que les règles changent, les équipes qui ont le plus de ressources (financières) se sauvent loin devant les autres et quand Mercedes se met à tout gagner c’est ce qu’on essaie de faire, changer les règlements. Avant nous, c’était Red Bull et avant eux Ferrari qui ont eu des séquences victorieuses qui se sont échelonnées sur plusieurs années. » En gardant les mêmes règles sur une plus longue période, ça permet à toutes les équipes, même celles qui ont moins de moyens de limiter l’écart avec les top teams.

2021 : LE CAP SALARIAL

« Tant et aussi longtemps que nous n’aurons pas une équité financière pour toutes les écuries, nous ne pourrons pas dire qu’on est 100 % viable. Donc le cap salarial qui s’en vient dès 2021 devrait adresser le problème des différences de moyens, et par défaut, les résultats du peloton. »

LA F1 ET L’ÉLECTRIFICATION

Dans un futur assez proche, Toto Wolff prévoit que 50 % de la puissance viendra de moteurs électriques ou une forme d’électrification pour l’unité moteur actuelle. « Ça va donc changer d’un moteur à combustion interne vers plus de composantes hybrides. Par exemple, dans l’industrie automobile, Daimler prévoit que 50 % de ses voitures seront électriques d’ici 2030. »

LA QUESTION DES PNEUS

Durant la conférence de presse du jeudi, Lewis Hamilton a mentionné qu’il fallait améliorer les pneus et j’ai demandé à Toto ce qu’il pensait de la situation. « Pirelli a une tache quasi impossible devant eux. On leur demande de nous fournir des pneus qui se dégradent rapidement ce qui implique plus d’arrêts aux puits sauf que les ingénieurs vont ensuite nous dire de rouler un peu moins vite pour pouvoir faire juste un arrêt. Si tout le monde fait ça, le spectacle va en souffrir. Je pense que le statu quo est bien puisque ça laisse place à interprétation pour chaque équipe et donc une variété de stratégies des puits. »

PREMIÈRE IMPRESSION DES NOUVEAUX PADDOCKS

En ce qui a trait aux nouvelles installations sur le circuit, il était fraîchement arrivé et n’a pas eu le temps de les visiter, mais a été franchement impressionné de constater le résultat. Par contre, avec une petite touche de nostalgie, il trouvait que les anciennes installations donnaient un « caractère spécial » à ce grand prix et, qu’ultimement, l’important c’est l’aspect sportif avec de bonnes courses qui font l’attrait de la Formule Un.

À la toute fin de l’entrevue, Toto Wolff a souligné, avec nostalgie et admiration, l’importance que Niki Lauda, récemment décédé, apportait à l’équipe. Niki avait plusieurs rôles dans l’équipe et il nous manque énormément.