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Hyundai Nexo,

de suiveur à leader

Texte: Denis Duquet

Photos: Hyundai Canada/Denis Duquet

6 novembre 2019

Lors de son arrivée sur le marché canadien en 1984, Hyundai a commercialisé la Pony, une sous-compacte vendue à un prix plus que modique et qui allait embraser le marché. Si les ventes initiales ont été impressionnantes, la voiture l’était beaucoup moins. En fait, il s’agissait d’une version de la Marina, une voiture britannique fabriquée sous licence par le constructeur coréen. Au fil des années qui ont suivi, les quelques modèles appelés à remplacer la Pony se démarquaient plus par leur prix que par leurs qualités routières et leur qualité générale tout court.

À la suite de ces modestes débuts, ce constructeur nous a proposé une série de modèles tous plus sophistiqués les uns que les autres sans oublier qu’ils étaient propulsés par des mécaniques aussi raffinées que celle de la concurrence. Mieux encore, le numéro un coréen s’est permis de développer des voitures à motorisation hybride ou 100 % électrique, faisant appel à des technologies développées « in domo » et non pas sous licence. Cette progression technologique a permis le développement d’une pile à combustible initialement intégrée dans la Tucson. Puis, au début de cette année, la progression technologique s’est poursuivie et ce constructeur propose la Nexo, un VUS à pile à combustible alimentée par l’hydrogène.

Bref, la progression au chapitre de la technologie chez ce constructeur est impressionnante. Pour nous en donner une meilleure idée, deux autres constructeurs seulement proposent des voitures à hydrogène, soit Honda avec le Clarity et Toyota avec le Mirai. Ce trio est commercialisé en certaines régions de la Californie, tandis que le Nexo est disponible dans la région de Vancouver en collaboration avec une coopérative de partage automobile. En plus, il serait théoriquement disponible dans les villes de Québec et Montréal afin de participer au projet gouvernemental d’étude de la technologie de l’hydrogène dans l’automobile.

Même si ce modèle n’est pratiquement pas disponible au Québec pour le moment, cet essai illustre les qualités de cette technologie ainsi que la progression de Hyundai en matière de pile à combustible.

L’entre-deux

Au chapitre des dimensions, le Nexo s’insère entre le Tucson et le Santa Fe, ce dernier étant le plus imposant du trio. Contrairement aux Honda Clarity et Toyota Mirai, le Nexo ne propose pas une silhouette quelque peu étrange, mais se contente d’une silhouette s’inspirant des deux autres modèles qui l’encadrent dans la gamme. C’est élégant et moderne. Il est pratiquement certain que cela n’offusquera personne. Notre modèle d’essai était d’un gris mat qui donnait une allure à part. Un détail, les poignées de portière se rabattent au ras de la caisse lorsque la voiture est en marche ou verrouillée.

Dans l’habitacle, on s’est fortement inspiré du Palissade avec cette console centrale flottante, se terminant par des commandes faciles d’utilisation et en aluminium brossé. De plus, les commandes des rapports s’effectuent à l’aide de boutons qui sont bien placés et d’opération facile. À souligner également la qualité de la finition qui est impeccable tandis que les sièges avant sont confortables et se règlent de multiples façons. En raison de sa présentation conventionnelle, on ne saurait croire que ce véhicule est propulsé par une motorisation faisant appel à une technologie de pointe. Pourtant, c’est bien le cas.

Technologie maison

Avant d’aborder les détails du système de motorisation, il est important de souligner que cette technologie a été développée par le constructeur lui-même. D’ailleurs, il a érigé un centre de recherche et de développement en Corée qui était la fine pointe du raffinement. Incidemment, plus de 200 chercheurs dotés d’un « PHD » y travaillent, supportés par une pléthore d’ingénieurs.Sans vouloir entrer dans les détails, un véhicule à alimentation par hydrogène fait appel à ce gaz, H2, pour alimenter une pile à combustible qui produit l’électricité nécessaire pour fournir l’énergie requise pour alimenter un moteur électrique. Celui-ci produit 161 chevaux tandis que son couple est de 291 livres pieds. Cette puissance est gérée par une boîte à prise directe et seules les roues avant sont motrices. En fait, cette pile à combustible utilisant de l’hydrogène pour générer la puissance nécessaire remplace les lourdes piles à ion-lithium des voitures électriques. En fait, au fil des kilomètres, seules quelques gouttes d’eau s’échappent à l’arrière du véhicule. On ne peut trouver plus propre puisque dans bien des cas, la charge d’une voiture électrique s’effectue à l’aide d’électricité produite par des centrales thermiques alimentées au mazout, au gaz naturel pire encore, le charbon. Et cette technologie est suffisamment éprouvée et fiable pour être offerte en commercialisation limitée sur certains marchés et dans certaines conditions. Soulignons que General Motors a consacré beaucoup d’argent dans le développement de cette technologie et avait même un centre de modifications de VUS basé à Oshawa, mais il semble que les perturbations économiques de ce constructeur au ralenti ce projet.

Rien à signaler

Chaque fois que j’ai conduit un véhicule doté une pile à combustible, j’ai toujours été étonné par la similitude en fait de sensations de conduite par rapport à une voiture conventionnelle. Bref, si cette technologie est avancée, nous ne sommes pas dépaysés au chapitre de la conduite. La voiture se comporte comme un véhicule normal, et seul le fait de devoir alimenter le réservoir à l’hydrogène de temps à autre le différencie des autres.

Cependant, les accélérations ne sont pas tellement spectaculaires alors qu’il faut un peu moins de neuf secondes pour atteindre 100 km, départ arrêté. Le constructeur fait état de 9,2 secondes pour cet exercice, mais nous avons réussi à grignoter quelques dixièmes de secondes. Mais, peu importe, ce n’est pas un véhicule aussi performant que si c’était une propulsion électrique à batterie, mais c’est quand même convenable.

Et contrairement à une voiture électrique qui nécessite plusieurs minutes voire quelques heures pour recharger les batteries, une charge hydrogène s’effectue en cinq minutes environ. Et selon les données fournies par l’agence américaine de protection de l’environnement, l’autonomie est de 570 km. C’est un peu moins que la Honda Clarity, mais plus que la Toyota Mirai. Quant au comportement routier, il s’apparente quelque peu à la Palissade, même si ce dernier modèle est plus gros.

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Il faudra patienter

Ne vous attendez pas avoir ce modèle chez un concessionnaire Hyundai près de chez vous, du moins pas avant plusieurs mois et même quelques années. Mais, puisque le gouvernement du Québec a signalé son intérêt pour cette technologie et il y a déjà des véhicules dans les mains des particuliers, il n’est pas impossible que l’hydrogène devienne un carburant à la mode. Mais il ne faut pas oublier que cette technologie est onéreuse.