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L’industrie automobile à la croisée des chemins!

texte d'Éric Descarries

4 janvier 2022

L’année 2021 aura été cruelle pour l’industrie automobile. On gardera certes en mémoire la pénurie des puces électroniques (c’est curieux de constater que cette même industrie qui a réussi en 1941 à passer de l’auto aux camions, bateaux, avions, munitions et j’en passe en moins de six mois n’ait pas réussi à créer d’elle-même ses propres puces avec toutes les ressources modernes dont elle dispose…),la baisse des ventes due à la pandémie et au manque de puces, l’engouement plus rapide que prévu des consommateurs pour les véhicules électriques, les difficultés pour en arriver à une production de meilleure qualité et plus encore. 

On pourrait mentionner les difficultés que GM a connues avec ses autos électriques (Bolt qui s’enflammaient), les plaintes concernant la qualité de construction des Tesla, les résultats des voitures électrique au froid, les difficultés des Japonais à en venir à une production de véhicules électriques dont Nissan qui, malgré la Leaf, n’a pas encore une production stable ou valable, Honda dont le président prévoit un abandon éventuel des moteurs à combustion, même possiblement des autos et camionnettes privées et qui doit se fier à GM pour avoir des moteurs électriques en plus de la batterie Ultium, Subaru et Mazda en retard, peut-être à cause de leur relation très serrée avec Toyota qui, selon les dernières nouvelles, aurait contacté le chinois BYD pour fairedes moteurs électriques pour les véhicules qu’il compte commercialiser en Chine, Stellantis (dont Fiat Chrysler) qui tarde encore à nous faire connaître ses plans en ce qui a trait à la production électrique et plus encore…  

Toutefois, ce qui pourrait lui donner un coup encore plus difficile à l’industrie automobile, c’est l’annonce prochaine de l’EPA concernant ses exigences en matière d’émissions pour 2026. En effet, l’administration Biden a décidé d’aller outre les coupes que l’ex-administration Trump avaient annoncées. Cette décision pourrait accélérer le passage des moteurs à combustion interne aux moteurs électriques chez les constructeurs américains. La production européenne et asiatiquepourrait-elle y répondre, elle? J’en doute! 

Alors que l’administration Trump avait réduit les exigences environnementales mises de l’avant par l’administration Obama, l’EPA dirigée par Michael Regan nous préparerait des exigences encore plus poussées que celles d’Obama. Selon les communiqués américains, ces lois limiteraient la consommation de tous les produits vendus par un constructeur (CAFE ou Corporate Average Fuel Economy) de 32 milles au gallon américain (7,35 l/100 km) promus par Trump à 40 milles augallon américain (5,88 l/100 km) alors qu’une première annonce avait parlé de 38 milles au gallon américain ou 6,19 l/100 km. Le but en est évidemment de réduire les émissions de gaz à effet de serre et de combattre les changements climatiques! Il serait alors question d’une réduction de 3,1 milliards de tonnes de CO2 d’ici 2050 afin de répondre aux multiples demandes de plusieurs états et groupes environnementaux. Ainsi, l’administration Biden voudrait que 50% de tous les véhicules vendus en 2030 soient des véhicules électriques ou hybrides enfichables (PHEV). 

Par conséquent, si cette nouvelle réglementation est imposée pour la production de 2023, elle exigerait une réduction de 28,3% des émissions d’ici 2026. Souvenez-vous qu’Obama avait espéré une réduction de 5% par année alors que Trump avait ramené ce but à une réduction de 1,5% par année!  

Pour ce faire, les grands constructeurs américains auront besoin d’aide gouvernementale alors qu’aux États-Unis, les ventes actuelles de VÉs ne compteraient que pour environ 4% des ventes de véhicules. Mais, comme on l’a vu aux infos, l’administration Biden semble se buter à une opposition plus forte des Républicains (cette opposition inclue même des Démocrates!) dans son but d’injecter quelque 1,75 trillions$ qui incluraient des crédits d’impôt pouvant favoriser les «Grands» de Detroit.  

De son côté, l’EPA estime que cette réduction des émissions pourrait coûter jusqu’à 190 millions $ US à l’industrie. Mais, les automobilistes, eux, pourraient économiser entre 210 à 420 millions $ US d’ici 2050. Ces exigences seraient les plus sévères jamais émises. Toutefois, cela n’empêcherait pas le gouvernement d’aider l’industrie malgré les plaintes formulées par les environnementalistes pour ne pas le faire. Avec celle-ci, l’EPA, elle, croit que les constructeurs seraient déjà en bonne position pour répondre aux nouvelles exigences (qui seraient aussi adaptées pour le secteur des véhicules de poids moyen). 

Ironiquement, si l’opposition (les Républicains) s’opposent à ces exigences qu’ils qualifient de «radicales», l’UAW, le syndicat des travailleurs unis de l’automobile, croit qu’elles sont une bonne nouvelle pour les constructeurs et pour les consommateurs qui pourraient économiser jusqu’à 1000 $ par année en économie de carburant. L’UAW croit aussi qu’on y gagnera avec de l’air plus pur et un sérieux coup de main à l’industrie automobile locale.  

Quant à nous, les amateurs de voitures, cette transformation de l’industrie pourrait être des plus intéressantes à suivre. Mais, peu importe qui sera en poste au cours des prochaines années à Washington, l’industrie automobile aura à faire face à cette situation. Comment s’en sortira-t-elle?  

(Sources :Bloomberg et Automotive News)