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Le rouage intégral à tout prix ?

texte de Denis Duquet

2 décembre 2021

 

De plus en plus de véhicules de nos jours sont offerts avec le rouage intégral. C'est-à-dire que, sans intervention de la part du conducteur, les roues avant et arrière sont motrices. Dans la plupart des systèmes élémentaires, les roues arrière deviennent motrices lorsque celles à l’avant perdent de  leur adhérence. Des détecteurs situés à l'avant permettent le transfert presque instantané d’une partie du couple du moteur aux roues  arrière afin d'optimiser la traction et l'adhérence. Jusqu'au début des années 80, il n'y avait pas d'automobiles qui proposaient un rouage à l'avant et à l'arrière. Il aura fallu Audi et sa légendaire Quattro pour amorcer le mouvement. Mais cela prendra  plusieurs années avant que cela se démocratise, mais c'est un fait de nos jours, le rouage intégral à temps partiel la plupart du temps est fort répandu. 

Pourtant, il existe encore de nombreux véhicules qui ne sont offerts qu'avec les roues motrices avant. Pour plusieurs, c'est une hérésie, compte tenu de nos conditions de conduite hivernale. Ces personnes vont snober de petits VUS uniquement offerts en roues motrices avant. Parmi les exemples, on dénote le Nissan Kicks et le Ford Escape hybride rechargeable ou encore le Ford Maverick hybride qui ne sont offerts que dans une seule configuration. On retrouve également des modèles plus imposants qui sont de même nature. 

Il faut tout d'abord reconnaître que même sur notre continent, une grande majorité du territoire n'est pas sujet à d'imposantes chutes de neige et à des conditions routières inquiétantes. Il est vrai qu'au cours des dernières années, certains états américains qui étaient exempts de chutes de neige ont été frappés de plein fouet, mais cela demeure quand même l'exception dans au moins la moitié de ce pays. 

Il serait erroné d'affirmer qu'une traction ou une propulsion est une meilleure solution pour la conduite hivernale. Du moins, lorsque le système de rouage intégral est de bonne qualité. Mais, comme dans tout autre secteur du monde automobile, on retrouve des rouages dits intégraux qui sont d'une efficacité plus ou moins impressionnante. Il y a bien entendu une bonne traction des quatre roues, mais si le mécanisme est mal programmé et développé, il se peut que le comportementroutier du véhicule sur des surfaces meubles glissantes ne soit pas à la hauteur. Heureusement, il s'agit d'exception. 

Deux rouesmotrices ? Pourquoi pas ? 

Certaines personnes sont pratiquement paralysées à l'idée de devoir conduire un véhicule deux roues motrices seulement. Dans la plupart des cas, si on tient compte du parc automobile de nos jours, la plupart de ces véhicules sont à roues motrices avant. Il y a bien quelques exceptions, surtout sur des véhicules à caractère sportif de performance qui sont des propulsions, mais dans l'ensemble, les roues motrices avant sont la majorité. 

Avant d'aller plus loin, il faut se souvenir que pendant des décennies et des décennies, nos pères, nos grands-pères et même nos arrière-grands-pères ont conduit en hiver au volant de gros bolides nord-américains à roues motrices arrière et équipée en hiver de pneus que l'on disait " à neige " qui n'étaient pas nécessairement d'une très grande efficacité lorsque la chaussée était recouverte de neige durcie ou la glace. Pourtant, ces gens avaient généralement la maîtrise de leur véhicule et ils ne s'en portent pas plus mal.  

Mais, il faut atténuer cette affirmation, puisqu'on a commencé entretenir les routes hivernales au Québec à partir de 1947. Avant cela, seules les grandes artères étaient dégagées. Pour le reste on s’en tenait  à la traction hippomobile dans la plupart des régions. Et encore, on roulait les routes enneigées afin de pouvoir circuler avec les rangs avec les rares autos que l'on osait sortir en hiver ou encore en carriole. 

De nos jours, la qualité des pneus  d’hiver est excellente. Du moins pour les grandes marques qui ont effectué des recherches et du développement à ce chapitre. La loi québécoise obligeant les automobilistes à munir leur véhicule de pneus d’hiver à partir du 1er décembre facilite grandement la conduite sur les surfaces enneigées. Mais, il y a également un élément qui vient améliorer la conduite en hiver avec un véhicule deux roues motrices, c'est la gestion électronique de la traction. 

En effet, au début des années 90, certains constructeurs ont doté leur véhicule de freins ABS qui permettaient de freiner tout en contrôlant le véhicule. Puis, à l'aide de ce système qui détecte les différences de rotation des pneus, on a développé un système d'assistance à la traction. En effet, en utilisant les freins, on a réussi à optimiser la traction sur des surfaces à faible coefficient d'adhérence. Déjà là, c'était un immense progrès. 

D'ailleurs, à titre d'exemple, une année où j'avais à l'essai une berline Jaguar dotée d'un puissant moteur V 12 et chaussée de pneus Pirelli PZero, des pneus d'été de type sport, je me suis réveillé et il y avait une importante chute de neige sur ma région. Cela en soi n'était pas nécessairement inquiétant, mais je devais retourner ma voiture d'essai chez le concessionnaire ce matin-là et je me suis dirigé vers cet établissement malgré ces conditions. Il m'a fallu beaucoup de temps pour m'y rendre, mais je n'ai nullement dérapé ou perdu le contrôle en raison d'un système de traction et de gestion des roues fort efficaces. 

Souvent, au cours des dernières années, j'ai eu l'occasion de conduire des propulsions dotées de moteur relativement puissant en plein hiver. Mais, puisque la voiture était équipée de pneus divers performants et d'un système électronique de gestion de la traction, je n'ai eu aucun problème à me déplacer. D'ailleurs, j'ai déjà piloté des véhicules tout-terrains dotés d'un rouage intégral très sophistiqué dotés de plusieurs réglages et si je n'avais pas le bon réglage, la voiture était pratiquement impossible à conduire malgré les quatre roues motrices. 

Donc, si un véhicule vous intéresse et qui n'est disponible qu'en version deux roues motrice, il n'est pas obligatoire de l'éliminer de votre liste de véhicules potentiels. Il s'agit surtout d'établir le type d'utilisation anticipé, des conditions hivernales dans votre région et de votre volonté de vous fier à votre style de conduite adaptée. 

Et les véhicules deux roues motrices sont moins chers. Cela mérite réflexion.