Depuis quelques décennies, la marque Lincoln a de la difficulté à se faire une place au soleil dans la catégorie des véhicules de luxe. On a tenté plusieurs approches qui n’ont pas toujours été couronnées de succès. Même lorsque le produit était intéressant, les acheteurs se faisaient tirer l’oreille en raison de la réputation plus ou moins enfumée de la marque. Mais récemment, on a accompli une révision entière des modèles faisant dorénavant partie de Lincoln Motors et non plus une simple division de la compagnie Ford.

En plus d’abandonner la nomenclature MK qui semait plus la confusion qu’autre chose, la direction de Lincoln s’est tournée vers son passé et a adopté des noms de modèles qui avaient cours auparavant. Bien que le nom de Aviator soit en mesure d’en faire sourire quelques-uns et d’être la source de quelques jeux de mots, sa présence sur le marché est nettement plus perceptible.

Le bouleversement chez Lincoln ne s’est pas limité à une réorganisation de la structure et de la nomenclature des modèles. On a également adopté une toute nouvelle philosophie en matière de design. De l’extérieur, il est difficile d’harmoniser les lignes d’un véhicule de plus de cinq mètres de long, mais force est d’admettre que les stylistes ont su relever le défi. Le centre d’intérêt visuel est cette grille de calandre toute chromée, et constituée d’alvéoles aux formes du logo de la compagnie. En plein centre, qu’on le juge élégant ou pas, l’écusson Lincoln trône en plein centre. Sur les parois latérales, un renflement en partie inférieure, une ligne de caractères au-dessus des poignées de porte et les glaces latérales cerclées de chrome s’ajoutent à des roues de 22 pouces pour impressionner les gens. C’est un bon d’équilibre entre le quétaine et le bling-bling. On a visé juste.

À l’intérieur, la planche de bord est réussie. Sur le plan ergonomique, c’est correct, mais c’est surtout l’impression de qualité et de luxe qui s’en dégage. Là encore, on a su trouver le juste milieu. De plus, l’utilisation de boutons de passage des rapports placés horizontalement permet de dégager la console centrale est d’offrir des espaces de rangement et les porte-gobelets. Il faut ajouter que la qualité des matériaux est à la hauteur de la catégorie tout comme la finition. Et pour en donner un peu plus à ceux qui recherchent quelques éléments spéciaux, les sièges sont réglables de multiples façons et on retrouve même un coussin de support des cuisses qui est non seulement mobile, mais séparé en deux parties qui sont réglables individuellement. Difficile de trouver à redire, d’autant plus que l’appui-tête est également réglable électriquement.

Bien entendu, compte tenu des dimensions du véhicule, l’habitabilité n’est pas mise en cause. Quant à la capacité de remorquage, elle est de 6700 livres avec le groupe d’options nécessaire.

Signe des temps, l’Aviator peut être commandé avec un moteur V6 3,0 litres biturbo d’une puissance de 400 chevaux et de 415 livres pieds de couple. Si vous avez des remords de commander un aussi gros véhicule avec un groupe propulseur conventionnel, il est possible de prendre livraison de la version Grand Touring, un modèle hybride rechargeable. Celui-ci est propulsé par le même moteur V6 3 litres, mais il est associé à un moteur électrique qui porte ainsi la puissance à 450 chevaux. Son rayon d’action en mode électrique est d’un peu plus de 40 km en été.

Le modèle est essayé était la version à moteur à essence seulement et soulignons tout de go que la consommation d’essence observée a été de 13,4 litres aux 100 km, ce qui n’est pas nécessairement de nature à faire les manchettes, mais qui se veut dans la bonne moyenne de cette catégorie.

Peu importe le moteur choisi, une seule boîte de vitesses est au catalogue, il s’agit d’une unité de 10 vitesses. Précisons que quelques éléments mécaniques du Ford Explorer sont utilisés sur la ligne qu’une, notamment la boîte de vitesses ainsi que le moteur V6. Cependant, en aucun cas, nous n’avons eu l’impression qu’il s’agissait d’un modèle Explorer endimanché.

Assis confortablement dans mon siège doté d’une multitude de réglages, prenant en main un volant dont le boudin est de bonne dimension et qui possède des renflements au-dessus des rayons afin d’assurer une bonne prise en main, l’Aviator accélère franchement tandis que la boîte automatique à 10 rapports effectue les passages tellement en douceur que l’on ignore sa présence. Cependant, j’aurais apprécié une direction un peu moins assistée et qui transmet davantage une rétroaction de la route. Quant à la suspension, elle s’est avérée bien calibrée et les immenses pneumatiques 275/45R22 absorbaient avec facilité les multiples imperfections de la route.

Si ce véhicule accélère promptement, passe les rapports avec aisance, ses dimensions et son poids n’en font pas un modèle d’agilité. Compte tenu de ces facteurs, cette Lincoln n’a rien à se reprocher au chapitre de la tenue de route, tandis que l’aménagement luxueux de l’habitacle nous pousse à adopter une conduite plutôt boulevardière que sportive.

Toutefois, ce bilan positif a été quelque peu écorché par quelques petits incidents d’ordre technique. Curieusement, chaque fois que je fais l’essai d’un véhicule de cette marque, quelques petits éléments négatifs se manifestent. Cette fois, c’est la poignée d’appui du passager qui est restée dans la main de la personne occupant le siège avant droit. On n’a eu qu’à le replacer, mais ça détonne un peu sur un véhicule de cette catégorie et de ce prix. Puis, à deux reprises, le hayon s’est ouvert sans aucune intervention de ma part. Pourquoi ? Allez donc savoir! En fait, alors que je roulais sur l’autoroute, le système de stationnement s’est manifesté en informant que je roulais trop vite pour procéder à une manœuvre de stationnement. Ce ne sont que des broutilles, mais je me demande pourquoi je suis victime de ces petits inconvénients.

Malgré tout, force est d’admettre que la marque Lincoln est en pleine ascension par des produits plus typés, bien ficelés et offrant un agrément de conduite et des performances routières dignes de mention.