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Mazda MX-30

Oui, non, peut-être !

texte et photos de Denis Duquet

18 novembre 2021

 

Mazda s'est finalement inscrite à la liste des constructeurs de véhicules électriques. Cette arrivée est tardive, mais mieux vaut tard que jamais. Malheureusement, en regardant les spécifications de ce modèle et son rayon d'action, on peut s'interroger à savoir s'il s'agit d’un modèle 2022 ou2012. En effet, avec une autonomie optimale d'environ 170 km, le MX-30 nousramène à l'âge de pierre de l'électrification des automobiles. En effet, de nos jours, des modèles comme le Chevrolet Bolt, le Hyundai Kona et le Mustang Mach e offrent une autonomie beaucoup plus grande, et ce à un prix comparable. 

Chez Mazda, on soutient qu'une batterie plus petite représente un avantage sur le plan environnemental puisque la production de grosses et lourdes batteries afin de pouvoir franchir de longues distances est la source trop importante de gaz à effet de serre. Donc, le constructeur d'Hiroshima tente de nous convaincre que si son véhicule est destiné à de courtes distances et à unenvironnement de quartier, c'est en raison de l'écologie. Vous voulez savoir mon opinion ? Ce n’est pas crédible !  

Selon plusieurs, c'est qu'on a fait appel au CX-30 pour développer ce modèle, et que l'espace pour une batterie plus importante était impossible avec cette plate-forme. Donc, si vous prévoyez magasiner pour un véhicule électrique ayant un rayon d'action d'environ 400 km, vous devez immédiatement rayer ce modèle de votre liste. Mais il n'y a pas que des points négatifs avec cette nouvelle venue. 

Oui ! 

Si on ne se fie qu'aux critères suivants, cette Mazda a beaucoup à nous offrir. Il est vrai que la silhouette est controversée et que la présence d'une porte de type suicide à l'arrière n'est pas la plus géniale des idées. Un loustic a souligné qu'on a tenté de recycler les portières de la défunte RX-8.  

Quoi qu'il en soit, alors que la plupart des autres véhicules de cette catégorie tentent de passer pour des VUS, cette Mazda à roues motrices avant a toutes les allures d'un coupé. Élégant ou pas, cela dépend des opinions de chacun. Personnellement, en version monochrome, c'est plus ou moins réussi. Par contre, le modèle essayé à une occasion était une version deux tons qui mettait mieux en évidence les lignes et la silhouette. 

Mais, l'élément le plus positif de cette voiture est son habitacle, du moins sa présentation. En effet, les matériaux sont de qualité,la présentation de la planche de bord nous laisse croire que nous sommes dans un véhicule pratiquement du luxe et que la plupart des agencements sont bons. De plus, les sièges avant sont confortables et offrent un bon support lombaire. Cependant, à un prix de près de 50 000 $, on aurait pu se forcer et électrifier la gestion du siège du conducteur. Il faut se contenter d’un levier pour l’ajuster. 

Mais là où le bât blesse, ce sont les places arrière. En tout premier lieu, il est difficile d'y accéder par l'entremise de cette portière qui s'ouvre de droite à gauche et avec une ouverture relativement petite. Tant et si bien, que les gens de grand gabarit et aux physiques imposants devront s’insérer à l'arrière de façon pas trop élégante. En outre, le dégagement pour les genoux est modeste, soyons polis, et il faudra la coopération des occupants des places avant pour que ces gens à l'arrière puissent avoir un minimum de confort. De plus, à la conduite, cette configuration de porte-suicide résulte en un angle mort important à l'arrière. Et dernier détail, pour qu'une personne puisse prendre place à l’arrière, les occupants des places avant doivent débrancher leur ceinture de sécurité. On est "fancy" ou on ne l'est pas. 

Bref, cette voiture est dotée d'un habitacle relativement petit, mais très bien exécuté. Et sur la route, cette japonaise électrifiée nous offre toutes les qualités des autres modèles Mazda. On retrouve une direction très précise, une tenue en virage neutre et un roulis de caisse très bien maîtrisé. En outre, la pédale de frein est facile à moduler, ce qui n'est pas toujours le cas sur certains véhicules hybrides ou électriques. Donc, si on accepte la silhouette relativement « originale », l'habitacle luxueux et un comportement routier très raffiné, on peut accorder une bonne note à cette nouvelle venue. 

Non !  

Mais tout cela, toutes ces qualités intéressantes disparaissent lorsqu'on prend le volant et on réalise que cette voiture ne pourra pas franchir une distance supérieure à 170 km avant d'être rechargée. Comme mentionné précédemment, ce sont des chiffres d'une autre époque et il faut avoir des conditions d'utilisation très spécifiques pour pouvoir profiter des autres qualités de la MX-30. 

Chez Mazda, en plus de l'histoire de la petite batterie écologique, on souligne que les gens ne franchissent pas plus de 48 km par jour en général. Je ne sais pas où ils ont pris ces données, mais lorsque General Motors a dévoilé la Volt hybride rechargeable, on justifiait le rayon d'action en mode électrique par le fait que la majorité des Américains ne conduisait pas plus de 60 km par jour avec le véhicule. Mais, il faut parfois quitter son quartier ! 

Quoi qu'il en soit, on a beau vanter les qualités écologiques d’une batterie moins puissante, mais il faut vraiment être gonflé pour tenter de nous convaincre que c'est la bonne voiture à acheter. On souligne que ce véhicule s'adresse à une famille possédant plus d’un véhicule et que la Mazda électrique servira à effectuer des courses, à visiter des amis et à ne pas trop s'éloigner du nid familial. Ayoye ! 

Disons que si ce petit "char cute" se vendait pour moins de 30 000 $ une fois les subsides gouvernementaux calculés, ce serait à demi mal. Mais avec un prix de détail suggéré de plus de 45 000 $, les arguments sont plus difficiles pour convaincre les gens. Et pour compléter le tout, les 143 chevaux ne garantissent pas des accélérations convaincantes. 

Peut-être !

Heureusement, ceux qui désirent conduire cette voiture en raison de ses qualités de présentation d'intérieur de luxe, de sa silhouette et de sa conduite relevée vont probablement  se décourager devant le rayon d'action. S’ils sont patients, Mazda offrira une version avec une motorisation thermique à moteur rotatif permettant de recharger la batterie, ce que les Américains appellent un « range extender ». Cela rendra cette voiture beaucoup plus compétitive. Mais, reste à savoir quel en sera le prix. 

Incidemment, les voitures électriques à faible rayon d'action conviennent davantage à une utilisation dans des villes de moyenne envergure. Par exemple, avec une MX-30 dans une ville comme Rimouski, Baie-Comeau, Saint-Georges de Bauce ou autres municipalités de même envergure, les 170 km de rayons d'action seront moins contraignants que dans une mégalopole comme Montréal. Incidemment, pour l'instant, cette voiture pour le moins spéciale sera commercialisée en Colombie Britannique et au Québec. 

Mazda ne fait jamais les choses comme les autres, et il nous en fournit une autre preuve. Parfois, cette approche originale entraîne des conséquences plus ou moins positives et il sera intéressant de voir quel sera l'accueil que les consommateurs feront à cette nouvelle venue qui possède des qualités fort intéressantes, mais dont certaines caractéristiques auront pour effet d’en décourager certains.