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Mémoires de chars

Brésil

Le monsieur qui ne savait rien

Texte : Denis Duquet

7 juin 2021

 

On se demande parfois dans quelle situation on s’est placé dans le cadre de nombreux voyages de presse auxquels j’ai assisté. Il y a quelques années, j’avais été invité par la compagnie Pirelli à visiter ses installations brésiliennes et surtout sa nouvelle piste d’essai. C’était impressionnant au chapitre du modernisme et de la productivité.

 Usine Pirelli au Brésil

Piste d'essai

Mais ce voyage a été cocasse à plus d’un point de vue. Par exemple, à Sao Paulo, nous habitions un hôtel qui était censé avoir la meilleure salle à manger de toute la ville. Devinez ! Nous n’y avons jamais mangé sauf pour y prendre le petit déjeuner. Chaque soir nous amenait dans des restaurants plus ou moins bizarres dont la gastronomie ne semblait pas être l’élément principal. Un beau jour, nous avons mangé dans une pizzeria. Je me rappelle, il y avait un préposé spécial au stationnement dans la rue et son truc était de stationner les véhicules les uns à la suite des autres, de les mettre au point mort et de pousser la ligne d’autos afin de pouvoir avoir plus d’espaces de stationnement. Mais l’élément clé de cette soirée pizza a été le fait que peu importe notre choix, cette pizza était servie sur une assiette, mais sans pâte, uniquement la garniture ! 

Un autre jour, nous avons visité un restaurant dont la spécialité était les pièces de viande embrochées et servies à notre table. D’un air détaché, lors du service,le serveur a passé sa brochette par-dessus la tête de l’un des journalistes dont le crâne était entièrement dégarni. Une goutte de jus de viande s’est déposée sur son crâne et le garçon, sans perdre de sa superbe, a pris une serviette pour nettoyer la tête de son client, sans prendre le temps de s’excuser tandis que notre pauvre journaliste se demandait bien ce qui lui arrivait. 

La seconde partiede ce périple nous a amenés à Rio de Janeiro, une ville spectaculaire. Un soir,on nous a invités dans un restaurant huppé de cette ville pour supposément y rencontrer le directeur régional de Pirelli. J’ai l’impression qu’on avait invité quelqu’un qui déambulait devant le restaurant à venir prendre place à  notre table et à jouer le rôle du directeur régional. En effet, cette personne ne disait pratiquement rien, se contentait de fixer son assiette et de trouver le temps long. Il était non seulement impoli, mais il était ignare en plus. En effet lorsque je lui ai demandé combien Pirelli avait d’établissements dans la région de Rio, il me répondit qu’il n’en savait rien. Même réponse pour savoirqui était le leader de ce marché, quel type de pneus était le plus vendu. Bref il ne savait rien. Pas surprenant que dès le repas terminé, il s’est faufilé en douce sans nous dire au revoir. Soyez assurés, son absence n’a même pas été remarquée ! 

Malgré ces quelques écueils et surprises, ce voyage a été intéressant sur le plan professionnel alors que nous avons découvert des usines Pirelli ultramodernes, un centre d’essais de pneus à la fine pointe de la technologie et on a même pu découvrir une usine Volkswagen fort impressionnante qui a éliminé mes préjugés défavorables parrapport à la fabrication des voitures de cette marque au Brésil. 

Et pour plusieurs d’entre nous, amateurs de musique, ce qui nous a le plus impressionnés, c’est que le minibus de luxe qui nous transportait dans la région de Rio avait eu Eric Clapton et Buddy Guy comme passagers la semaine précédente. Lorsque nous avons appris la chose, nous nous sommes tous regardés, fortement impressionnés. Pas mal !