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Nissan Sentra

Une huitième génération fort réussie

Texte& photos : Denis Duquet

4 novembre 2020

Il est certain que Nissan aurait préféré de meilleures circonstances pour dévoiler et lancer sa nouvelle berline Sentra puisque celle-ci est arrivée en pleine pandémie. Mais, on ne pouvait rien y faire pour cette huitième génération de ce modèle qui n’avait pas été modifié substantiellement depuis 2012. Dans le monde de l’automobile, c’est une éternité et pire encore.

Bien entendu, compte tenu des années passées avant l’arrivée de ce nouveau modèle et l’élimination des Micra et Versa, l’enjeu est fort important. D’autant plus que le marché ne semble n’en avoir que pour les VUS de toutes les catégories et de toutes les dimensions. Et il est plus que normal de constater que cette nouvelle venue est dotée d’une plate-forme toute neuve, d’un moteur plus puissant et d’un stylisme qui s’associe plus ou moins à celui de la Maxima.

Fière allure

Curieusement, alors que plusieurs modèles concurrents tentent d’attirer notre attention par des lignes souvent torturées, une section avant dotée de volutes multiples, les stylistes de Nissan ont décidé d’adopter une présentation s’apparentant plus ou moins à celle d’une berline plus imposante, et les similitudes avec la Maxima sont évidentes. Ne serait-ce que ce toit « flottant » que les designers maison ont popularisé sur plusieurs autres véhicules. À l’avant, la grille de calandre comprend en sa périphérie le module V-Motion partagé avec tous les modèles de la marque. Des renflements longitudinaux placés au-dessus de chaque aile avant permettent de délimiter le capot. Capot qui soit dit en passant est d’une lourdeur incroyable. Je ne vois pas comment une personne de petite stature et peu puissante pourrait manœuvrer cette pièce de métal.

En fait, contrairement à plusieurs véhicules, c’est surtout la section arrière qui se démarque. En effet, à la jonction du toit flottant, on retrouve une ligne de caractère qui se poursuit jusqu’à la partie terminale du véhicule qui se conclut par un becquet posé sur le couvercle du coffre de bagages. Dans la partie inférieure de la caisse, on dénote un extracteur d’air de couleur contrastante.

Bref, cette berline n’a aucun lien avec un véhicule compact à vocation économique. D’ailleurs, dès l’apparition de ce modèle en 1982, la direction de Nissan voulait proposer aux acheteurs une voiture compacte plus substantielle au chapitre des dimensions, de sa silhouette et de son comportement en général.

Passez au salon

À une certaine époque, lorsque quelqu’un achetait une berline de cette catégorie, les constructeurs semblaient s’obstiner à lui proposer un environnement terne et dépouillé. Comme pour le punir de ne pas avoir eu les moyens de se procurer une version plus luxueux. Cette philosophie est abandonnée depuis plusieurs années, et elle l’est davantage dans la Sentra nous donne l’impression d’être à bord d’un véhicule se vendant beaucoup plus cher. Sur notre modèle d’essai, une version ST, les sièges en similicuir étaient dotés de surpiqûres, la planche de bord était recouverte du même matériau et la prise du volant gainé de cuir a pour effet de rehausser cette sensation de luxe et de confort. La Sentra est dotée de sièges avant « Gravité zéro » utilisés sur plusieurs modèles Nissan. La plupart des gens soulignent leur confort élevé, mais personnellement je les trouve confortables, mais sans plus. Toujours au chapitre des sièges, la banquette arrière offre un bon dégagement pour les jambes et se veut surtout fort confortable pour deux occupants puisque le dossier est configuré pour offrir une section galbée à chaque extrémité.

La planche de bord propose tous les canons en vigueur au chapitre du design de l’habitacle. Les trois buses de ventilation centrale sont circulaires et placées sous un écran de huit pouces qui est de consultation facile et posé en relief par rapport à la planche de bord. Les commandes sont relativement faciles à manipuler, les cadrans indicateurs numériques de consultation facile et, détail à souligner, en soirée, la plupart des commandes incluant celles placées sur le volant sont illuminées.

Curieusement, alors que la plupart des modèles actuels proposent un frein de stationnement électronique, la Sentra utilise la traditionnelle pédale pour actionner ce frein. Curieux quand même. Autre élément que l’on peut qualifier de curieux, ne cherchez pas de systèmes de navigation sur ce modèle, il n'existe pas. Comme chez plusieurs véhicules de General Motors, on confie la navigation au téléphone intelligent du conducteur et au système Apple CarPlay et Android auto. Et cette tendance devrait être de plus en plus répandue au cours des prochaines années.

Plus de puissance

Entièrement renouvelé signifie que non seulement la silhouette est nouvelle, mais la fiche technique également. C’est ainsi que la plate-forme a été complètement revue. La voie est élargie de 50 mm tandis que la hauteur du véhicule est abaissée de 56 mm. Ce qui permet d’obtenir un centre de gravité moindre. Ajoutez à cela une nouvelle suspension arrière indépendante à liens multiples qui vient remplacer la poutre de torsion utilisée autrefois, et vous avez la recette pour un comportement routier nettement meilleur.

À cela s’ajoute une nouvelle direction à assistance électronique à double pignon qui permet d’obtenir une sensation de la route plus affûtée et également plus de précision. Sur la version SR pilotée dans le cadre de cet essai, les pneumatiques P215/45R18 offrent plus de mordant dans les virages et une meilleure stabilité directionnelle.

Pour compléter le tout, les ingénieurs ont installé un nouveau moteur sous le capot. Ce quatre cylindres 2,0 litres avec ses 149 chevaux et 146 livres pieds de couple, une hausse de 25 chevaux et 21 livres pieds, offre des performances plus inspirantes. Cette amélioration ne transforme pas la Sentra en bolide de course, mais permet des accélérations plus franches et de meilleures reprises.

Un produit homogène

Alors que certains constructeurs abandonnent le marché des berlines, je crois que Nissan a eu la bonne idée de demeurer dans le coup et de nous proposer un véhicule fort équilibré aussi bien en raison de sa silhouette, de son aménagement intérieur et de son comportement routier. Cette voiture ne possède aucun défaut majeur et elle conviendra fort bien à une jeune famille, à une personne monoparentale, couple de retraités ou encore ce que les Américains appellent les « empty nesters », soit des parents dont les enfants ont quitté la maison et dont les besoins en matière de transport de sont plus les mêmes.

La motorisation est adéquate tel que mentionné précédemment. Et il faut souligner les progrès réalisés par la transmission automatique à rapports variables dont la fréquentation est moins irritante que précédemment. Nissan a connu certains problèmes de fiabilité et de longévité avec ses transmissions CVT, mais on souligne que cette nouvelle génération devrait corriger les lacunes de jadis. En plus, le système de gestion électronique de cette boîte automatique permet de laisser croire qu’il y a des passages de rapports individuels comme avec une boîte traditionnelle. Cela devrait réconforter les traditionalistes tout en éliminant la sensation que le moteur tourne constamment à plein régime.

Celles et ceux qui apprécient la boîte manuelle, celle-ci est disponible, mais uniquement sur le modèle de base.

Bref, Nissan a concentré ses efforts sur la Sentra et délaissé les Micra et Versa. Et le résultat est probant. Le produit est alléchant visuellement, pratique et confortable tout en offrant un comportement routier sans défaut majeur.