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Opinion

La vérification technique des autos.

Il faudrait prendre exemple sur l'Allemagne

Texte : Denis Duquet

6 septembre 2021

 

Les efforts du gouvernement du Québec pour réduire le nombre de fatalités sur nos routes, pour tenter d'électrifier le parc automobile sont louables. En effet, sauver des vies et réduire le niveau de gaz à effet de serre dans l'atmosphère ne peuvent être critiquées. Cependant, tandis que l'on tente d'électrifier les véhicules circulant sur nos routes, il n'en demeure pas moins que des centaines de milliers de voitures, camionnettes et VUS à moteur thermique sont en circulation sans que l'on  tienne compte de leurs conditions mécaniques et de l'état de leur système antipollution. Il est vrai que la SAAQ exige des examens techniques pour une multitude de véhicules, notamment les voitures provenant d'une autre province, les automobiles modifiées, celles affectées au transport commercial  et plusieurs autres éléments du genre. Mais, en fin de compte, les voitures de tourisme qui sont la grande majorité des véhicules circulant sur nos routes ne sont pas soumis à une inspection technique obligatoire. 

Curieusement, il y a une décennie, c'était décidé, on procédait à obliger les automobilistes à faire vérifier leurs moyens de transport de façon régulière. Ça semble s'être perdu au feuilleton. Pourtant, le seul fait d'avoir un parc automobile à moteur thermique en bonne condition mécanique et doté de systèmes antipollution efficaces permettrait de réduire la production de gaz à effet de serre. Ce n'est pas aussi radical qu'une voiture électrique, mais ce ne serait quand même pas en avant puisqu'on ne peut pas se débarrasser d'un simple coup de baguette magique de tous ces véhicules pour les remplacer immédiatement et automatiquement par des véhicules électriques. Soit dit en passant, si ces derniers sont plus propres aux yeux des écologistes, ils ont également leur part de responsabilité sur le réchauffement de la planète, notamment les usines de production qui ne sont pas encore carbo neutre. 

Pourtant, dans plusieurs pays du monde, les propriétaires de véhicules de tourisme sont obligés à intervalles réguliers à procéder à l'examen technique de leur véhicule dans des centres autorisés. Un bel exemple est l’Allemagne alors que ces vérifications obligatoires  sont non seulement très sérieuses, mais peuvent entraîner des répercussions importantes. 

En tout premier lieu, si vous achetez une voiture neuve enAllemagne, il ne sera pas nécessaire de la faire inspecter avant trois ans. Parla suite, cette vérification devra s'effectuer tous les 24 mois. Et comme on connaît l'efficacité germanique, le véhicule est inspecté d'un pare-chocs à l'autre et rien n'y échappe. Si votre véhicule passe l'examen avec brio, le propriétaire du véhicule se verra remettre un certificat de conformation technique. Si le véhicule doit subir des réparations et des modifications, on a deux mois pour le faire. Faute de quoi, il vous sera impossible d'immatriculer votre voiture et évidemment impossible également de l'assurer. 

Certificat de conformité TUV

Partout en Allemagne, il existe des centres de vérification pour procéder à ce qu'on appelle Hauptuntersuchung ou HU . Par le passé, seuls les ateliers TÜV  (TechnischeÜberwachungs-Verein) pouvaient effectuer ces inspections, mais au fil des années, deux autres intervenants sont autorisés soit les centres DEKRA et les garages autorisés GTÜ (Gesellschaft fuer Technische Überwachungand). 

Une fois tout le processus terminé et que votre auto est déclarée en bonne condition mécanique, on appose un timbre sur la plaque d'immatriculation arrière. Celle-ci confirme la conformité du véhicule et également la date de la prochaine vérification technique qui est établie tous les deux ans. De plus, cette inspection vérifie la provenance du véhicule, son historique et  également à savoir si elle a déjà été accidentée. Bref, on sait tout sur cette voiture. 

Ce timbre confirme que votre auto a passé avec succès l'examen technique obligatoire.

Bien entendu, ce serait idéal que l'on fasse de même au Québec, mais plusieurs s’y opposent pour différentes raisons. Il y a tout d'abord ceux qui s'opposent à toute intervention de l'État dans leur vie et ils ne veulent pas se faire imposer toute obligation que ce soit. On en a un bel exemple avec la vaccination et les masques dans le cadre de la pandémie du Covid 19. Plusieurs autres craignent que ce soit la catastrophe sur le plan organisationnel. En effet, il faudra prendre rendez-vous auprès des établissements accrédités, ce qui risque d'être parfois long et pénible. De plus, nombreux sont ceux qui mettent en doute les qualifications des centres qui seront autorisés. 

Pourtant, ça ne devrait pas être tellement compliqué. On a le bel exemple de l'organisation du processus de vaccination pour vaincre la pandémie et cela s'est fait de façon relativement conforme. C'est vrai que le gouvernement a mis le paquet compte tenu de l'urgence de la situation, mais cela prouve que les capacités organisationnelles du gouvernement ont fait leurs preuves. Du moins, au ministère de la Santé. Reste à voir si le ministère desTransports et la SAAQ pourraient faire de même. 

Compte tenu du vieillissement de la flotte automobile à moteur thermique, et le fait que plusieurs vont attendre avant de passer à l'électrification de leur véhicule, il est important de s'assurer que la flotte automobile conventionnelle soit techniquement fiable et respectueuse des normes environnementales. 

Mais je ne suis pas nécessairement optimiste puisqu'il y a un peu plus d'une décennie, on devait décidé de procéder et on attend encore.