· 48 km 543 : 29septembre 1986, Milan, vélodrome Vigorelli
· 49 km 801 : 3 octobre1986, Milan, vélodrome Vigorelli
Dans la vie, on prend parfois des décisions instantanées que l'on regrette parfois, mais dans certains cas, on est très heureux de l'avoir prise par la suite. Je suis encore très fier, plusieurs décennies plus tard, d'avoir choisi de modifier mon horaire et mon programme afin de pouvoir assister à une tentative de record de l’heure à vélo. En effet, le matin du 29 septembre 1986, je m'apprête à quitter Munich en direction de Nice suite à un dévoilement organisé par BMW et rejoindre en France un programme Volvo qui débutait le lendemain.
Avant de me rendre à l'aéroport, dans un kiosque à journaux en face de l'hôtel, j'achète le journal français l'Équipe afin d’avoir un peu de lecture au cours du vol. En le feuilletant distraitement en direction de l'aéroport, je découvre que le cvhampion cycliste italien Francesco Moser s'apprête à tenter de battre le record de l'heure en soirée au vélodrome Vigorelli de Milan. Je n'ai pas eu besoin de réfléchir trop longtemps pour me convaincre de bifurquer vers Milan et d'assister à cet événement sportif qui allait rentrer dans l'histoire.
Une fois à l’aéroport, je me suis dirigé au guichet de Lufthansa afin de modifier mon vol. Une heure plus tard, j'étais confortablement assis dans l'avion en direction de la ville italienne. J'avais également eu le temps de contacter l'hôtel qui devait m'accueillir à Nice pour une nuit en attendant l'arrivée de mes collègues et d’annuler cette réservation puisque j'avais également réservé un billet de train pour le train de nuit Milan–Nice .
Une fois à Milan, après avoir laissé mes bagages à la consigne, j'ai pris un taxi en direction du vélodrome. Et même si je croyais avoir amplement de temps pour m'y rendre, les différentes péripéties d'achat de billets de train et de dépôt de bagages à la consigne, je ne suis arrivé au vélodrome que quelques minutes avant le départ de la tentative du record de l’heure.
Vélodrome Vigorelli
En fait, Moser effectuait des tours de piste des réchauffements avant de se lancer dans sa tentative de record. Puis, une heure plus tard et après avoir franchi 48km 543, le record était battu et la foule était en liesse. Une fois de plus, Moser avait écrit son nom dans les annales de l'histoire cycliste. Il faut souligner que le 3 octobre, notre champion retournait en piste et cette fois-ci la distance franchie a été de 49, km 801. Donc, le record de l’heure a une attitude de moins de 600 m a été éclipsé à deux reprises à quelques jours d'intervalle.
Pour ma part, après le brouhaha de cette performance, le retour à la gare s'est effectué sans problème en taxi et j'ai même eu le temps de casser la croûte avant de prendre le train de nuit en direction de Nice. Une fois arrivé dans la ville française, comme il était très tôt et que j'avais annulé ma réservation d'hôtel, je me suis trouvé une chambre dans une auberge en banlieue de l'aéroport pour me reposer quelques heures avant d'aller rejoindre mes confrères à leur arrivée en fin d'avant-midi. C'était le début d'une autre aventure fort intéressante alors que le constructeur suédois dévoilait la 780, un coupé dessiné par le carrossier italien Bertone et assemblé dans ses ateliers de Turin. Nous avons effectué le trajet Monaco–Turin en traversant les Alpes au volant des 780 afin d'arriver en soirée dans la cité médiévale.
Nuccio Bertone et quelques unes de ses créations
Le lendemain, ce fut la visite des ateliers Bertone suivi en après-midi de la découverte des studios de création du carrossier situé dans les montagnes avoisinant la ville. Finalement, en soirée, nous avons eu droit à un repas assez fantastique dans un ancien manoir. Cette fois, les truffes étaient à l'honneur et les garçons de table en mettaient à pratiquement tous les plats à l'aide de petites mandolines. Bien entendu, la plupart de mes collègues américains et certains canadiens se demandaient ce qu’étaient ces petites choses noires qui agrémentaient les plats et se contentaient de les placer enpériphérie de l'assiette comme si ça avait été quelque chose de désagréable à manger. Il fallait d'ailleurs voir la binette des serveurs lorsqu'ils reprenaient nos assiettes pour découvrir que la majorité des journalistes n'avait pas goûté aux truffes.
Quant à moi, j'ai eu l'opportunité d'être assis à côté de Monsieur Bertone. Comme celui-ci ne parlait pas l'anglais, mais uniquement le français et l'italien, j'ai eu l'opportunité de lui causer de choses et d'autres principalement en français, mais un peu en italien que je baragouinais assez mal merci à l'époque. Tous les autres journalistes se demandaient bien de quoi on pouvait parler. Lorsque je leur ai répondu que Bertone était un mordu du ski et que nous n'avons parlé que de cela tout au long du repas, ils étaient littéralement estomaqués.
Quoi qu'il en soit, ce voyage a été mémorable à plus de points de vue. Après la découverte de la première berline de grand luxe de BMW, j'ai assisté à un record de l’heure historique par un grand champion pour ensuite découvrir un robuste coupé suédois à l'italienne tout en pouvant parler à un styliste de renom pendant quelques heures.
Tous mes voyages n'ont pas toujours été aussi enrichissants et agréables,mais au moins, cette fois je me suis félicité d'avoir pris une décision qui allait me donner d'agréables souvenirs.