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Rolls-Royce Cullinan. Premières impressions de conduite

par Éric Descarries

17 novembre 2018

Lorsque le légendaire constructeur britannique a dévoilé son projet de grand VUS, plusieurs observateurs en furent sceptiques. Pourquoi un VUS d’une compagnie qui avait bâti sa réputation à produire certaines des limousines les plus luxueuses du monde? Très simple, la plupart des automobilistes, même les plus riches de la planète, sont plus attirés par les VUS que par les autos. Sinon, pourquoi les Lamborghini, Bentley, Aston Martin et même Ferrari de ce monde ajouteraient-ils un VUS à leur lignée?

Écoutez le podcast de cet essai routier avec Jacques Deshaies et Piero Facchin

Mais, plus encore, les dirigeants de Rolls-Royce (maintenant dans le giron de BMW) ont cru offrir un véritable tout-terrain aux amateurs de la marque ce qui ne s’est jamais produit dans le passé! Et c’est ce qu’ils ont fait. Ils s’attendent vraiment à ce que les acheteurs de Rolls-Royce utilisent vraiment leur Cullinan pour des excursions hors de l’ordinaire (un peu comme les «maharadjah» l’ont fait à une certaine époque avec de grandes voitures Rolls-Royce).

Le VUS Cullinan a d’abord été dévoilé individuellement aux clients potentiels dans les concessionnaires de la marque plutôt que dans de grands salons anonymes. C’est pourquoi nous l’avons vue pour la première fois chez Rolls-Royce du Québec à Montréal tel que rapporté en juin dernier dans ce site.

Répétons alors les quelques caractéristiques de cet ultime véhicule. Basé sur une toute nouvelle plateforme qui a d’abord servi à la toute récente Rolls-Royce Phantom (et qui servira aux nouvelles Rolls à venir) le Cullinan est construit sur un châssis à sections variables qui est fait de pièces et extrusions d’aluminium qui devraient permettre plus de flexibilité de construction. Le moteur, un V12 de 6,75 litres biturbo (issu de BMW) qui vient d’apparaître sous le capot des nouvelles Phantom, a vu son électronique révisée pour procurer plus de couple à bas régime. Il est combiné à une boîte automatique ZF à huit rapports et à la traction intégrale.

Cet ensemble mécanique loge dans une carrosserie un peu rectangulaire mais qui reproduit bien le design reconnaissable des Rolls-Royce. Incidemment, selon le président de la compagnie, Torsten Müller-Otvös, ce design qui inspire une nature «hors-route» aurait été bien reçu de la clientèle que l’on croirait très traditionnelle de Rolls-Royce. La grande caisse à quatre portes et hayon arrière en deux pièces, l’une relevable, l’autre rabattable, est aussi d’aluminium alors que les ornementations sont faites d’acier inoxydable. Ah oui! Note historique, c’est vraiment le premier véhicule à hayon de Rolls-Royce!

Pour monter à bord, nul besoin de tirer les poignées. Il ne suffit que de presser un bouton et les portières s’ouvriront d’elles-mêmes. Incidemment, celles d’arrière sont du type «suicide» s’ouvrant à l’inverse de celles d’avant. Évidemment, la finition intérieure du Cullinan respecte les critères de qualité de la marque. Le tableau de bord avec finition de bois (noir), naturellement, est plat comme le veut la tradition chez ce constructeur britannique. Sauf que la finition supérieure de la planche est légèrement relevée devant le conducteur et devant le passager (un peu comme ce que l’on pouvait voir sur les Lincoln Continental des années soixante!). Tous les instruments y sont judicieusement placés mais en ce qui concerne les choix de l’écran, on y verra la commande rotative à la console (un héritage de BMW?).

Les sièges d’avant sont confortables à souhait alors que ceux d’arrière sont légèrement relevés pour une meilleure visibilité. Il est possible d’obtenir deux sièges baquets avec console centrale à l’arrière ou une banquette dont les dossiers sont rabattables. Mais, toutes ces spécifications sont disponibles un peu partout dans l’Internet. Ce qui compte, ce sont les premières impressions de conduite.

Le Cullinan que j’ai conduit dans la région de Montréal était un des premiers exemplaires à toucher le sol canadien. Je l’ai conduit même bien avant que les premiers propriétaires de ce VUS Rolls-Royce aient reçu le leur. Monter à bord est facilité par les portes qui non seulement s’ouvrent seules à la simple pression d’un bouton mais, qui plus est, dégagent le seuil d’entrée ce qui protège les pantalons lorsque la voiture est sale (il y a même des parapluies encastrés dans le cadre des portières). Le V12 démarre au quart de tour en pressant sur le bouton à gauche du volant. Dois-je préciser que ce moteur n’émet aucun son envahissant ni de vibration? Pour passer en vitesse, il ne suffit que de tirer le petit bras (à la colonne) vers soit et l’abaisser ou le relever dépendamment si l’on veut aller de l’avant ou de l’arrière.

Le véhicule est gros, il est massif! Mais il se manipule facilement. La direction est très tendre (n’oubliez pas que les roues arrière sont aussi légèrement directrices) et c’est ainsi que les clients de Rolls-Royce veulent leur voiture. Sur la route, l’auto est d’un silence d’église. C’est à peine si l’on entend le moteur rouler. Tout y est d’une douceur incomparable y compris le passage des rapports de la boîte automatique. En vérité, le conducteur ne reçoit que peu d’information de la route dans le volant

Question d’accélération, les 563 chevaux du V12 semblent peiner à déplacer l’imposante masse du Cullinan (quelque 2660 kg ou 5863 livres!) qui, malgré tout, arrive à 100 km/h en environ sept secondes. Les reprises peuvent sembler paraître difficiles mais, malgré tout, cet imposant VUS réussit à se tirer d’affaire. En vitesse de croisière, c’est un véritable salon roulant (en doutiez-vous?).

Curieusement, on se penserait au volant d’une grande berline américaine des années soixante-dix mais avec plus de précision de conduite! Si vous recherchez un comportement routier plus excitant et une tenue de route plus mordante, regardez plutôt du côté d’un Bentley Bentayga. Malgré tout, je dirais que pour son gabarit, le Cullinan est quand même agile.

Vu que c’est un VUS, ce grand Rolls-Royce a été créé pour attaquer certaines formes de sentiers. Pour ce faire, il ne s’agit que de presser sur un bouton à la console et la caisse se soulève de quelques 40 mm. Il neigeait légèrement le jour de mon essai à la piste ICAR au nord de Montréal. Le plan initial était de nous faire essayer le Cullinan sur un petit tracé hors-route mais vu que la neige avait recouvert ce tracé, le représentant du constructeur n’a pas voulu que l’on s’aventure sur le terrain. En passant, très inquiets de la météo, les gens de Rolls-Royce ont cru préférable de changer les pneus d’origine pour des pneus d’hiver Continental. Si vous tenez vraiment à voir ce dont le Cullinan est capable hors-route, consultez les bandes vidéo du constructeur. Vous serez convaincus. C’est un vrai tout-terrain! Oh! Et il peut remorquer jusqu’à 7275 livres et il vient avec une attache camouflable!

Bien entendu, vous êtes curieux du prix, n’est-ce pas? Le prix de base de mon véhicule d’essai était de 401 992 $. La seule option de l’ensemble de lancement valait 66 076 $ et il y avait plusieurs autres options au prix final auquel il faut ajouter la préparation de 7900 $, le transport maritime de 3136 $ et …la taxe d’accise fédérale canadienne de 100 $ pour le climatiseur! La facture finale grimpait alors à 520 181 $...et dire que la coûteuse option Viewing Suite, des petits sièges ajoutés au panneau arrière pour les «tailgate parties», n’y était pas.

En conclusion, même si cet essai aura duré moins d’une heure, force nous est d’admettre que le Cullinan est d’un confort et d’une douceur de roulement nettement supérieurs à son plus important rival, le Bentley Bentayga (mais celui-ci y est plus rapide!). Chez Rolls-Royce, on dit du Cullinan que c’est «Effortless everywhere» (Partout sans effort). Je suis complètement d’accord et j’ajouterais : «…en silence !». Une vraie Rolls-Royce !