Revenir au site


Trabant et Wartburg : Choix presque exclusif en Allemagne de l’Est

texte de Denis Duquet

27 février 2023

Jusqu’à la chute du mur de Berlin en 1989, l’Allemagne de l’Est était un pays communiste respectant toutes les politiques de cette doctrine. Ce qui signifie que seuls les produits autorisés par le régime étaient commercialisés. Dans le domaine de l’automobile, le choix se résumait plus ou moins à deux modèles : la Trabant et la Wartburg.

De nos jours, lorsqu’on parle de voitures est-allemandes, on songe immédiatement à la Trabant qui a été souvent désignée comme la pire voiture de l’histoire. Quant à la Wartburg, elle est supérieure sous plusieurs aspects par rapport à la Trabant. Leur carrière s’est terminée en 1991, une année après l’unification de l’Allemagne. Non seulement ces deux voitures proposaient une mécanique désuète, des moteurs deux-temps, mais elles ne respectaient d’aucune manière les normes environnementales et de sécurité.

Trabant

Cette voiture a été produite par le manufacturier VEB Sachsenring Automobilwerke situé à Zwickau. Il s’agissait d’une voiture sous compacte à châssis autonome dont la carrosserie était fabriquée à partir d’un mélange de coton et de phénol. Appelé Duroplast, ce matériau compensait pour la rareté de l’acier dans ce pays. Il s’agissait d’une traction avant, dont les suspensions avant et arrière étaient à ressorts elliptiques transversaux. Bien entendu, des freins à tambour se retrouvaient à l’avant et à l’arrière.

En plus de sa qualité de fabrication atroce, sa motorisation était rétrograde. En effet, un moteur
deux cylindres deux temps de 500 CC grondait sous le capot. Ce moteur produisait initialement 26 chevaux et il fallait 21 secondes pour atteindre 100 km/h, départ arrêté. Il a été utilisé de 1957 à 1962 avant d’être remplacé par une version légèrement plus puissante jusqu’à 1989. Finalement, au cours des deux dernières années, on a fait appel à un moteur Volkswagen de 1,3 litre quatre temps.

Cette voiture était dépouillée au possible, la planche de bord ne possédait que le seul indicateur de vitesse. En fait, il n’y avait pas de jauge d’essence, il fallait soulever le capot, et vérifier une jauge insérée dans le réservoir de carburant qui était placé au-dessus du moteur et qui alimentait ce dernier par gravité, comme sur une moto. De plus, comme il s’agissait d’un moteur deux-temps, il fallait mélanger l’huile à l’essence, de sorte que la plupart des Trabant sur la route émettaient une imposante fumée bleue.

Malgré plusieurs déficiences sur le plan technique et mécanique, elle proposait une tenue de route correcte pour une voiture de cette catégorie. De plus, comme cette marque ainsi que la Wartburg était presque exclusive sur le marché est-allemand, la demande était forte et il fallait une décennie avant de prendre possession de ce « petit bijou ».
Au fil des années, plusieurs modifications ont été apportées à la carrosserie qui était offerte en berline, familiale et version militaire de type tout-terrain.

Curieusement, cette médiocrité sur quatre roues est demeurée dans la mémoire populaire, car elle était identifiée à un régime communiste qui a failli à la tâche. De plus, qualifiée comme étant la pire voiture sur le marché, plusieurs gens ont associé certaines déficiences à celles du régime de
ce pays. Et il ne faut pas oublier que de 1957 à 1991 on en a produit 3 millions d’exemplaires.

Quant à la Wartburg, elle était plus moderne, plus luxueuse et mieux réussie que la Trabant, mais elle était également handicapée par sa motorisation qui était presque antédiluvienne.

Wartburg

Cette marque est plus ou moins inconnue de nos jours, mais il est intéressant de savoir que ses origines remontent à 1898. L’usine était située dans la ville allemande d’ Eisenach, et les voitures qui étaient produites portaient le nom du château qui domine la ville.D’ailleurs, les voitures produites à cette époque portent le nom de Wartbugwagon. En 1928, la jeune compagnie BMW se porte acquéreur de cette usine pour y produire différents modèles, notamment le DA-3 Wartburg qui était la première voiture sport de la marque.

Après la guerre, l’usine est pratiquement démolie, mais on a reconstruit et les autorités soviétiques qui gèrent le pays ont continué à produire des voitures BMW, sans l’autorisation bien entendue de la marque. Le constructeur de Munich a porté plainte et les soviets se sont contentés de changer le nom
des voitures par EMW. La production a cessé en 1956 et on amorce alors la production de la Wartburg 311 qui était offerte en différentes configurations : une camionnette, une familiale, une berline et un cabriolet deux portes.

Comme sur la Trabant, la Wartburg est propulsée par un moteur deux-temps, également d’origine DKW. Ce tri cylindres de 1,0 litre produisant 55 chevaux associés à une boîte manuelle à quatre rapports. Cette voiture était dotée d’un système de roue libre alors que la transmission se désengageait dès qu’on levait le pied de l’accélérateur. Ceci avait pour but de réduire la consommation de carburant, mais comme il n’y avait pas de compression du moteur à ce moment, les risques
de dommages à la mécanique sont importants. La plupart des conducteurs donnaient un petit coup d’accélérateur de temps à autre dans les descentes afin d’assurer une bonne lubrification du moteur. Soulignons qu’en 1966, la boîte de vitesses est devenue entièrement synchronisée.

Puis à partir de 1966, une version améliorée et plus moderne aux points de vue esthétique et d’équipement est commercialisée. La 353 est le modèle qui a été commercialisé sous différentes variantes jusqu’à 1985. Si ce n’était que de son groupe propulseur ancien, le reste de la voiture était quand même relativement élégant pour l’époque. Soulignons également que la 353 a été
commercialisée dans différents pays, notamment en Grande-Bretagne où une version à volant à droite avait été produite. Elle a même été vendue sur le marché américain, mais les chiffres de vente étaient pratiquement confidentiels.

Tentant de remédier à la principale faiblesse de ce modèle qui était le moteur deux temps, en 1988 on a installé un moteur quatre temps de Volkswagen. Ce quatre cylindres de 1,3 litre a cependant nécessité d’importantes modifications de la section avant, rendant la voiture beaucoup trop onéreuse pour le marché est-allemand.

Finalement, en 1991, la compagnie a déposé son bilan, incapable d’affronter une concurrence nettement mieux dotée à tous les points de vue et offrant également de meilleures performances, une sécurité accrue et également le respect des normes antipollution, ce que la Wartburg comme la Trabant ne pouvaient pas faire