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Vic Elford, ma rencontre avec la légende

texte de Jacques Deshaies

17 mars 2022

Le géant du sport automobile Vic Elford est décédé cette semaine à l’âge de 86 ans. J’ai eu le privilège de le rencontrer il y a quelques années. Il s'est confié sur sa prolifique carrière en sport automobile.  Voici ce que j’avais recueilli. 

Peut-on considérer cette rencontre comme un privilège? La réponse est oui en lettre majuscule. Avoir le bonheur de discuter avec le grand Vic Elford pendant quelques heures demeure un moment unique dans une vie. Le pilote britannique surnommé pendant longtemps, Quick Vic, parle de son passage dans l’histoire avec passion. Lors d’un évènement hivernal de Porschechez Mécaglisse au nord de Montréal, quelle ne fut pas ma surprise d’apercevoir celui qui avait fait ma joie pendant ma jeunesse! J’étais alors abonné au magazine Sport Auto qui traitait abondamment du sport automobile en Europe. 

Je l’ai connu sous la bannière Porsche à une certaine époque. Les 917 faisaient la loi en endurance. Victor Henry Elford est né à Londres le 10 juin 1935. Son père était un passionné du cyclisme et de la course automobile. Il décide d’assister au Grand Prix de Silverstone en 1949, tout juste avant la fondation du Championnat du Monde que nous connaissons aujourd’hui. Le fils, Vic, accompagne son père. La piqûre est donnée. Il n’a pas d’argent, mais réussit à se monter une MG TF pour faire quelques épreuves régionales de rallye. Il devient membre du Seven Oaks and Districk Motor Club. Il en est toujours membre aujourd’hui. 

Il prend contact avec la course comme copilote à bord d’uneTriumph TR3 A. En 1961, il se porte acquéreur d’une Mini qu’il revend à la fin d’une saison mitigée. La société DKW l’embauche en 1962 pour participer à quelques épreuves de rallye régionales. En 1963, il revient au volant d’une TriumphTR4. S’il est satisfait de ces performances, il l’est moins de la voiture qui souffre d’un grand manque de fiabilité. L’année suivante, il passe chez Ford. Il y connaîtra trois années extraordinaires au volant, entre autres, d’une Cortina préparée en collaboration avec Lotus. 

En 1967, il devient champion d’Europe des rallyes. Rien de moins. Mais ce n’est pas avec Ford. C’est plutôt avec Porsche qu’il remporte ce championnat. En 1968, il gagne le célèbre rallye de Monte-Carlo au volant d’une 911. Il démontre alors clairement que Porsche peut bien faire en sport automobile. Il le confirme la même année avec une victoire aux 24 Heures de Daytona au volant d’une magnifique 907. C’est la première victoire de Porsche en endurance. Mais c’est loin d’être la dernière. Vic Elford confirme sa place chez Porsche et traversera en Formule 1. 

 Après avoir donné la première victoire de Porsche en endurance, Vic Elford remporte la prestigieuse course du Targa Florio. Il revient d’un retard de 18 minutes après une crevaison et gagne l’épreuve. Toujours la même année, il participe à sa première course en Formule 1. Il est au départ du Grand Prix de France et termine en quatrième place. Il est au volant d’une Cooper T86B avec moteur BRM. Il va disputer sept grands prix en1968. 

L’année suivante, il reprend le volant d’une autre Cooper avec moteur Maserati cette fois avec l’équipe Antique Automobiles. Après avoir terminé le Grand Prix de Monaco en Formule 1, il devient le seul pilote à avoir couru dans les deux disciplines, soit en rallye et en monoplace sur le circuit monégasque. En 1971, il participe au célèbre Championnat du monde des Marques. Il est au volant d’une voiture aux couleurs de Martini Racing. Il est chronométré à plus de 380 km/h au volant d’une Porsche 917 pendant les essais libres en marge des 24 Heures du Mans. 

Il remporte les 12 heures de Sebring en Floride et participe aux 1000 KM du Nürburgring. Pendant les 24 Heures du Mans de 1972, il aperçoit une Ferrari en flamme. Il arrête sa voiture en bordure de piste afin de venir en aide au pilote de la voiture. En ouvrant la portière, il se rend compte que le pilote a quitté sa voiture. C’est en cherchant autour de lui qu’il voit les restes de la Lola de Jo Bonnier l’autre côté de la barrière de sécurité. Bonnier, son ami, est mort. Devant le courage de Vic Elford, le président français Georges Pompidou lui remettra l’Ordre National du mérite pour son geste courageux. 

Il a aussi participé au tournage du fameux film de SteveMcQueen, Le Mans. Au total, il aura couru pendant cinq ans pour Porsche. Mais il a aussi une extraordinaire carrière avec Ford, Triumph, Lancia, Alfa-Roméo,Ferrari, Chaparral, Shadow, Cooper, Lola, Chevron et Subaru. Pilote complet, il a même participé au Daytona 500 en Nascar. Ma rencontre avec ce pilote exceptionnel est gravée dans ma mémoire à jamais. Affable et empreint d’une grande gentillesse, Vic `Quick Vic`Elford a marqué l’une des plus belles époques du sport automobile. Il résidait en Floride depuis plusieurs années.  

Salut Vic Elford!