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Buick Lacrosse Avenir

Par Denis Duquet

5 décembre 2017

Sérieusement?

Il y a quelques années, la division Buick a décidé de revigorer son image qui était jusqu’alors associée à des automobilistes retraités ou appréciant des voitures plus confortables qu’agréables à conduire. Pour ce faire, elle a décidé de nommer « LaCrosse » sa nouvelle berline pleine grandeur. Si cette appellation a fait sourire les Québécois, pour les Américains, ce nom est associé à un sport collégial pratiqué dans les grandes universités américaines. Il s’agit d’un sport de contact excitant joué sur un terrain extérieur gazonné comme celui du football. Bref, on associait la marque à une activité sportive athlétique réservée à une certaine élite.

Quelle ne fut pas la surprise de Bob Lutz, à cette époque le grand patron du développement des nouveaux produits chez General Motors, lorsqu’un journaliste torontois lui a fait savoir que si ce nom était associé à un sport universitaire aux États-Unis, au Québec, il s’agissait d’un péché. Le responsable du manufacturier a été ébranlé et puisqu’il s’agit d’une personne qui parle le français, il a été davantage sensibilisé à cette nomenclature quelque peu bizarre. On a alors décidé d’appeler la voiture « Allure » au Canada afin d’éviter tout imbroglio tandis que la voiture conservait son nom original sur le marché américain. C’était en quelque sorte une victoire du péché sur le sport.

Pourtant, après un certain temps de réflexion et une couple d’années de mise en marché, les responsables canadiens du constructeur ont décidé d’abandonner la nomenclature canadienne pour retourner au nom original qui fait toujours sourire dans notre province. La raison était bien simple : en adoptant une identification différente, on perdait une partie des avantages de la mise en marché américain qui influence également nos acheteurs anglophones. Mais puisque le public avait pris connaissance du nom original, du changement d’idée et du retour à la version de base, les Québécois ont pratiquement abandonné toute velléité de faire des calembours sur cette voiture.

Mais il ne faut pas quand même exagérer. En effet, au récent Salon de l’auto de Los Angeles, Buick dévoilait une nouvelle version de cette berline. Cette fois, il s’agit de la LaCrosse Avenir. Vous pouvez sourire ou même vous esclaffer devant l’inconscience d’une telle nomination auprès des Québécois. En effet, même s’il s’agit d’une version plus luxueuse de cette voiture, on ne peut s’empêcher de se demander comment peut-on t’arriver à un tel nom pour une voiture dont l’identification était déjà assez controversée au départ, du moins pour le marché québécois.

Cela n’empêche absolument pas cette voiture de posséder d’indéniables qualités en plus d’offrir plus de luxe que la version « Régulière », mais il est certain que quelques personnes sur le marché québécois vont peut-être être intimidées d’informer leur interlocuteur qu’ils conduisent une « Buick LaCrosse Avenir ». Il serait plus sage afin d’éviter les sourires et les quolibets de se contenter de préciser qu’ils conduisent une Buick Avenir, tout simplement.

Cet imbroglio est une preuve de plus que donner un nom à un modèle risque de vous attirer l’incrédibilité ou l’hilarité des gens dans certains pays. L’un des plus beaux exemples était celui de la Chevrolet Nova. Puisque Nova en espagnol signifie que l’on ne va nulle part ou que l’on n’avance pas, ce ne fut pas un nom tellement approprié pour une voiture vendue dans les pays hispanophones. Et la liste d’exemples en ce sens est assez longue, et ce de la part de plusieurs constructeurs.

C’est pourquoi les nomenclatures alphanumériques comme Volvo XC90, Mazda CX-5 ou encore Mercedes GLA, pour ne citer que quelques exemples, évitent les imbroglios du langage dans certaines parties du monde. En attendant, il ne faut pas oublier que cette Buick au nom qui fait sourire n’est pas dépourvue de qualités, bien au contraire.

Écoutez le podcast à 10 min 20 sec