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Croissance des véhicules électriques

Il faudrait que les ressources électriques soient à la hauteur

Texte : Denis Duquet

15 mai 2021

Le mouvement est lancé, et la production en grande série de véhicules 100 % électrique ira en s’accroissant de façon spectaculaire au cours de la prochaine décennie. Mieux encore, la plupart des intervenants dans ce milieu, incluant les constructeurs comme General Motors, ont également planifié l’installation de dizaines de milliers de bornes de recharge afin de pouvoir résoudre l’un des grands problèmes de cette catégorie de véhicule alors qu’il y aura une grande expansion. De plus, le développement de batteries garantissant un rayon d’action impressionnant et un temps de recharge de plus en plus court devrait permettre une électrification sans cesse accélérée du parc automobile. Cependant, il y a un os dans la soupe. En effet, si au Québec on bénéficie d’une énergie hydro électrique par l’intermédiaire de barrages géants, le portrait est beaucoup plus sombre dans le reste de l’Amérique.

En effet, aux États-Unis, ce qu’on appelle le « grid » électrique est saturé dans plusieurs régions, en Californie notamment. De plus, plusieurs fournisseurs d’électricité comptent sur des centrales thermiques fonctionnant au mazout ou au charbon pour fournir l’électricité faute de ressources hydroélectriques.

Structures électriques ou"grid"

Centrale thermique au charbon

Le problème est donc double. Premièrement, si une grande partie de la population se tourne vers la voiture électrique, ce pays aura beaucoup de difficultés à alimenter les bornes de recharge alors que la demande est déjà forte dans les activités industrielles et même domestiques. Cette demande accrue aura pour effet de solliciter encore davantage les centrales thermiques, ce qui aura pour effet d’augmenter la production de gaz à effet de serre. Bref, ce qu’on élimine avec une voiture électrique, on ne règle aucun problème avec la production de l’électricité nécessaire pour recharger les batteries. La plupart des constructeurs automobiles annoncent qu’ils seront carboneutres d’ici une vingtaine d’années au plus tard, qu’ils ne produiront plus de véhicules thermiques après 2035 et que l’installation de bandes de recharges ultrarapides ira en accélérant. Ce ne sont que de bonnes nouvelles à un bout de la lorgnette. À l’autre bout, il y a ce fâcheux problème d’approvisionnement en électricité. De plus, la puissance électrique se transporte difficilement, et il faut des lignes de haute tension fort onéreuses à produire. De plus, alors que les centres de production électrique sont déjà en pleine capacité, ça ne règle pas le problème. Il ne faut pas oublier non plus que l’utilisation de l’énergie nucléaire pour produire de l’électricité n’est pas nécessairement une solution envisageable compte tenu des problèmes que ce mode de production d’énergie présente. D’ailleurs, dans plusieurs pays, on a décidé de les éliminer et de les remplacer par des sources d’énergie alternatives, les champs d’éoliennes entre autres.

Centrale nucléaire

Champ d'éoliennes

Le pari n’est pas gagné, mais au Québec, on peut profiter de notre situation privilégiée et se tourner avec enthousiasme vers  l’électrification de notre parc automobile pour autant que l’on puisse trouver des solutions simples et pratiques pour l’implantation de bornes de recharge. Il est vrai que la problématique de bornes de recharge pour ceux qui n’ont pas accès à cet élément indispensable auprès de leur résidence, c’est au gouvernement de trouver des solutions originales et efficaces à court terme.

Et  à voir le nombre sans cesse croissant de véhicules électriques sur nos routes, j’ai la sensation que cela ira en s’accroissant même si certains déchantent en raison du stress causer par la difficulté de recharger leur véhicule en certaines circonstances. Si on est patient, ce ne sera qu’un mauvais souvenir d’ici quelques années.