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Hyundai Ioniq 6: voiture mondiale de l'année

Texte et photos de Denis Duquet

3 octobre 2023

Il y a 40 ans cette année, le constructeur coréen Hyundai faisait ses débuts sur le marché canadien avec la Pony, une sous-compacte dérivée d’un modèle britannique et vendu à un prix ridiculement bas. Malgré la mécanique rudimentaire et un comportement routier quelconque, ce fut un succès immédiat. Du moins pour quelque temps. Par la suite, quelques autres modèles tous peu compétitifs se sont succédé. Puis le constructeur a mis les bouchées doubles en nous proposant des voitures de plus en plus raffinées sur le plan technique tout en offrant des performances routières en progrès.

Cette évolution a été couronnée cette année alors que la Ioniq 6 a cumulé les accessits, notamment étant nommée « Voiture mondiale de l’année ». Ça donne une idée des progrès accomplis par Hyundai au cours de cette période.

La première chose qui nous frappe au contact de cette berline compacte est sa silhouette. Si la section avant est moderne, la partie arrière très arrondie semble s’associer à des modèles de passé tandis que d’autres y voient une similitude ou tout au moins une vague ressemblance avec la Porsche 911. Les avis sont partagés quant à cette silhouette, mais il faut souligner que celle-ci est dictée par les lois de l’aérodynamique. D’ailleurs, le coefficient de traînée de cette voiture est de 0,21, le plus bas pour un véhicule Hyundai. Cependant, il est le plus élevé chez tous les constructeurs de véhicules électriques. Quand même, c’est une performance digne de mention alors qu’il n’y a pas si longtemps, une voiture possédant un coefficient de traînée de 0,30 était considérée comme exceptionnelle.

D’ailleurs, pour obtenir de tels chiffres, les ingénieurs ont fait appel à des éléments mobiles à l’avant, des passages d’air dans les puits de roues pour mieux rediriger l’air tandis que la section arrière possède deux déflecteurs afin d’optimiser la pénétration dans l’air.

Passez au salon

Si la Ioniq 6 a remporté l’un des titres les plus convoités dans le monde automobile en 2023, ce n’est pas nécessairement raison de ses performances, mais surtout en raison de son équilibre et de son habitacle spacieux et confortable. En effet, tout dans cette voiture privilégie le confort de ses occupants sans pour autant négliger des performances intéressantes et une bonne autonomie.

L’habitabilité ne fait certainement pas défaut aussi bien pour les places avant qu’à l’arrière. Cependant, la silhouette de coupé quatre portes tellement populaire de nos jours oblige les occupants des places arrière à se pencher plus que d’habitude pour prendre place sur la banquette. De plus, même si le constructeur nous assure que les personnes de grande taille pourront prendre leurs aises, ce sera le cas pour les jambes, mais pas nécessairement
pour la tête. De plus, le coffre à bagages est d’une capacité de 316 litres seulement. À titre comparatif, celui de la Volkswagen Jetta est de 399 litres et celui de Toyota Corolla de 371 litres.

Les sièges avant sont confortables, mais leur support latéral pourrait être amélioré. Mais cette disposition est un indice certain de l’utilisation anticipée par les créateurs de cette compacte. Deux écrans d’affichage de 12,3 pouces se partagent la partie supérieure gauche de la planche de bord. Les possibilités d’affichage sont multiples, mais dans plusieurs des cas, j’ai déploré la petitesse des informations localisées au bas de l’écran. De plus, détail intéressant, mais quelque peu anecdotique, le moyeu du volant n’affiche pas le logo du
constructeur, mais quatre petits DEL. En morse, cela correspond à la lettre H. Vous avouerez qu’il fallait y penser. De plus, ces diodes s’illuminent lorsque le véhicule est en marche arrière par exemple ou lorsque certaines aides à la conduite sont activées.

Parmi les éléments positifs, il faut souligner un silence de roulement supérieur, une qualité de finition relevée même si les plastiques de la planche de bord sont excessivement durs tandis que les sièges avant sont chauffants et ventilés. De plus, le constructeur n’a pas lésiné sur l’équipement de série, notamment sur le modèle quatre roues motrices.

Plus de 500 km d’autonomie

Si l’autonomie des véhicules électriques vous inquiète, mais si ce modèle vous intéresse, il est possible de commander le modèle aux roues arrière motrices propulsées par un moteur de 225 chevaux dont l’autonomie annoncée par le constructeur est de 588 km. Toujours selon le constructeur, sur une borne à charge de type 2, il faut environ sept heures pour obtenir une pleine charge. Si vous avez accès à une borne de recharge accélérée, vous pouvez recharger la batterie jusqu’à 80 % de sa capacité en moins de 20
minutes. Quant au modèle à traction intégrale, sa puissance totale est de 320 chevaux et l’autonomie annoncée de 509 km tandis que les temps de recharge est pratiquement identiques à celui du modèle à propulsion.

À l’usage, sur une borne de type 2, il a fallu un peu moins de sept heures à obtenir une pleine charge qui était affichée à 516 km. Cependant, à l’usage, en pratique, la consommation est un peu plus généreuse et on peut s’attendre à une autonomie réelle d’environ 450 km avec cette version. Et si vous optez pour le modèle Ultimate est ses pneus de 20 pouces, l’autonomie est d’environ 435 km

Priorité : le confort.

Alors que beaucoup de constructeurs de véhicules électriques se concentrent sur les performances et la rapidité de la recharge de la batterie, il semble que les ingénieurs coréens se sont surtout concentrés sur la qualité du roulement, le confort et le silence de l’habitacle tout en proposant un comportement routier rassurant et pas nécessairement sportif. Tout en ne négligeant pas cependant la rapidité de la recharge.

En fait, il cible la grande majorité les acheteurs potentiels qui préfèrent rouler sans stress et confortablement au lieu de se faire secouer dans une voiture à vocation sportive, qu’elle soit électrique ou pas. Ce qui explique probablement pourquoi la direction qui est moyennement ferme est quand même relativement déconnectée de la route. Quant aux accélérations, on a enregistré un temps légèrement en bas de cinq secondes pour boucler le 0–100 km/h. Ce qui est quand même excellent compte tenu de la vocation généralement
bourgeoise de cette voiture. Pour les personnes qui ont opté pour la version à roues motrices arrière, le temps d’accélération pour atteindre 100 km/h est d’un peu plus de sept secondes.

Une autre caractéristique à souligner, c’est le confort de la suspension. Son empattement relativement long par rapport à la concurrence et une suspension conçue pour avaler les inconforts de la route rendent la conduite agréable sur mauvaise route. De plus, contrairement à certains autres véhicules électriques, on n’a pas à se préoccuper de l’utilisation ou non de la climatisation, puisque l’autonomie généreuse de la voiture permet de rouler en confort.

Enfin, détail fort apprécié sur les voitures électriques, il est facile de piloter en utilisant la conduite à une pédale alors qu’il est facile de programmer le freinage automatique ou encore de le doser grâce à une palette placée derrière le volant.

Voiture de l’année ?

Si les membres du jury de la voiture mondiale de l’année ont choisi la Ioniq 6 , ce n’est pas en raison de performances époustouflantes, de tenue de route spectaculaire, mais pour l’ensemble de son œuvre. Sur le plan du design, elle se démarque par son originalité et son caractère rétro tandis que la plate-forme E-GMP procure une rigidité de bon aloi et fait bon ménage avec une suspension fort bien étudiée. Ajoutez à cela une insonorisation relevée, un habitacle spacieux de multiples accessoires de sécurité, d’aide à la conduite, et vous avez un tableau passablement complet.

Voilà pourquoi cette Hyundai mérite ce titre tant convoité. Malheureusement, sa faible disponibilité incite les acheteurs potentiels à s’armer de patience.