Il faut savoir avant tout, que la compagnie Ford possède une structure corporative passablement exclusive puisque les membres de la célèbre famille ne détiennent pas la majorité des actions dans l’ensemble, mais la majorité des actions votantes. Cette structure a été adoptée après le second conflit mondial afin d’éviter des ennuis avec les Services du revenu des États-Unis. Ceci dit, Bill Ford Jr, l’arrière-petit-fils du grand Henry, a la main haute sur la direction de la corporation, même si la gestion quotidienne est attribuée à une autre personne.
Et justement, au cours des dernières années et toujours sous la houlette de Bill Jr, les chefs de direction se sont succédés. Il y a eu Jack Nasser le sauveur annoncé qui est parti dans la honte et la disgrâce pour avoir été trop arrogant et ambitieux. Puis, le grand patron a eu la main heureuse avec Alan Mullally, l’ancien dirigeant de Boeing dont le CV comprenait le sauvetage financier de ce géant de l’aéronautique.
Les sceptiques du début ont été rapidement confondus. À l’arrivée d’Alan Mullally, plusieurs prétendaient qu’un spécialiste de l’aéronautique n’avait pas sa place dans le monde de l’automobile. Ils avaient tort puisque sous sa gouverne Ford est le seul des Trois Grands à avoir évité la faillite lors de la crise économie de 2008 en plus de faire des gains sur plupart des marchés.
Lorsqu’il a pris une retraite bien méritée, il a été remplacé par Mark Fields, un cadre de Ford depuis des décennies et le candidat tout désigné pour prendre les rênes de l’ovale bleu. Pourtant, sous sa tutelle, les actions du constructeur ont chuté de 40 % ! Les actionnaires lui reprochaient de ne pas avoir mis suffisamment d’emphase sur le développement des voitures autonomes et électriques, les deux darling du grand public.
Bouté hors du siège de direction, il a été remplacé par Jim Hacket, justement l’homme qui dirigerait la division visant le développement des voitures électriques et autonomes. Il s’est joint à Ford en 2013 après avoir été le grand patron de la compagnie Steelcase, le numéro un mondial de meubles de bureau. Il a remis cette entreprise sur les rails par des congédiements massifs et une nouvelle approche de la bureautique. Le cubicules étant remplacés par des salles à aires ouvertes. Il a également été directeur athlétique de l’Université du Michigan et a même engagé Jim Harbaugh au poste de coach de la légendaire équipe de football, les Wolverine.
Reste à voir si Monsieur voiture autonome fera aux guides d’un constructeur automobile dont une bonne partie des profits provient de la vente de VUS et de camionnettes. Mais puisqu’il a engagé un coach gagnant à l’Université du Michigan, sa cote est bonne, du moins pour les premiers mois.