En cette période hivernale, nombreuses sont les personnes au Québec qui rêvent du chaud soleil de Cuba. C’est pourquoi plusieurs d’entre elles se retrouveront à bord d’un avion en direction de Varadero pour y vivre de belles vacances. Il y aura aussi dans cet avion des amateurs de voitures anciennes qui seront impatients de voir ces fameuses «Belles Américaines» des années cinquante. Surtout que leur intérêt aura été piqué par des émissions de télé sur le sujet.
Il y a un adage qui va comme suit : «Tout ce qui brille n’est pas or». Il s’applique si bien aux fameuses voitures de Cuba. Selon plusieurs publications, il y aurait encore quelque 60 000 exemplaires de ces Chevrolet, Ford, Buick et Dodge de l’époque toujours en état de marche sur l’île. Mais peu sont vraiment belles. En fait, il y a déjà quelques années, Gilbert Bureau, président des Voitures Anciennes du Québec (VAQ) qui passe la majeure partie de ses hivers à La Havane, me disait qu’il y avait plusieurs autos encore plus belles qui sont cachées au pays car les gens n’ont pas les moyens de les assurer et encore moins de les rouler!
De nos jours, de nombreux propriétaires cubains d’anciennes américaines utilisent leur voiture pour faire du taxi, un moyen sûr de vivre une vie plus agréable grâce à un revenu plus élevé. Incidemment, cette industrie du taxi pour touristes est maintenant gérée par le gouvernement cubain.
Sachez que le Cubain moyen fait environ 40 Pesos CUC soit 51 $ CA par mois. L’essence se vendait autour des 1 Peso CUC (1,29 $ CA) le litre en décembre 2019. Faites le calcul, remplir un réservoir d’une quarantaine de litres demande plus d’un mois de salaire! Et surtout avec une Américaine de la fin des années cinquante dont le V8 fait au moins 15 litres aux 100 kilomètres en ville!
On comprendra alors pourquoi les Cubains les plus débrouillards sortiront ce V8 de sous le capot pour le remplacer par un quatre cylindres diesel issu d’une des voitures soviétiques qui leur ont été imposées au début des années soixante après la Révolution ou encore par celui d’un petit camion européen ou asiatique dont le vie utile est dépassée. Ces belles Américaines ont alors de la difficulté à se déplacer et surtout, leurs conducteurs ne vont pas vite afin d’économiser le plus possible le carburant.
Évidemment, un si beau pays avec un si beau climat, c’est plus invitant de s’y promener en cabriolet! Oui, mais, malgré le nombre imposant de cabriolets qui y ont été vendues à l’époque, plusieurs propriétaires actuels de voitures des années cinquante y coupent littéralement leur toit pour les transformer en «convertibles». C’est possible avec ces voitures car leur carrosserie repose sur un châssis rigide mais ce ne le serait pas avec nos autos actuelles avec caisse autoporteuse. Toutefois, l’effet n’est pas toujours des plus élégants. Souvent, ces bricoleurs de l’auto laissent une partie du toit à l’avant pour y installer des agrafes pour la capote «rapportée» très bricolée (et surtout pas belle). Ironiquement, il n’y avait plus de cabriolet à quatre portes chez les constructeurs de Detroit à cette époque. Mais, vous en verrez beaucoup à Cuba.
En dehors des régions touristiques du Parque Central de La Havane ou de la région de Varadero, ces «belles» américaines sont plutôt des épaves rafistolées ou des drôles de véhicules hybrides comme, par exemple, un devant de Dodge du début des années cinquante sur un châssis de camionnette Mercedes avec une carrosserie maison faite pour transporter le plus de passagers possible (un taxi payant!). D’autres véhicules auront des ornementations greffées provenant d’autres marques d’autos. Et ce n’est pas toujours élégant. Les pare-chocs seront repeints en couleur argent. En ce qui a trait aux peintures, ne vous attendez pas à voir des chefs d’œuvre de maîtres carrossiers! Pire encore, plusieurs autos sont peintes en rose (surtout les Cadillac!), une couleur qui n’était pas nécessairement disponible à l’époque.
Enfin, si vous rêviez d’en acheter une là-bas et de l’importer chez nous, détrompez-vous! Tout d’abord, si l’on se fie à l’émission sur ces autos qui passe à la télé, les animateurs ont cru pouvoir négocier le prix d’un cabriolet Chevrolet 1956 et ils ont vite déchanté! Le vendeur demandait plus de 25 000 $ CA et la voiture n’était certes pas un bijou! Puis, il y a toutes les lois à faire face pour la sortir du pays…Mieux vaut en acheter une chez nous!
Cet article n’est pas pour discréditer ce qui est un trésor national cubain, au contraire. Toutefois, je m’attends à ce qu’il «survivre» encore bien des années!
Note : si vous allez à Cuba, il y a des chances que vous y voyiez des camionnettes GMC toutes récentes ou des tracteurs poids lourd nord-américains de notre époque. Sachez que ces véhicules appartiennent à des compagnies canadiennes qui opèrent à Cuba. D’autres véhicules américains plus ou moins récents peuvent aussi venir du Mexique ou d’autres pays sud-américains…
Les Chevrolet 1955 sont très populaires à Cuba.
À Varadero, vous avez le choix entre les vieux taxis et les plus neufs.
Vu à Cardenas, une familiale Chervolet 1952 et une Oldsmobile 1958, la première fonctionnant avec un moteur diesel au carburant de provenance douteuse…
Toujours à Cardenas, deux Ford, une de 1948, l’autre de 1957.
Cette Jeep vue à Cardenas est en fait un véhicule indien de Mahindra qui possède toujours une licence pour fabriquer des Jeep d’après la Deuxième Grande Guerre.
Ce véhicule a un devant de Dodge 1950 avec carrosserie faite maison, le tout reposant sur un châssis de camionnette Mercedes-Benz!
Cette Ford 1952 a été croquée sur le vif face au bar La Floridita, établissement préféré de l’écrivain Ernest Hemingway à La Havane.
Une Cadillac 1957 au Parque Central de La Havane.
À l’intersection du Parque Central, une Chrysler de la fin des années quarante, un camion Ford de la même époque et une Chevrolet 1956.
Une MG-A «restaurée» vue à La Havane.
Une Chevrolet 1948, une Buick 1956 et une Ford 1953 vues de l’arrière à La Havane.
Un beau cabriolet Buick 1959 à La Havane.
La Chevrolet 1956 est fort possiblement la voiture la plus recherchée des Cubains. Ce fut aussi la voiture la plus vendue au pays durant les années cinquante.
Mon livre de référence préféré, il est très rare!