La 500 X, la dernière des Fiat chez nous?

Par Éric Descarries

· Essais Routier

Je connais les produits Fiat depuis…disons très longtemps. Je me rappelle surtout des superbes petites sportives X1/9 et des élégantes 124 Spyder de la fin des années soixante, début soixante-dix. Puis il y a eu les berlines 124 qui sont vite devenues des Lada Signet...et la risée de tant d’amateurs d’automobiles au Québec. Pourtant, la 131 Mirafiori était tout un véhicule de vocation sportive, surtout en rallye. Je me souviens très bien de ces 131 qui participaient au rallye international Criterium Molson au Québec (qui a malheureusement rapidement disparu). Le seul souvenir que j’en garde (outre quelques photographies qu’il faudrait que je retrouve), c’est ce modèle réduit en plastique de Tamiya de la voiture no 3 de Walter Rohrl avec décalques du Criterium Molson! Puis, avec les nouvelles normes de sécurité et d’antipollution…elles sont disparues de notre marché.

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Il faudra attendre au début des années 2010 pour revoir le nom Fiat (Fabbrica Italiana Automobili Torino…et non Fix It Again Tony) revenir en Amérique. Pas surprenant puisque qu’un Italo-Canadien très brillant du nom de Sergio Marchionne désormais à la tête de Fiat avait réussi à convaincre les propriétaires de la marque italienne «d’acheter» ce qui pouvait rester de la prestigieuse marque américaine Chrysler (par diverses transactions trop longues à énumérer ici). Sergio avait au moins deux idées en tête: mettre la main sur une des marques les plus légendaires (et lucratives) au monde, Jeep, en plus d’entrer dans le monde des camionnettes (RAM) et revenir en Amérique grâce à un réseau de concessionnaires déjà bien établi, celui de Chrysler. Ainsi, Fiat pourrait envahir un nouveau marché avec son propre petit modèle qui connaissait un succès incroyable en Europe, la toute récente 500!

Il faut dire que Marchionne avait fouetté ses troupes en Europe en exigeant du travail beaucoup plus professionnel dans les usines d’assemblage de Fiat. Puis, à cette époque, les petites voitures avait la cote, même en Amérique…du moins, croyait-on!

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Sous Marchionne, les concessionnaires Chrysler-Dodge-Jeep-RAM ont dû créer des salles de montre séparées pour les produits Fiat. La 500 a connu un grand succès au début. Pas toujours appréciée des journalistes automobile (du moins deux qui se rappelaient des anciennes Fiat peu fiables et de leurs concessionnaires de mauvaise réputation), elle a quand même commencé à se tailler une place dans le créneau des petites autos. Malheureusement, ce segment a fondu comme la neige au soleil (aujourd’hui, il ne reste que peu de petites autos sur notre marché avec la disparition des Ford Fiesta, Chevrolet Sonic et autres). Fiat a quand même essayé de se défendre en lançant la (peu attirante) 500 L (qui ne connaîtra pas un grand succès chez nous), puis la 500 X suivi du roadster 124/124 Abarth (basé sur la Mazda MX-5).

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Aujourd’hui, la 500 est presque retirée du marché (comme presque toutes petites autos économiques en Amérique). La 500 L n’est plus en demande, la 124/124 Spyder sera aussi retirée des catalogues de Fiat (si peu de ventes) mais, pour bien suivre le marché, le petit VUS (ou VUM) 500X leur a survécu…jusqu’ici. Les plus sarcastiques diront que «tous les Italiens qui voulaient une Fiat l’ont achetée» mais, ce n’en est pas nécessairement le cas.

Deux facteurs ont pu jouer en défaveur de Fiat : d’abord, elles affichaient un prix élevé (selon le modèle ou la région des ventes). Deuxièmement, leur «père spirituel » en Amérique, Sergio Marchionne, est décédé il y a deux ans. C’était lui qui poussait la marque (ainsi qu’Alfa Romeo qui connaît également sa part de difficultés). Reste la 500 X. Mais, cette dernière aussi doit se mesurer à plusieurs ennemis de taille dont le plus notable serait le Jeep Renegade…son presque jumeau puisque les deux véhicules partagent une mécanique semblable. Les deux sont également construits à la même usine en Italie ! Tellement différents et pourtant tellement semblables…sauf que l’un d’entre eux arbore le nom et surtout le style Jeep. Lors de deux voyages de quelques semaines d’abord en Sardaigne puis en Italie continentale il y a deux ans, des Renegade, j’en voyais partout. Mais des 500 X? Très peu!

La 500 X est-elle si terrible? J’en ai eu une en essai de sept jours il y a deux semaines de cela, une nouvelle version appelée Sport qui se veut supérieure à la Trekking. Légèrement retouchée cette année (avec des révisions de l’ornementation et de la finition extérieure), la 500 X m’est parue plus «européenne», moins «italienne» que dans le passé. Elle affiche certes in design intéressant mais pas aussi accrocheur que celui de la Renegade.

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L’intérieur y est aussi invitant avec un tableau de bord original qui se distingue de celui des autres camionnettes du genre. La conception globale de cet intérieur est jolie (mais pourquoi les matériaux utilisés dans la fabrication de cet habitacle sentent-ils si mauvais?) et on y constate une certaine qualité dans la finition. Ce qui est un peu difficile à maîtriser, ce sont les fonctions et les commandes, du moins à prime abord. Après avoir consulté le manuel du propriétaire, on finit par s’y retrouver. Toutefois, si les places avant sont invitantes et confortables, on est un peu plus serré si l’on passe à l’arrière. Enfin, ce n’est pas le coffre qui offre le plus d’espace dans ce segment mais, il peut être très utile surtout si l’on abaisse le dossier des places arrière.

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Il n’y a qu’une seule mécanique offerte avec la 500 X. Le moteur est un quatre cylindres turbocompressé MultiAir de 1,3 litre qui développe 177 chevaux et 210 li-pi de couple. Il vient combiné à une boîte automatique à neuf rapports et à la traction intégrale…comme le Jeep Renegade… Le moteur est plus petit que le 1,4 litre qui animait ce véhicule à son lancement mais il est plus puissant et légèrement plus rapide avec des temps de 0 à 100 km/h qui tournaient autour des huit secondes.

La traction intégrale de ce Fiat n’en fera pas un tout-terrain (quoique mes expériences au volant de son jumeau Jeep Renegade en terrain accidenté se soient avérées surprenantes) mais ce sera certes un véhicule très pratique en situation hivernale s’il est équipé de pneus d’hiver appropriés. Toutefois, sur pavé mouillé, la traction intégrale peut venir en aide sur des routes sinueuses plus glissantes. Notez que cette auto m’avait été livrée avec des pneus Continental ContiProContact qui peuvent aider à la situation.

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En général, la Fiat 500 X est relativement confortable avec une tenue de route respectable. Ce n’est certes pas une sportive mais, elle conserve un peu de son origine italienne dans son comportement. La 500 X ne manque pas de concurrentes, de la Jeep Renegade dont il a été question aux Honda HR-V ou Toyota CH-R (cette dernière n’ayant pas la traction intégrale) ou encore aux Mazda CX-3 ou Hyundai Kona. Cependant, son prix élevé pourrait être un handicap. Malgré un prix de base de 33 495 $ au Canada, une fois un peu équipé comme mon modèle d’essai, ce prix peut grimper à 40 170 $. Quant à sa consommation, j’ai obtenu une moyenne de 8,57 l./100 km.

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Le dernier relevé de ventes semestrielles que FCA Canada nous a fait parvenir indique que le constructeur a livré 74 produits Fiat au pays au cours des derniers trois mois comparativement à 112 l’année dernière durant la même période. Quatre de ces Fiat étaient des 500, trois des 500 L et 10, des 500 X. Il y a aussi eu 57 Spider d’écoulées, celles-ci jouissant d’un rabais de fin de production. Pensez-vous que cet effort canadien serait suffisant pour aider Fiat à survivre en Amérique du Nord? Surtout qu’avec la nouvelle alliance annoncée entre Fiat Chrysler Automobile (Italo-Américaine) et PSA (Peugeot-Opel-Citroën-Vauxhall), la marque pourrait se trouvée «diluée» dans tout cela !

(Photos Éric Descarries).