On peut se demander la logique dans le choix des appellations des véhicules Lincoln. Le modèle le plus spacieux, le Navigator est assez bien nommé étant donné que l’on tente de nous convaincre de partir à
l’aventure. Puis, il y a l’Aviator, lui aussi à trois rangées de sièges. Il emprunte son nom au domaine aéronautique, sans qu’il y ait aucune logique à cela. Puis on dérive encore davantage avec le modèle Corsair n’a rien à voir avec les marins aventuriers qui ont écumé les mers jusqu’au milieu du XIXe siècle. Il faut souligner que ce n’étaient pas des pirates, mais des marins mandatés par les souverains pour attaquer les vaisseaux ennemis. Bref, on est loin du monde automobile.
Avec le Nautilus, on s’interroge davantage. Comment associer un VUS intermédiaire de luxe avec le sous-marin du même nom du capitaine Nemo dans le roman de Jules Verne et le film de Walt Disney ?
Bon, ce n’est pas moi qui ferai changer d’idée à la marque Lincoln quant à la nomenclature de ses véhicules. Autre détail intriguant, après avoir annoncé la disparition de ce modèle pour l’an prochain, on retrouve sur le site de Lincoln Canada, l’annonce d’une version 2024 qui propose cette fois-ci un moteur hybride rechargeable et l’abandon du moteur V6. En plus, plusieurs accessoires de commande électronique sont ajoutés. Mais revenons à notre essai de la version 2023 du Nautilus.
Allure sobre, habitacle raffiné
Pendant plusieurs années, les stylistes s’entêtaient à nous proposer une grille de calandre inspirée des modèles Lincoln d’origine, mais cela ne réussissait pas à convaincre un public ignorant de cet héritage. L’adoption d’une grille de calandre plus stylisée arborant à son centre l’écusson de la marque semble
davantage en mesure de convaincre les acheteurs. La silhouette générale est réussie bien que sobre et si ce n’était de la section avant, il serait sans doute difficile de déterminer la marque et même le modèle.
C’est beaucoup mieux réussi dans l’habitacle. On prend place devant une planche de bord stylisée, d’une belle finition et faisant appel à des matériaux de qualité. De plus, ce qui frappe davantage, est cet écran d’affichage presque gigantesque de 11 pouces et également la partie avant de la console centrale qui abrite un espace de rangement et les commandes de climatisation. Et j’allais oublier, en soirée, un éclairage d’ambiance consolide cette impression de luxe qui nous est transféré par des sièges confortables et réglables en de multiples positions.
Cette présentation intérieure s’harmonise fort bien avec la vocation de luxe et de confort du Nautilus. Par exemple, chez Cadillac, même si les matériaux sont de qualité et la finition optimale, on n’a pas cette impression de luxe et de raffinement que nous propose la majorité des modèles Lincoln.
Un moteur V6 incontournable
Même si on annonce pour 2024 l’abandon du moteur V6, la version 2023 est offerte avec un moteur V6 de 2,7 litres turbo compressé produisant 335 chevaux associé à une boîte automatique à huit rapports. Dans le modèle plus économique, on retrouve sous le capot un 4 cylindres 2,0 litres turbo
d’une puissance de 250 chevaux. De prime abord, le quatre cylindres semble être un choix logique puisqu’on est porté à croire que le moteur V6 plus puissant consommera davantage. C’est vrai, mais de si peu. En effet, la consommation annoncée du quatre cylindres est de 10,7 litres aux 100 km tandis que celui du V6 est de 11,2 litres. Bref, la douceur et la performance de ce dernier moteur justifient son choix.
Dans les deux cas, les quatre roues sont motrices tandis que la transmission automatique à huit rapports est partagée par les deux modèles. Selon les options, il est possible de commander une suspension réactive qui permet de modifier l’expérience de conduite en fonction également des
conditions routières.
Fidèle au passé
Même si à une certaine époque on a voulu proposer au public des Lincoln à vocation plus sportive offrant des performances plus relevées et une suspension plus adaptée à la conduite rapide, dans l’histoire de cette compagnie, on a surtout privilégié le luxe, le confort et l’insonorisation. Le Nautilus respecte cette tradition avec une conduite toute en douceur, une suspension privilégiant le confort et
également un silence de roulement remarquable. Ajoutez à cela l’habitacle bourgeois et raffiné pour avoir la recette qui respecte le passé.
Les accélérations du moteur V6 se font en douceur tandis que la transmission ne se fait pas prier pour passer les rapports. De plus, on pourrait croire que la direction serait démultipliée, ce qui n’est pas nécessairement le cas compte tenu du caractère du véhicule. Mais parfois, cette touche de sophistication peut engendrer certains irritants, notamment la commande de la boîte de vitesses qui est constituée de pavés horizontaux montés sur la planche de bord. Ce n’est pas nécessairement
intuitif, mais cette position permet d’offrir plus d’espace sur la console centrale où l’on retrouve cette unité de commande de la climatisation, des sièges chauffants et ventilés ainsi que les commandes de réglage de la radio.
Et, bien entendu, on retrouve en équipement de série un toit panoramique de grande dimension qui sera appréciée sans doute par la majorité, mais qui a été ignoré par votre essayeur tout au long de l’essai. À chacun ses priorités.
Somme toute, malgré son appellation quelque peu étrange pour un VUS ou tout autre véhicule moteur, le Nautilus représente un produit équilibré, dessiné essentiellement pour offrir confort, silence de roulement et performances en douceur selon la tradition nord-américaine que plusieurs
apprécient encore.