Au cours de ma carrière, il m’est arrivé de me retrouver dans des situations parfois cocasses. Mais aucune d’elles ne peut se comparer à ma rencontre avec Jenson Button, le célèbre pilote britannique de Formule 1.
À une certaine époque, ce pilote fort talentueux, qui est devenu un jour un champion du monde de la catégorie, portait les couleurs de l’écurie Honda en compagnie du brésilien Ruben Barrichello. Dans le cadre du Grand prix du Canada disputé à Montréal en 2006, le constructeur Honda avait organisé une réception du genre 5 à7 pour permettre aux journalistes que nous étions de rencontrer ces deux pilotes.
Bien entendu, il y avait des amuse-gueules, des cocktails et bien des gens trop guindés pourla circonstance. J’ai toujours été fasciné par l’intérêt de multiples personnes BCBG qui se découvrent soudainement un intérêt passionnel pour les courses automobiles. Comme le jet-set est présent à toute épreuve de Formule 1 partout sur la planète, il est de bon ton de s’afficher et si possible de faireconnaissance avec les vedettes de ce sport.
Heureusement, les deux pilotes étaient de charmante compagnie et ne se faisaient pas prier pour converser avec les nombreux invités après avoir répondu à quelques questions des journalistesdans le cadre d’une séance de presse plus ou moins improvisée.
Malheureusement, la climatisation du Mount Stephen Club où se déroulait cette rencontre était soit peu efficace ou non fonctionnelle, mais il faisait une chaleur intense dans la salle de réunion.Après un certain temps, j’ai décidé d’aller prendre l’air sur la terrasse.Lorsque j’y suis arrivé, j’ai rencontré le père de Jenson Button qui y fumait une cigarette et qui m’a abordé en soulignant que la température à l’intérieur de l’édifice était presque tropicale. Et bien entendu, il m’a souligné quecette canicule le surprenait, car, dans son esprit, le Canada était synonyme dechute de neige, de membres de la police montée habillés de rouge et de chiensesquimaux. Le tout prononcé avec un large sourire pour que je comprenne qu’ilbadinait. Il a en même temps souligné qu’il appréciait Montréal, l’enthousiasmedes fans et l’atmosphère quasi européenne de la ville.
Quelques minutes plus tard, son fils Jenson est venu le rejoindre et son père m’a présenté en tant que chroniqueur automobile. En guise de rigolade, je lui ai dit mon nom et ensuite demandé quiil était avec un large sourire. Sans en demander plus, car ma question laissaitprésumer que je savais qui il était.
John et Jenson Button
D’ailleurs, partout sur la planète, ce pilote était reconnu partout et sa célébrité ne faisait aucun doute. Nous avons parlé de la pluie et du beau temps, de choses et d’autres, ce qui se produit quand des personnes n’ont pratiquement rien en commun. Et je me suis efforcé de m’abstenir de lui parler de course automobile, sujet qui devait l'ennuyer profondément.
Puis, une voiture passe devant l’édifice. Elle est occupée par des jeunes qui ont l’esprit de fête assez avancé. Comme la circulation était lente, c’est à très basse vitesse qu’ils ont circulé et l’un desoccupants a sorti la tête par la fenêtre arrière et m’a reconnu. Ou il m’areconnu ou il avait des hallucinations, mais il s’est mis à hurler : « Denis Duquet ! Denis Duquet ! Le numéro un ! ». Intrigué, Jenson Button s’estretourné vers moi et avec un large sourire il m’a demandé : « Est-ce que c’est de vous dont il parle ? ».Un peu gêné, je lui ai répondu par l’affirmative. Puis, quelques minutes plustard, la même voiture est passée en sens inverse et , cette fois, tous lesoccupants ont scandé mon nom !!!!
Je ne peux expliquer les raisons qui ont motivé cetévénement, mais il est certain que les Jenson père et fils ont bien rigolé.Et avant de rentrer à nouveau faire ses devoirs de pilote Honda, Jenson m’a serré la main en soulignant qu’il était honoré d’avoir rencontré une célébrité tout enarborant un large sourire tout comme son père.
Situation cocasse et abracadabrante, mais le tout a été pris avec un gros grain de sel.,