Toyota 86:

ménage à deux

Par: Denis Duquet

Photos: Toyota Canada

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Ce coupé sport est sans contredit l’un des véhicules les plus singuliers sur le marché. Du moins, quant à ses origines. En effet, il est le fruit de la collaboration entre Subaru et Toyota. Ce partenariat pour le moins étrange le devient encore plus compte tenu que cette petite sportive tente de ravir des ventes à la Mazda MX5 et à la Fiat 124 dont le prix et la puissance sont presque équivalents.

En effet, cette voiture a de curieuses origines. Son châssis a été développé par Subaru qui a modifié la plate-forme du Legacy pour en faire un coupé sportif. Mieux encore, on a fait appel au moteur quatre cylindres à plat de ce constructeur qui, cette fois, est relié aux roues motrices arrière. En fait, avec la Subaru BRZ, cette Toyota est la seule voiture au monde à proposer un moteur de type boxer relié aux roues arrière. Pourquoi ne pas avoir utilisé la traction intégrale, ce qui aurait été facile puisque Subaru en équipe tous ses modèles sauf un ?

Et encore plus curieux, puisque ce constructeur propose des moteurs turbo compressés plus puissants. On peut se demander pourquoi on s’est limité à ce quatre cylindres atmosphérique dont la puissance est de 205 ou 200 chevaux selon que l’on fasse appel à la transmission manuelle ou automatique.

Élégance sobre

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Version Hakone

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Version Hakone

Il m’est arrivé de croiser cette voiture sur la route et de m’interroger pour savoir quel était ce modèle relativement élégant et que je voyais pour la première fois de l’année et c’était au mois de mars. C’est dire que les ventes sont relativement confidentielles, ce qui n’empêche pas la Toyota 86 de proposer une silhouette épurée et élégante. Les stylistes ont réussi à nous proposer quelque chose d’assez élégant, mais sans tomber dans les fioritures. Parlant de silhouette, cette année, on a commercialisé un nouveau modèle de production limitée, le Hakone, qui est d’une couleur verte pas tellement élégante et qui ne mérite pas nécessairement qu’on s’y intéresse. Sauf si vous craquez pour les roues de 17 pouces en alliage au fini couleur bronze ainsi que pour l’intérieur en cuir Alcantara marron et noir qui n’est pas nécessairement une réussite.

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Soulignons que notre modèle d’essai était la version GT qui possédait des sièges avant chauffants avec garnitures en simili suède et des traversins latéraux en cuir. Il se démarque également par un aileron arrière et des antibrouillards à DEL tandis que la version à boîte manuelle qui nous avait été confiée était équipée de roues exclusives de 18 pouces.

Précisons que contrairement à ses concurrents Mazda et Fiat, l’habitabilité est nettement supérieure tant pour le dégagement pour la tête, les coudes et  les jambes. On a même eu l’audace de proposer des places arrière qui sont symboliques, mais qui peuvent servir à y déposer des colis.

Une question pertinente

Si on reprend la description du Toyota 86, on constate une silhouette élégante, un habitacle passablement réussi et également beaucoup plus d’espace à l’intérieur que la concurrence. Mais, il y a un sérieux bémol en ce qui concerne la motorisation. Le fait qu’une mécanique Subaru se contente de propulser les roues arrière est déjà une entorse à la logique. Ce qui me dérange davantage, c’est que ce moteur manque nettement de « pep » et il  pourrait bénéficier tout au moins des 68 chevaux additionnels qu’offrirait une version turbo compressée de ce moteur 2,0 litres. Et il me semble que cela aurait été facile puisqu’il est offert dans la WRX et si on avait voulu faire une version «  super sportive » on aurait inséré le 2,5 litres de la STI dont les 310 chevaux auraient permis d’exploiter un châssis capable d’en prendre beaucoup plus que les 205 chevaux offerts actuellement.

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Parfois, on s’interroge quant aux décisions prises par de grands constructeurs et cette fois-ci, on est en mesure de se poser des questions. Peut-être est-ce le fait qu’à l’origine cette Toyota 86 devait cohabiter avec la Subaru BRZ en tant que modèle Scion FR-S. Ce qui pourrait peut-être expliquer le choix d’un moteur moins onéreux à produire. Parlant de ses origines, le Toyota 86 hérite d’une planche de bord qui a été dessinée au départ en tant que modèle Scion et on y retrouve quelques incongruités au chapitre ergonomique, ce qui était l’apanage de tous les modèles de cette marque. Et bien entendu, le système audio est de même mouture et il faut un peu plus de temps que d’habitude pour s’y dépêtrer.

À la limite…

Dès le premier contact avec ce modèle, on est immédiatement déçu par le manque de vigueur du moteur. L’accélération initiale est correcte, mais le couple manque à l’appel dans les régimes mitoyens pour reprendre un peu de vigueur par la suite. Mais comme c’est  dans cette plage d’utilisation qu’on a besoin de couple, cette voiture déçoit à ce chapitre. Personnellement, après avoir essayé les versions à boîte automatique et boîte manuelle, la boîte automatique ne sera appréciée que lorsqu’on fait appel à des palettes de changement de rapports. Sinon, la voiture semblera poussive. Avec la transmission manuelle, il est possible d’intervenir plus rapidement afin de s’assurer que le régime est adéquat pour obtenir un couple correct.

Bref, à la conduite de tous les jours, malgré son allure sportive, c’est une voiture qui nous laisse sur notre appétit. Par contre, comme la plate-forme est très rigide et les suspensions efficaces, pour l’apprécier à sa juste valeur, il faut conduire  pratiquement à la limite pour éprouver des sensations de conduite en mesure de combler les conducteurs sportifs et d’avoir du plaisir à rouler sur une route sinueuse parsemée de virages agressifs.

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À ce moment, on apprécie le support latéral des sièges, la bonne prise du volant en raison  d’un boudin de bonnes dimensions, le bon étagement de la boîte manuelle et une suspension efficace qui est pourtant assez ferme. Il faut également déplorer le manque d’adhérence de la monte pneumatique d’origine lorsqu’on pousse la voiture dans ses retranchements. Il suffirait d’investir dans des pneus sport performants pour que votre appréciation de la voiture soit nettement supérieure.

Somme toute, la Toyota 86 est non seulement un véhicule apport en raison de sa nomenclature, mais également en raison de ses origines, de sa motorisation et de sa silhouette réussie. Dommage qu’on se soit limité au chapitre de la motorisation et même une vingtaine de chevaux de plus suffirait à la rendre plus  intéressante aux yeux des sportifs. Par ailleurs, la réputation de fiabilité des deux marques risque d’influencer les acheteurs voulant posséder un coupé d’apparence sportive sans devoir s’inquiéter de sa fiabilité.