La Passat « Made in USA » est commercialisée sur notre continent depuis un peu plus d’une décennie. Elle a été le premier véhicule assemblé à l’usine de Chattanooga au Tennessee dans une toute nouvelle usine destinée à assembler les modèles devant être commercialisés en Amérique du Nord. De plus, il s’agissait d’une berline familiale intermédiaire offrant une excellente habitabilité, une silhouette discrète d’une grande élégance et un habitacle dont l’ergonomie a été louangée à plusieurs reprises. Ce faisant, cette berline s’attaquait aux ténors de la catégorie qu’étaient les Honda Accord, Toyota Camry et Nissan Altima pour n’en nommer que quelques-uns. Mais puisque les consommateurs américains ont un faible pour tous les produits automobiles d’origine japonaise, la Passat a connu un succès d’estime et les ventes ont été correctes, mais on n’a pas bouleversé le marché. Cependant, pour ceux qui ont daigné s’y intéresser, on a pu apprécier un comportement routier sain, une esthétique indémodable, une excellente habitabilité et une ergonomie de nature à inspirer la concurrence. Mais après plusieurs années sur le marché, le temps était venu de remodeler cette germano-américaine, ce qui fut fait l’an dernier. Dans l’exécution de cette réforme, les dirigeants du géant allemand se sont informés auprès de propriétaires de Passat afin de prendre connaissance des améliorations qui devraient être apportées à ce modèle renouvelé. Compte tenu du peu de transformations apportées, on peut en conclure que ces gens étaient satisfaits.
Statu quo ou presque
Officiellement, la Passat a connu une réforme de l’an dernier. Si on dit chez Volkswagen que la transformation est complète, vous aurez de la difficulté à vous l’imaginer en regardant la silhouette de la nouvelle version qui est pratiquement identique à celle qu’elle remplace. En fait, c’est surtout la grille de calandre qui est plus large, plus dynamique dans le but de donner une allure un peu plus sportive à cette berline à vocation essentiellement familiale. Je sais qu’il y a plusieurs chroniqueurs qui auraient aimé des changements spectaculaires. Mais en raison de la vocation de cette voiture et la philosophie de design de ce constructeur, ce n’est pas surprenant qu’il y ait une telle filiation. Pour ma part, je trouve ça élégant, sophistiqué même et on n’aura pas la mauvaise surprise de se retrouver au volant d’une voiture dont le stylisme s’est rapidement dégradé.
Le même conservatisme se retrouve dans l’habitacle. Un propriétaire de la version précédente ne se sentira pas dépaysé. On se rend compte que cette voiture a été modifiée dans l’attente de l’arrivée de l’électrification de toute la gamme Volkswagen et on a limité les transformations plus radicales, donc plus onéreuses. C’est ainsi que les cadrans indicateurs sont traditionnels et on ne retrouve pas cet écran d’affichage utilisé sur plusieurs autres modèles. En outre, l’écran de gestion de 8 pouces fait un peu dépassé. Par contre, il est possible de zoomer à l’aide des doigts. Si on avait voulu remplacer cet écran par un autres plus grand, il aurait fallu complètement transformer la planche de bord et cela aurait été fort coûteux. Compte tenu de la situation presque intérimaire de cette Passat, on a joué la carte de la sagesse.
Sobriété mécanique
Cette même philosophie des petits pas concernant la rénovation de ce modèle s’est poursuivie au chapitre de la mécanique. Adieu moteur V6, la seule motorisation offerte est un 4 cylindres de 2,0 litres turbo d’une puissance de 174 chevaux et 184 livres pieds de couple. Le fait que la transmission automatique à six rapports soit reconduite est une autre preuve de la philosophie de conservatisme qui a prévalu dans la refonde de ce modèle. Il est vrai que la puissance est passablement modeste pour une voiture de ce gabarit, capable de transporter cinq personnes et leurs bagages. Mais puisque la plupart du temps, les voitures sont utilisées avec seulement deux personnes à bord, cela n’est pas un handicap. Et il faut souligner que ce moteur, comme plusieurs moteurs Volkswagen turbo compressés, apporte toujours le niveau de puissance nécessaire selon les conditions. Les accélérations sont quand même correctes avec un temps de huit secondes pour réaliser le traditionnel 0–100 km. Mais c’est surtout lorsqu’on a besoin de doubler que ce moteur nous surprend par sa vivacité. Ce constructeur a développé des plateformes plus modernes, mais on a conservé celle utilisée précédemment, et la voiture n’est pas handicapée en ce sens, car le comportement routier est excellent.
Apprécié à l’usage
Souvent, les gens, et ceci comprend les chroniqueurs automobiles, évaluent une voiture en fonction de sa silhouette parfois excentrique, de sa planche de bord au design futuriste et par une fiche technique impressionnante. Cependant, au fil des jours, des semaines et des mois, la voiture déçoit en usage quotidien, elle se révèle peu agréable à conduire, assez peu confortable et décevante sur de longs trajets. Ce sont les voitures qui épatent pour un certain temps, mais qui déçoivent à long terme. Cette berline Volkswagen est exactement tout le contraire. Sa silhouette que l’on trouve sobre, trop sobre selon certains, est en mesure de toujours être dans le coup visuellement après plusieurs années si on décide de la conserver longtemps. Dans l’habitacle, il manque certains éléments, ou encore la prise USB qui ne convient pas à la dernière génération du branchement, de plus, je l’ai déjà mentionné, l’écran est relativement petit. Cependant, les commandes sont logiques et à portée de la main, faciles d’utilisation et si les cadrans indicateurs ne sont pas du type cockpit, on peut vivre avec ces éléments plus conventionnels. Et on l’apprécie encore davantage lorsqu’on entreprend de longs trajets à son volant. La voiture est stable sur la route, relativement bien insonorisée et les sièges, moins fermes que sur les modèles Volkswagen d’antan, offrent un excellent support et se révèlent confortables au fil des kilomètres. Quant aux occupants des places arrière, ce n’est pas l’espace qui fait défaut. La voiture est agile dans les courbes, la tenue de route est sans surprise et s’il fallait trouver à redire, c’est le fait que la direction est nettement trop assistée à mon goût. Quoi qu’il en soit, chez Volkswagen, on a travaillé à répondre aux besoins d’une clientèle ciblée, on a éliminé certains éléments afin de rendre le prix plus compétitif et c’est une voiture bien pensée qui ne décevra pas. Elle est moins flamboyante, mais se fait apprécier au fil du temps.