Alessandro de Tomaso a été grandement en vedette dans les années 60 et 70 non seulement par les voitures de sport portant son nom qui ont été commercialisées, même en Amérique, mais également par l'acquisition de plusieurs compagnies automobiles et de motos italiennes. Mais pour plusieurs, deTomaso est plutôt synonyme de catastrophe financière et de véhicules parfois désastreux.
Mais avant de devenir le chevalier de l'industrie automobile italienne, notre homme est né en Argentine d'un père de descendance italienne. Sa famille était très riche, mais son père est décédé à un jeune âge de sorte qu'à 15 ans, le jeune Alejandro comme il s'appelait à l'époque s'est retrouvéau centre d'un empire financier. Il a également tenté sa chance en politique, mais ses efforts n'ont pas été fructueux et il doit s'enfuir en Italie en 1955 après avoir été impliqué dans un complot pour détourner le despote Juan Perón.
C'est un fait peu connu aujourd'hui, mais à ses débuts en Italie, il a été coureur automobile et a connu un certain succès. Il a d'ailleurs participé à des Grands prix de Formule 1 avec que les écuries Scuderia CentroSud et O.S.C.A. sans connaître grand succès dans les épreuves monoplaces. Cependant, il a participé aux 24 Heures du Mans et a même remporté l'indice de performance en 1958 au volant d’une O.S.C.A. 750. Il s'est également illustré aux 12 heures de Sebring en 1959.
Établi à Modène, il marie Isabelle Haskell, une riche héritière américaine dont le frère contribuera financièrement aux projets automobiles de son beau-frère.
En 1959, il fonde la compagnie automobile DeTomaso qui produit à ces débuts des voitures de course et des prototypes. Il a même construit une formule pour l'écurie Frank Williams en 1970. Il s'est ensuite tourné vers la fabrication de voitures de sport destinées à un public acheteur biens nanti. Parmi ceux-ci il faut mentionner les coupés deux portes Vallelunga, Mangusta et Pantera.
Ce dernier modèle a suscité l'intérêt de Henry Ford qui tenait mordicus à concurrencer Enzo Ferrari sur son propre terrain, soit celui des voitures de sport. C'est ainsi que le coupé Pantera a été vendu chez les concessionnaires Lincoln-Mercury partout en Amérique et au Canada. Si la voiture avait des allures spectaculaires tandis que son puissant moteur Ford V8 permettait d'obtenir des performances spectaculaires, la voiture était d'un assemblage bâclé, d'une fiabilité inquiétante tandis que sa tenue de route était peu inspirante. Tous ces éléments ont incité la compagnie Ford a abandonnéle projet et Ford a retiré ses intérêts financiers dans de Tomaso.
Incidemment, c’est au volant d’une Pantera que Tim Horton a perdu la vie.
La compagnie de Tomaso a également produit la berline quatre portes Deauville, et le Lonchamp, une version deux porte du Deauville.
En plus de ces spectaculaires voitures de sport, de Tomaso s'est également fait connaître par l'acquisition de multiples compagnies italiennes en difficulté. C'est ainsi qu'il s'est porté acquéreur des studios de stylisme Ghia et Vignale tout en détenant les actions de contrôle des constructeurs motocyclistes Benelli et Moto Guzzi. Sa liste d'acquisitions a également compris les marques Innocenti et Maserati. Cette dernière compagnie a été sauvée de la faillite par de Tomaso en collaboration avec le gouvernement italien.
Cependant, si cet homme au sourire si engageant avait de grands projets et tentait honnêtement de réhabiliter les grandes marques quelque peu tombées dans la déchéance, il n'avait pas les moyens de ses rêves. Il avait nécessairement les moyens financiers pour s'en porter acquéreur, mais pas nécessairement pour les rescapés de la détresse financière. La plupart du temps, ces classiques italiens étaient plombés par des moyens de production désuets et il aurait fallu des investissements majeurs pour permettre de prospérer. D'ailleurs, de Tomaso a cédé plusieurs de ces acquisitions. Il a ainsi vendu Ghia à Ford tandis que Innocenti et Maserati ont été vendus à Fiat qui a mis la clé dans la porte de Innocenti. Cette dernière était une création du groupe British Leyland afin de pouvoir fabriquer et distribuer ses modèles Mini en Italie.
Sous sa gouverne, on a développé la Maserati Biturbo qui avait beaucoup de potentiel, mais qui était handicapée par une fiabilité décevante, résultante de manque de développement causé par des ressources financières défaillantes. Et on se souvient en Amérique du nord, de la tentative de la Chrysler Maserati, un autre cuisant échec.
Ces qui explique pourquoi que dans plusieurs milieux automobiles, l'acquisition de constructeurs automobiles par de Tomaso était en quelque sorte un baiser de la mort ou la marche vers l'autodestruction.
Suite à la Pantera, le constructeur de Modène a produit la Bora, une spectaculaire voiture disponible en version barquette et roadster qui a connu une production très limitée. Ce constructeur s'est également lancé dans l'aventure des véhicules hors route avec la Bigua.
Cependant, la compagnie a été mise en liquidation en 2004, au décès de Monsieur de Tomaso suite à une longue maladie. Il avait 73 ans. Malgré cela, la production de quelques unités de voitures s'est poursuivie. Et cela jusqu'à 2008 alors qu'une société de liquidation nommée par l'État a mis la compagnie en vente et c'est Gian Carlo Rossignolo qui s'est porté acquéreur. Cependant, la compagnie était à nouveau en vente en 2012 puisque le plan de Monsieur Rossignolo n'a pas réussi à obtenir les fonds nécessaires au plan de relance. Puis, en juillet de cette même année, cet acquéreur a été arrêté par la justice italienne pour s'être accaparé de plus de 9 millions de dollars de fonds gouvernementaux pour pouvoir redresser la compagnie.
Finalement, la cour de faillite italienne a approuvé la vente de la compagnie DeTomaso Automobili à un conglomérat de Hong Kong, Consolidated Team Venture, qui a annoncé son intention de produire des modèles de Tomaso en Chine. Depuis ce temps, on a proposé la spectaculaire voiture de sport P72 qui est toujours en attente de production.
Finalement, tout ce qui porte le nom de Tomaso se termine dans la tourmente de dépôt de bilan et de voitures prometteuses, mais décevantes par leur manque de développement, leur qualité médiocre et une fiabilité à faire peur. Quant aux acquisitions du rêveur de Buenos Aires, elles ont été toutes été reprises par des acheteurs dont les ressources financières étaient insuffisantes pour les remettre sur la voie de la rentabilité. On peut toujours reconnaître à Alessandro de Tomaso d'avoir permis à de grandes marques de survivre en attendant d’être rescapées de façon significative.