La grande réunion mondiale qu'a été le COP26 afin de combattre le réchauffement climatique et apporter des solutions valables et efficaces dans un délai très court. Nous le savons tous ou presque, la vie de la planète est en danger. Malheureusement, les résultats escomptés ne se sont pas réalisés et en fin de compte, un document relativement mitigé est résulté de cette réunion.
Cependant, depuis plusieurs mois et devant l'importance à résoudre les problèmes d'émission de gaz à effet de serre, nombreux ont été les gouvernements qui ont resserré les normes antipollution ou qui ont carrément annoncé qu'ils interdisaient la vente de voitures neuves à moteur thermique dans un délai relativement court. Par exemple, au Québec, il ne sera pas possible de vendre des voitures à moteur thermique en 2035. L’Europe a fait de même. Cela ne signifie pas pour autant que les voitures conventionnelles qui seront sur la route ne pourront être utilisées. Le gouvernement devra vraiment bien gérer la situation, sans quoi on aura un beau problème sur les bras.
On ne peut être contre la pureté, et il serait indécent de s'offusquer du bon vouloir des constructeurs et des gouvernements pour brider la pollution engendrée par l'émission des gaz polluants des voitures à moteur à essence. Cependant, la tâche ne sera pas facile. On peut quasiment s'imaginer que ça ressemble à gravir le mont Everest en maillot de bain et en sandales tant les chiffres sont inquiétants.
Actuellement, selon les chiffres les plus crédibles, il y a environ 1,4 milliard de véhicules sur la planète et de ce nombre on dénote 98 millions de voitures électriques. Pas besoin d'être pour se rencontre que le rapport est disproportionné. En outre, sur la planète, il s'est vendu il y a deux ans environ 98 millions de véhicules et de ce nombre, on recense 8,6 millions de véhicules électriques. Donc, même si la progression de la vente de voitures électriques progresse rapidement, il y a encore beaucoup de chemin à faire avant d'avoir tout au mieux une certaine parité.
Et le Québec, bien qu'il soit un leader dans la vente de voitures électriques au pays, doit affronter cette iniquité. Par exemple, en 2020, il s'est vendu dans la belle province 371 478 unités. Ce qui représente un retrait par rapport à l'année précédente en raison de la pandémie qui a ralenti l'économie et lesventes de voitures. Toujours en 2020, il s'est vendu au Québec 10 758 voitures électriques. En proportion, ça représente une bonne progression. Mais, lorsqu'on compare les voitures thermiques vendues et celles électrifiées, il y a encore une marge. Lorsqu'on pense que les voitures à essence ne pourront être vendues dans 14 ans, il faut espérer que la situation soit renversée de façon dramatique.
De plus, il ne faut pas oublier que faire des promesses et les réaliser, il y a toute une différence. Par exemple, en Californie, au fil des années, on a dû modifier la législation sur la pollution des véhicules, car les chiffres avancés étaient irréalisables. Et ce n'est pas uniquement dans le secteur de l'automobile qu'on voit les gouvernements changer leur prise de décision. Tout récemment, dans le cadre de la vaccination des membres du personnel soignant au Québec, certaines menaces ont été atténuées devant une situation qui serait devenue ingérable. Mais, revenons à nos bazous.
Il est difficile de prévoir l'évolution et la progression du nombre de véhicules électriques qui seront commercialisés au cours de la prochaine décennie, tout au moins. Il est vrai que les producteurs automobiles se livrent une course à qui dévoilerait le plus grand nombre de véhicules hybrides, hybrides rechargeables ou 100 % électriques. Mais, parfois, de la promesse à la réalisation, il y a de bonnes différences. Prenez General Motors par exemple. Selon les dires de la direction, ce constructeur promet de commercialiser 30 nouveaux véhicules électriques d'ici 2025. Alors que GM propose présentement moins de véhicules qu'on a de doigts sur une main. Il va falloir mettre les bouchées doubles à court terme. Sinon, GM va une fois de plus perdre la face. Cependant, il faut espérer que les promesses soient tenues, car ce qu'on nous a présenté et promis semble très intéressant.
Non seulement il faudra développer à toute vitesse des gammes de véhicules électriques à tous les prix et dans toutes les catégories, mais il faudra également modifier les chaînes de production. Certains en font un grand cas, mais fabriquer une auto à l'exception de la motorisation ne change rien à 'équation. Les carrosseries devront être soudées, assemblées, les habitacles aménagés et cela n'apportent rien de nouveau. Et comme beaucoup de constructeurs ont opté pour l'utilisation d'une plate-forme intégrant la motorisation, les batteries et tout le système électronique, cela pourrait faciliter l'assemblage des véhicules.
Reste à installer l’électrification à bord, ce qui n'est pas en soi un grand problème. Il est beaucoup plus inquiétant de savoir à quel rythme on va développer des piles efficaces et offrant un rayon d'action avec un minimum de 500 km par charge, ce que plusieurs considèrent un minimum pour que la population accepte l'électrification en masse. Mais il y a un problème, plus le rayon d'action doit être grand, plus il faut des batteries puissantes et plus ces batteries sont onéreuses. Donc, la petite voiture compacte pouvant rouler sur une distance de 500 km et vendue à un prix inférieur à 30 000 $ avant les subsides n'est pas pour demain.
Aussi, au début de l'électrification de l'automobile, plusieurs constructeurs se contentaient d'installer un moteur électrique plus ou moins sophistiqué associé à des piles relativement peu efficaces et demandant beaucoup de temps à recharger. De grands progrès ont été effectués à ce chapitre et on retrouve maintenant sous le capot de nombreuses voitures des moteurs électriques consommant moins d'énergie que précédemment. Et je suis persuadé que ce développement va se poursuivre. En effet, la peur est la mère de l'invention et la peur de voir des véhicules être interdits pour des raisons de non-électrification devrait inciter les constructeurs à activer les recherches.
Mais ces gens devront travailler très fort compte tenu de la disproportion entre la production de véhicules réguliers en 2021 et celle des modèles électrifiés. Il y a beaucoup de travail à faire.
Et il ne faut pas non plus s'imaginer que le fait de produire un véhicule à moteur électrique résout tous les problèmes. En effet, la grande totalité des usines de production automobile sur la planète est alimentée en énergie électrique par des centrales thermiques faisant appel à du mazout, du gaz naturel ou pire encore, du charbon. Le Québec et la Norvège étant des exceptions avec leurs ressources hydro-électriques.
Il faudra alimenterles usines en énergie électrique verte. Et comme plusieurs pays ont les centrales atomiques en horreur , il sera intéressant de voir si on se tourne irauniquement vers les éoliennes ou l'énergie solaire. Là encore, le défi est gargantuesque.
Les autres solutions
Plusieurs constructeurs automobiles,Toyota, Porsche et Hyundai entre autres, ont souligné que l'utilisation de carburant biologique, d'alimentation en hydrogène et pas nécessairement avec une pile à combustible et, surprise, l'électrification par panneaux solaires sont des pistes de développement. Déjà, dans l'aviation, on tente de trouver un moyen de remplacer le kérosène par un carburant renouvelable et biologique. En effet, la possibilité de transformer des gros-porteurs avec une motorisation électrique est impensable, du moins à court terme. Et en plus, l'utilisation de carburant biologique permettrait de conserver une bonne partie du parc automobile mondial sans que ces véhicules soient transformés outre mesure. Cependant, les recherches à ce chapitre ne sont pas embryonnaires, mais il y a beaucoup de progrès à faire et il faudra envisager des moyens de production qui sont dantesques.
En plus, dans certains pays, notamment ceux dont la superficie est relativement petite, on a établi des recherches afin d'électrifier une partie du réseau routier. Cette technologie s'adresserait surtout aux gros camions qui seraient munis d'une caténaire et qui pourraient se relier au système électrique, couper le moteur thermique, et continuer en modalité uniquement.
Tout cela va demander des investissements majeurs, un bouleversement du marché automobile, pour un certain temps, notamment le marché de l'automobile usagée alors que plusieurs vont vouloir conserver un véhicule à moteur thermique. Comme les modèles neufs à essence seront interdits, on va se retourner vers l'usager avec une offre plus ou moins limitée et une forte demande.
Et si tout cela ne permet pas d’atteindre les objectifs de réduction des gaz à effet de serre dans le secteur de l'automobile et du camionnage, il reste une solution de dernier recours, mais qui deviendra peut-être nécessaire, c'est le contingentement de la production automobile et des camions. Lorsque la situation devient catastrophique, il faut prendre des mesures extrêmes, comme on l'a fait pendant le second conflit mondial en Amérique du Nord par exemple alors qu'on avait cessé la production de véhicules de tourisme pour se consacrer à la production de matériel militaire. Cette fois, c'est la guerre à la pollution pour sauver la planète.