Après une longue maladie, Jacques Duval nous a quittés sans doute pour accéder au paradis des pilotes de course et des amants de l’automobile. Son décès est en fait une libération pour cet homme d’action et de principe qui a été amoindri au cours
des dernières années par les affres d’une maladie qui ne pardonne pas.
Même si plusieurs l’ont déjà souligné, c’est lui qui a initié le Québec à la passion de l’automobile. En effet, jusqu’à son arrivée, la plupart des informations obtenues étaient soit de source anglophone ou européenne. Pour la première fois de notre histoire, il y avait un communicateur articulé, excellent pilote et qui avait le don de conquérir le public que ce soit à la radio et à la télévision. Pendant des années, le nom de Jacques Duval était synonyme de passion automobile et d’impartialité.
En 1980, Jacques m’a engagé comme collaborateur pour participer à la rédaction du Guide de l’auto et d’effectuer des recherches subséquentes. J’en étais à mes premières armes en tant que chroniqueur automobile dans la revue Sport Plus qu’il avait consulté puisque nous faisions parvenir des exemplaires de cette publication à la station de radio CJMS alors qu’il
animait l’émission du retour à la maison. Détail intéressant, cette émission jouissait d’une extrême popularité et en plus Jacques informait les automobilistes des endroits où les policiers montréalais effectuaient des vérifications radar.
Une durée d’un quart de siècle, c’est une foule d’anecdotes,d’expériences dont je vais me souvenir toute ma vie. Au fil des années, pendant longtemps, nous avons connu une belle complicité même si en cours de route il y a eu certains remous.
Je me souviens du premier voyage que j’ai effectué dans le cadre du lancement des modèles 1981, c’était à la piste d’essai de Ford à Roméo au Michigan. J’étais curieux de savoir quelle serait la nature de mon voyage tant au chapitre de la conduite de Jacques que de l’ensemble de notre cohabitation. À ma grande surprise, il conduisait de façon responsable et tout au long des 1000 km qui nous séparaient de Montréal à Détroit, nous avons engagé une conversation à propos de multiples sujets, qui ne portaient pas
nécessairement sur l’automobile. J’ai découvert une personne de contact agréable, dotée d’un excellent sens de l’humour et qui m’a convaincu en passant que les vins américains avaient de belles qualités.
Bref, ce fut des plus encourageant et tout au long de ma collaboration avec lui, j’ai appris beaucoup, car c’était un homme très professionnel, très minutieux quant à la qualité du travail et surtout de la langue française. Rien ne lui échappait et si ce n’était pas à la hauteur, il me le faisant savoir.
Après la période de la rédaction des textes à la dactylo,Jacques, Marc Lachapelle et moi nous nous sommes informatisé en nous procurant un ordinateur Texas Instrument Professionnal qui nous a grandement facilité la tâche et qui a coûté plus de 6 000$ à l’époque. .
À peine quelques années après mon début de collaboration, Jacques s’est tourné vers une nouvelle carrière en devenant porte-parole d’un constructeur américain. Marc Lachapelle et moi avons continué son œuvre au meilleur de notre connaissance et de nos qualifications afin de poursuivre l’œuvre de sa vie. À son retour, il est revenu à la charge pour continuer de contribuer et de diriger le Guide.
Mais à l’époque, la rédaction de tels ouvrages était un travail éreintant puisque l’Internet n’existait pas, les photos numériques non plus et c’était tout un travail d’acquérir de l’information et encore plus les photos. Heureusement, au fil des années, la situation s’est améliorée et Jacques a su s’adapter à la nouvelle technologie qui nous a facilité les choses mêmes si la progression a été parfois périlleuse.
Enfin, les moments les plus intéressants et les plus agréables de ma collaboration avec lui ont été de participer à l’émission télévisée du Guide de l’auto alors que nous nous en sommes donnés à cœur joie aussi bien à la critique que de l’humour et de l’information. Nous avions élaboré un type d’émission unique en son genre qui a semblé plaire à la
majorité.
Si mon début du travail avec Jacques a débuté en 1980, mon dernier voyage, pas nécessairement en collaboration, s’est déroulé dans le cadre du lancement de la Corvette C7 en Californie alors que nous avons partagé la route. Après une rupture de quelques années pour de multiples raisons, ce voyage nous a permis de nous rapprocher, de nous informer de nos familles respectives et bien entendu de passer du bon temps au volant d’une voiture d’exception.
Ma rencontre avec Jacques Duval a complètement transformé ma carrière et je lui en suis reconnaissant. De plus, son exigence au chapitre du travail et son professionnalisme m’ont grandement influencé.
Adieu, Jacques, et amuse-toi bien au paradis de l’automobile où tu rencontreras d’anciens collègues, des pilotes chevronnés et les chefs d’industrie que tu as côtoyés.